Hannah est une Nisei, une fille d'immigrés japonais. Si son père l'a bercée de contes nippons, elle se sent avant tout canadienne ; alors pourquoi les autres enfants la traitent-ils de "? sale jaune ? " ?? Jack, lui, est un creekwalker, il veille sur la forêt et se réfugie dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère à la guerre. Le jour où l'ermite tombe nez à nez avec un ours blanc au coeur de la Colombie-Britannique, il croit rêver - la créature n'existe que dans les mythes anciens.
Pourtant, la jeune femme inconsciente qu'il recueille semble prouver le contraire : marquée des griffes de la bête, Hannah développe d'étranges dons à son réveil. Des années 1920 à l'après-guerre, Marie Charrel brosse le portrait d'une Amérique du Nord où la magie sylvestre s'enchevêtre à la fresque historique. Contes japonais et légendes indigènes se lient dans une fabuleuse ode à la nature et à la fraternité.
Une jeune femme raconte son voyage à Tokyo avec sa mère. Au rythme du séjour et des balades sous la pluie automnale, des dîners en tête-à-tête et des musées, le lecteur explore par petites touches ce qui lie ces deux femmes immergées dans un pays à la fois étranger et familier pour elles - en raison des origines hongkongaise de la famille. Alors que la narratrice cherche, à travers ce voyage, à recréer une intimité perdue au début de l'âge adulte, chaque discussion semble pourtant être une occasion manquée de se retrouver...
Mais cette déambulation japonaise est également une plongée dans les pensées de la narratrice, où l'on croise sa soeur devenue mère, son fiancé, une professeure qui a changé son rapport à la littérature ou encore un oncle vendeur d'oiseaux. La mémoire se perd pourtant, et les souvenirs brumeux sont autant des repentirs que la narratrice recouvre délicatement de couleurs et de vernis. Sans doute le prix à payer pour ne pas tout perdre et préserver quelque chose du passé.
Pour qu'il neige réussit à soulever avec poésie des questions profondes sur l'identité, l'immigration, la filiation, l'art et la religion, tout en les imbriquant dans le quotidien de ces personnages aux émotions désaccordées. Un roman puissant et élégant sur une relation mère-fille, sur ce fil invisible qui se tord, se noue et parfois lâche.
Traduit de l'anglais (Australie) par Claro
Los Angeles, 1981. Bret, dix-sept ans, plongé dans l'écriture de Moins que zéro, entre en terminale au lycée privé de Buckley. Avec Thom, Susan et Debbie, sa petite amie, il expérimente les rites de passage à l'âge adulte : alcool, drogue, sexe et jeux de dupes.
L'arrivée d'un nouvel élève fait voler leurs mensonges en éclats. Beau, charismatique, Robert Mallory a un secret. Et ce secret pourrait le lier au Trawler, un tueur en série qui sévit dans les parages. Terrorisé par toutes sortes d'obsessions, Bret se met à suivre Robert. Mais peut-il se fier à son imagination paranoïaque pour affronter un danger menaçant ses amis et lui-même, et peut-être la ville et le pays entier ?
Dans White, son livre précédent, Ellis écrivait : « Je grandissais au pied des collines de Sherman Oaks, mais juste au-dessous s'étendait la zone grisâtre du dysfonctionnement extrême. Je l'ai perçu à un âge très précoce et je m'en suis détourné en comprenant une chose : j'étais seul. » Les Éclats est le roman de ce détournement et de cette solitude.
Joseph Kessel - Maurice Druon : retour au pays des grands hommes.C'est encore le temps des héros, des aventuriers, des bâtisseurs. La vie ne leur fait pas peur. Ils la défient, ils la dévorent. Ils la veulent à la mesure de leurs rêves enflammés.L'un est l'oncle, l'autre le neveu. Ensemble, en 1943, ils ont signé les paroles de l'hymne de la Résistance, Le Chant des partisans.Leurs liens familiaux, d'abord tenus secrets, cimentent une relation très forte, marquée par la tendresse et la fidélité. Mais aussi par la même passion : écrire.J'ai aimé faire revivre ces deux légendes : l'étincelant Kessel du Lion et des Cavaliers, et le lionceau Druon, son presque-fils, auteur à panache des Rois maudits.Entre eux s'est glissée une femme au parcours non moins romanesque : Germaine Sablon, chanteuse et combattante, figure indissociable de leurs destins entrecroisés.D. B.
Le corps d'une jeune fille abandonné dans la neige, l'épave d'un avion échoué au fond des eaux, un homme en fuite. Autant d'images qui illuminent le nouveau roman de Cormac McCarthy. Des rues de La Nouvelle-Orléans aux plages d'Ibiza, son héros, Bobby Western, conjugue sa mélancolie à tous les temps.
Cet homme d'action est aussi un mathématicien et un physicien, deux disciplines qu'il a abandonnées après la mort de sa soeur Alicia, disparue mystérieusement dix ans plus tôt. Hanté par la culpabilité, Western trouvera-t-il enfin le repos ?
Roman noir, histoire d'une passion, Le Passager est aussi une parabole sur le déracinement de l'homme moderne.
À quatre-vingt-dix ans, Cormac McCarthy nous surprend une fois de plus par son audace. Entre une conversation sur la physique quantique, un traité de la solitude et la description d'une tempête dans le golfe du Mexique, il se joue des conventions et demeure l'un des romanciers les plus singuliers de notre époque.
Michael Mann, l'un des plus grands cinéastes contemporains, fait une entrée fracassante dans le monde du polar avec un premier roman explosif qui raconte l'avant et l'après de son film iconique Heat.
Chris Shiherlis, blessé et fiévreux, tente désespérément d'échapper au détective Vincent Hanna. Quelques heures plus tôt, Hanna a tué son complice Neil McCauley lors d'une fusillade sur la piste de l'aéroport. Il est maintenant déterminé à éliminer Chris, le dernier survivant du gang.
Des rues de Los Angeles aux quartiers de la mafia taïwanaise du Paraguay, en passant par la frontière du Mexique, Heat 2 nous propulse jusqu'aux événements du film et au-delà. Dans une guerre sans merci. Jusqu'à la mort.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Ancion et Axelle Demoulin À propos des auteurs Michael Mann est un réalisateur, scénariste et producteur quatre fois nominé aux Oscars et deux fois lauréat d'un Emmy, et l'un des plus créatifs et des plus influents cinéastes américains. Mann a écrit, réalisé et produit de nombreux longs métrages, téléfilms et séries primés et acclamés par la critique. Récompensé de nombreux prix prestigieux, Mann vit à Los Angeles.
Meg Gardiner est l'autrice de seize romans primés et acclamés par la critique. Ses thrillers sont des best-sellers aux États-Unis et à travers le monde, traduits dans plus de vingt langues. Ancienne avocate, présidente à deux reprises des Mystery Writers of America, Gardiner vit à Austin, au Texas.
« C'est le meilleur polar de l'année - de loin, de très loin. On ne le lit pas. On le dévore. » François Forestier, L'OBS « Heat 2 se savoure avant tout comme un polar urbain dans la pure tradition du genre, transcendé par le sens du récit très cinématographique de Michael Mann allié à l'écriture ô combien efficace et nerveuse de Meg Gardiner. » Ilan Ferry, LiRE Magazine Littéraire « Aussi spectaculaire, tendu et addictif qu'un bon film de Michael Mann » Samuel Douhaire, Télérama « Heat 2 est un roman brillant et captivant, aux personnages riches et réels, avec une narration forte : l'une des plus authentiques représentations de criminels et des flics qui les traquent que j'ai pu lire. » Don Winslow
Sublime roman [...] Harlem Shuffle est un page turner comme Colson Whitehead sait si bien en faire. Livres HebdoPetites arnaques, embrouilles et lutte des classes... La fresque irrésistible du Harlem des années 1960.Époux aimant, père de famille attentionné et fils d'un homme de main lié à la pègre locale, Ray Carney, vendeur de meubles et d'électroménager à New York sur la 125e Rue, « n'est pas un voyou, tout juste un peu filou ». Jusqu'à ce que son cousin lui propose de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem...Chink Montague, habile à manier le coupe-chou, Pepper, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Miami Joe, gangster tout de violet vêtu, et autres flics véreux ou pornographes pyromanes composent le paysage de ce roman féroce et drôle. Mais son personnage principal est Harlem, haut lieu de la lutte pour les droits civiques, où la mort d'un adolescent noir, abattu par un policier blanc, déclencha en 1964 des émeutes préfigurant celles qui ont eu lieu à la mort de George Floyd.Avec Harlem Shuffle, qui revendique l'héritage de Chester Himes et Donald Westlake, Colson Whitehead se réinvente une fois encore en détournant les codes du roman noir. C'est vivant, bruyant, caracolant. C'est Whitehead. L'Obs Un réjouissant tourbillon [...] Une belle leçon d'histoire et d'humanité en mode thriller. Les Echos
Quand on parle de polar norvégien, on pense immédiatement à Jo Nesbo, le petit blond qui trust le genre depuis des années du côté d'Oslo. Aslak Nore, un compatriote installé à Marseille vient pourtant lui damer le pion. Karen Lajon - Le JDD II s'appelle Aslak Nore et c'est sans doute la nouvelle grande star du polar scandinave. Olivier Mony - Sud Ouest La matriarche d'une riche dynastie norvégienne se suicide sur le domaine familial. Elle laisse derrière elle le mystère d'un testament disparu et un manuscrit, seule trace d'un drame familial : une catastrophe maritime durant la deuxième guerre mondiale dans laquelle son mari et des centaines de personnes ont perdu la vie. Sa petite-fille se lance à la recherche de ce testament. Aidée par un journaliste, ancien agent des services du renseignement qui a ses propres motivations, elle se retrouve plongée dans le passé labyrinthique de la famille. Une histoire sombre et hantée de secrets, de trahisons et d'amours vouées à l'échec.
Le cimetière de la mer est une fresque sociale, une saga familiale et un drame sur le pouvoir et l'héritage inspiré à la fois des grands récits du XIXème siècle et des séries télévisées d'aujourd'hui.
«J'ai adhéré aux luttes de ma génération. Je suis resté loyal envers ses raisons. À ceux qui demandent à quoi tout cela a servi, je réponds par une phrase du Talmud : Il ne t'est pas imposé d'achever l'oeuvre, mais tu n'es pas libre de t'y soustraire.» Préface et «Itinéraires» (repères biographiques illustrés) inédits (80 documents).
Paris, 1935Lors de la première du Rigoletto de Verdi à l'Opéra-Comique, un jeune ténor défraie la chronique en volant la vedette au rôle-titre. Le nom de ce prodige ? Elio Leone.Né en Italie à l'orée de la Première Guerre mondiale, orphelin parmi tant d'autres, rien ne le prédestinait à enflflammer un jour le Tout-Paris. Rien ? Si, sa voix. Une voix en or, comme il en existe peut-être trois ou quatre par siècle.Cette histoire serait très belle, mais un peu trop simple.L'homme a des failles.D'ailleurs, est-ce vraiment de succès qu'il rêvait ?En mettant en scène avec une générosité folle et une grande puissance romanesque d'inoubliables personnages, Alexia Stresi nous raconte que ce sont les rencontres et la manière dont on les honore qui font que nos lendemains chantent et qu'on sauve sa vie.
Deux anciens camarades d'université se croisent par hasard à l'aéroport de New York : un écrivain raté et un magnat de l'art contemporain, Jeff. Leur vol est terriblement retardé, et Jeff propose à son ancien comparse de le suivre dans son lounge première classe pour tuer le temps ensemble. Mais cette invitation est loin d'être désintéressée. Jeff se révèle aussitôt être un homme qui a besoin de parler, de vider son sac, et surtout de dévoiler un secret de jeunesse qu'il n'avait encore jamais confié. Un secret qui a changé le cours de son existence.Alors que les heures défilent, ainsi que les cocktails, se déploie une fascinante histoire d'obsession et de manipulation qui a permis à Jeff d'atteindre les sommets du monde de l'art alors que rien ne l'y destinait. Tout aurait commencé un matin d'hiver, sur une plage californienne, vingt ans plus tôt...Bouche-à-bouche est un roman haletant dont la construction ingénieuse promet de déboussoler. Entre faux-semblants et paranoïa, glamour californien et huis clos, le lecteur plonge dans un intrigant puzzle littéraire.
« Tout ce qui comptait, c'était ce petit garçon. » Henry et son fils Junior dorment dans leur pick-up et se lavent dans les toilettes des McDonald's. Avant, Henry avait pourtant un toit au-dessus de sa tête, un boulot, une vie de famille et l'espoir des jours heureux. Mais l'Amérique ne pardonne pas.
Henry a tout perdu et se bat pour son enfant. Demain, Henry a un entretien d'embauche. Il peut s'en sortir. Il doit s'en sortir.
Abondance est le roman de la nouvelle Amérique sauvage, celle des laissés-pour-compte et de l'essence trop chère, où la vie ne tient qu'à quelques dollars. Par sa prose et la finesse de son regard, Jakob Guanzon nous offre l'inoubliable et pudique chant d'amour d'un père prêt à tout pour son fils.
Abondance a été sélectionné pour le National Book Award et est traduit dans plusieurs pays.
« Qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance. » (Baudelaire) Tel serait l'esprit de cette saga lapidaire - un siècle de fureur et de sang que va traverser Valdas Bataeff en affrontant, tout jeune, les événements tragiques de son époque.
Au plus fort de la tempête, il parvient à s'arracher à la cruauté du monde : un amour clandestin dans une parenthèse enchantée, entre l'ancien calendrier de la Russie impériale et la nouvelle chronologie imposée par les « constructeurs de l'avenir radieux ».
Chef-d'oeuvre de concision, ce roman sur la trahison, le sacrifice et la rédemption nous fait revivre, à hauteur d'homme, les drames de la grande Histoire : révolutions, conflits mondiaux, déchirements de l'après-guerre. Pourtant, une trame secrète, au-delà des atroces comédies humaines, nous libère de leur emprise et rend infinie la fragile brièveté d'un amour blessé.
Au fil d'une mémoire capricieuse, Emmanuel Venet explore le capharnaüm dont nos vies sont faites - chair, paroles, histoire, culture. Avec humour, l'auteur évoque son enfance lyonnaise et son éducation à l'ombre de parents pénétrés de religion catholique et de valeurs conservatrices, son parcours spirituel, ses désillusions amoureuses, ses affinités littéraires, ou encore son expérience de psychiatre.Si les vingt-six chapitres de cet abécédaire se présentent comme des nouvelles autonomes, de A comme «auberge» à Z comme «Zweig», leur suite dessine - dans une langue splendide frayant entre récit intime, réflexion, anecdotes savoureuses et poésie - un itinéraire, et un monde intérieur fait de pièces et de morceaux, de rencontres et de surprises, de lieux communs et d'événements singuliers.
Nord-est du Canada, 1972. Dans cette région glaciale, balayée par les vents, où l'hiver dure huit mois, la petite communauté de Jasperville survit grâce au travail dans les mines d'acier. Les conditions de vie y sont difficiles. Au-delà du village, il n'y a rien. Juste une nature hostile, quelques ours, des loups. Aussi quand le corps d'une adolescente du village est découvert aux abords de la forêt, la gravité des blessures laisse supposer qu'elle a été victime d'une bête sauvage. Ce sera en tout cas la version officielle. Et tout le monde prie pour qu'elle soit vraie. Mais, quelques temps plus tard, le corps d'une autre jeune fille est retrouvé.
Montréal, 2011. Le passé que Jack Deveraux croyait avoir laissé derrière lui le frappe de plein fouet lorsqu'il reçoit un appel de Jasperville. Son jeune frère, Calvis, est en garde-à-vue pour tentative de meurtre. De retour sur les lieux de cette enfance, qu'il a tout fait pour oublier, Jack découvre qu'au fil des années, l'assassin a continué à frapper. L'aîné des Deveraux comprend alors que la seule façon de mettre fin à cette histoire tragique est de se répondre à certaines questions, parfois très personnelles. Mais beaucoup, à Jasperville, préfèrent voir durer le mensonge qu'affronter la vérité.
Dans la droite ligne de Seul le Silence, RJ Ellory nous offre un roman troublant de beauté et d'émotion à classer sans conteste parmi ses plus grandes réussites.
Une enquêtrice de l'Office anti-stupéfiants, l'élite de la lutte anti-drogue, qui a tout à prouver.Un policier des Stups borderline qui n'a plus rien à perdre.Un clan manouche qui lutte pour son honneur et sa survie.Avec la rigueur qu'on lui connaît, DOA immerge son lecteur dans le quotidien des acteurs du trafic de came; son indiscutable talent de romancier nous arrime à la destinée de ses personnages, à leurs relations complexes et fragiles; son style, d'une précision presque brutale, colle au plus près de cet univers de violence et de solitude.
Bienvenue à Bournville, charmante bourgade proche de Birmingham connue pour sa célèbre chocolaterie. C'est à l'occasion de la victoire de mai 1945 que nous y rencontrons la petite Mary Clarke, émerveillée par les festivités organisées autour de sa maison. Elle y croise alors le chemin d'un certain Geoffrey Lamb, fils d'un collègue de son père travaillant aussi dans l'usine de chocolat. Nous retrouvons Mary et Geoffrey en 1953, fiancés et fascinés par le couronnement de la reine Élisabeth II que leurs familles respectives regardent ensemble sur le premier poste de télévision de Bournville.
Treize ans plus tard, le couple a trois fils épris de football, qui s'extasient devant le match opposant les Anglais aux Allemands lors de la Coupe du monde de 1966. Nous les verrons à leur tour grandir et tracer leurs routes au fil de l'investiture du prince de Galles, du mariage de Charles et Diana, de la mort de cette dernière, de l'arrivée de Boris Johnson en politique, pour finalement retrouver Mary lors du 75? anniversaire de la Victoire, en plein confinement.
En sept parties scandant les sept temps majeurs de l'histoire de l'Angleterre moderne, Le royaume désuni mêle brillamment les destins d'un pays dysfonctionnel, d'une irrésistible famille anglaise et d'une chocolaterie. Jonathan Coe signe ici un roman de grande ampleur dans la lignée si charming et piquante de Testament à l'anglaise et du Coeur de l'Angleterre.
«De dix à quatorze ans, j'ai connu l'amour. Je ne le savais pas, j'aurais dit qu'il s'agissait d'amitié. J'ai fait le rapprochement bien plus tard, après m'être essayée à ce qu'il est convenu d'appeler amour : ce que j'avais connu à dix ans n'était pas d'une autre nature. À ceci près qu'il n'entrait dans la joie d'alors ni saisons ni brouillards, ce qui est rarement le cas entre adultes. C'est la sécurité affective dont j'ai le souvenir, la sécurité absolue nous baignant comme une mer chaude qui me fait appeler amour ce que nous avons partagé, Sybil et moi. Nous vivions là un privilège, une grâce que je ne pensais pas en ces termes mais dont toutes les fibres de mon être étaient sûres.»Puis le froid est venu. Il m'a fallu longtemps pour admettre que Sybil s'était détachée de moi, et encore des années pour comprendre que j'en savais bien peu sur elle.L. C.
Aux marches de l'Empire « à cent têtes et cent corps », sommeille une province minérale et nue où le froid, le givre, les bourrasques semblent ankyloser les habitants d'une bourgade qui ne signalait jusque-là ni notoriété historique, ni intérêt géographique, si ce n'est d'être placée à la frontière « d'un pays dont la bannière se frappait d'un croissant d'or », et dont la vitalité contraste avec l'épuisement ranci du village aux passions tristes.Un jour, le curé est découvert mort. La tête fracassée par une pierre. De quelle nature est le crime ? Qui pouvait en vouloir à ce curé d'une terre où les chrétiens et les musulmans vivaient depuis toujours en bonne entente ? Que faire, qui accuser, et qui entraver dans son action si, à partir de ce meurtre, s'ordonne toute une géométrie implacable d'actes criminels et de cruautés entre voisins ? Il y a un heureux : le Policier, Nourio, car « c'était fabuleux pour lui d'avoir une pareille affaire, dans ce lieu abandonné de toute fantaisie, de tout grain de sable, roulé dans l'ordinaire des jours ». Le voilà lancé dans d'inutiles recherches. À quoi sert de s'opposer au cours impétueux des choses ?Dans ce vieux monde de l'Empire qui s'affaisse, « dans un sommeil épais, s'enroulait dans sa léthargie comme un escargot fainéant bâille dans sa coquille », il y a tous les personnages, en chairs et en vices, qui conviennent au déroulement de la tragédie : chacun joue à merveille sa partition. Nourio, le Policier au teint olivâtre et aux pulsions incontrôlables. Baraj, l'Adjoint dont l'apparence de bête placide et musculeuse dissimule l'âme d'un enfant poète. Lémia, la fillette aux formes adolescentes dont les ombres et les pleins agacent les nerfs du Policier. Tant d'autres, et même les fantômes des temps passés, qui n'ont en commun, dans leur médiocrité âpre et satisfaite, dans le secret de leurs âmes, que d'agir en comparses du grand Effondrement de l'Empire. De suspens en rebondissements, l'intrigue haletante se double d'une grande réflexion sur nos errements contemporains, la volonté de quelques-uns de réécrire l'Histoire, la négation de certains crimes de masse et autres arrangements avec la réalité.
Les Gordon ont quitté New York pour Topeka, au Kansas, où ils travaillent dans une prestigieuse clinique psychiatrique.
Jane, une autrice féministe célèbre, est tantôt acclamée tantôt décriée ; Jonathan, lui, s'occupe principalement d'adolescents en difficulté. Leur fils, Adam, est un enfant sans histoires, devenu au lycée champion de débat, cet art de l'éloquence érigé en discipline nationale éminemment compétitive. Il rêve de devenir poète, porté par l'éducation progressiste de ses parents, mais il est aussi un garçon de son époque, populaire et athlétique, qui surjoue la virilité pour se faire accepter par la meute parfois sans pitié des lycéens.
Naviguant habilement entre les perspectives et les époques, se nourrissant de son propre parcours, Ben Lerner raconte les échecs et les succès de la famille Gordon, le spectre des abus sexuels, les trahisons entre époux, le défi d'élever un enfant dans un environnement toxique... Avec, en contrepoint, l'itinéraire du jeune Darren qui, à force d'exclusion et de brimades, prendra le chemin de la violence.
Histoire de famille et d'adolescence, histoire sociale et politique, L'École de Topeka est aussi une archéologie de notre présent : l'effondrement de la parole publique, ensevelie sous le déluge de mots des réseaux sociaux, et l'essor du discours de « l'homme blanc en colère », animé par un désir de vengeance et de pouvoir, terreaux de la droite américaine et de l'Amérique de Bush à Trump.
Ce périple, les trois jeunes gens l'ont entrepris au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs fiancées respectives. Ils l'ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps.
Il en résulte un roman d'aventure avec de l'action à l'intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. Ceci est une expérience de lecture immersive. Hormis deux ou trois passages inquiétants, le suspense y est supportable et l'oeuvre reste accessible au public poitrinaire. A noter la présence de nombreux adverbes.
L'éditeur ne saurait être tenu responsable des mauvaises idées que ce livre ne manquera pas d'instiller dans le cerveau vicié des nouvelles générations gavées d'écran et pourries à la moelle.
Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d'un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et - d'un rivage à l'autre - par le lointain Japon : ses rituels, son art de réparer (l'ancestrale technique du kintsugi), ses floraisons...
Quête initiatique qui contient aussi tout un roman d'apprentissage bâti sur le feu et la violence (l'amitié, la jeunesse, l'océan), c'est un livre de silence(s) et de rencontre(s), le livre d'une grande sagesse, douce, têtue, et bientôt, sereine.
Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d'origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu'il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ?Alors qu'en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ? Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles. Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme « Palestine », « organisation armée », « phalangistes » sont prononcés dans les JT français.Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s'engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp. Le Liban, c'est la famille désormais. Incisif, poétique et porté par un humour plein d'émotions, Beyrouth-sur-Seine est une réflexion sur la famille, l'immigration et ce qui nous reste de nos origines.
Elisabeth, brillante journaliste et jeune mère, s'adapte difficilement à sa nouvelle vie dans une petite ville après avoir vécu vingt ans à New York. Elle passe ses journées dans sa maison, seule avec son enfant, et commence à déprimer. Elle néglige son travail et perd son temps entre le groupe Facebook des mères de Brooklyn, le compte Instagram de sa soeur influenceuse et des textos avec sa meilleure amie restée à la grande ville.
Arrive Sam, l'étudiante qu'Elisabeth a engagée pour garder son bébé. La jeune femme est en plein bouleversement, préoccupée par les choix de sa vie affective et son avenir, grevé par des prêts étudiants.
Les deux femmes se lient d'amitié, chacune voyant en l'autre la possibilité d'une vie différente. Mais quand Sam se rapproche du beau-père d'Elisabeth, les divergences entre leurs vies se font plus saillantes. Sam fait-elle vraiment partie de la famille, comme Elisabeth s'évertue à le lui répéter ?