Aux marches de l'Empire « à cent têtes et cent corps », sommeille une province minérale et nue où le froid, le givre, les bourrasques semblent ankyloser les habitants d'une bourgade qui ne signalait jusque-là ni notoriété historique, ni intérêt géographique, si ce n'est d'être placée à la frontière « d'un pays dont la bannière se frappait d'un croissant d'or », et dont la vitalité contraste avec l'épuisement ranci du village aux passions tristes.Un jour, le curé est découvert mort. La tête fracassée par une pierre. De quelle nature est le crime ? Qui pouvait en vouloir à ce curé d'une terre où les chrétiens et les musulmans vivaient depuis toujours en bonne entente ? Que faire, qui accuser, et qui entraver dans son action si, à partir de ce meurtre, s'ordonne toute une géométrie implacable d'actes criminels et de cruautés entre voisins ? Il y a un heureux : le Policier, Nourio, car « c'était fabuleux pour lui d'avoir une pareille affaire, dans ce lieu abandonné de toute fantaisie, de tout grain de sable, roulé dans l'ordinaire des jours ». Le voilà lancé dans d'inutiles recherches. À quoi sert de s'opposer au cours impétueux des choses ?Dans ce vieux monde de l'Empire qui s'affaisse, « dans un sommeil épais, s'enroulait dans sa léthargie comme un escargot fainéant bâille dans sa coquille », il y a tous les personnages, en chairs et en vices, qui conviennent au déroulement de la tragédie : chacun joue à merveille sa partition. Nourio, le Policier au teint olivâtre et aux pulsions incontrôlables. Baraj, l'Adjoint dont l'apparence de bête placide et musculeuse dissimule l'âme d'un enfant poète. Lémia, la fillette aux formes adolescentes dont les ombres et les pleins agacent les nerfs du Policier. Tant d'autres, et même les fantômes des temps passés, qui n'ont en commun, dans leur médiocrité âpre et satisfaite, dans le secret de leurs âmes, que d'agir en comparses du grand Effondrement de l'Empire. De suspens en rebondissements, l'intrigue haletante se double d'une grande réflexion sur nos errements contemporains, la volonté de quelques-uns de réécrire l'Histoire, la négation de certains crimes de masse et autres arrangements avec la réalité.
«De dix à quatorze ans, j'ai connu l'amour. Je ne le savais pas, j'aurais dit qu'il s'agissait d'amitié. J'ai fait le rapprochement bien plus tard, après m'être essayée à ce qu'il est convenu d'appeler amour:ce que j'avais connu à dix ans n'était pas d'une autre nature. À ceci près qu'il n'entrait dans la joie d'alors ni saisons ni brouillards, ce qui est rarement le cas entre adultes. C'est la sécurité affective dont j'ai le souvenir, la sécurité absolue nous baignant comme une mer chaude qui me fait appeler amour ce que nous avons partagé, Sybil et moi. Nous vivions là un privilège, une grâce que je ne pensais pas en ces termes mais dont toutes les fibres de mon être étaient sûres.»Puis le froid est venu. Il m'a fallu longtemps pour admettre que Sybil s'était détachée de moi, et encore des années pour comprendre que j'en savais bien peu sur elle.L. C.
Bienvenue à Bournville, charmante bourgade proche de Birmingham connue pour sa célèbre chocolaterie. C'est à l'occasion de la victoire de mai 1945 que nous y rencontrons la petite Mary Clarke, émerveillée par les festivités organisées autour de sa maison. Elle y croise alors le chemin d'un certain Geoffrey Lamb, fils d'un collègue de son père travaillant aussi dans l'usine de chocolat. Nous retrouvons Mary et Geoffrey en 1953, fiancés et fascinés par le couronnement de la reine Élisabeth II que leurs familles respectives regardent ensemble sur le premier poste de télévision de Bournville. Treize ans plus tard, le couple a trois fils épris de football, qui s'extasient devant le match opposant les Anglais aux Allemands lors de la Coupe du monde de 1966. Nous les verrons à leur tour grandir et tracer leurs routes au fil de l'investiture du prince de Galles, du mariage de Charles et Diana, de la mort de cette dernière, de l'arrivée de Boris Johnson en politique, pour finalement retrouver Mary lors du 75? anniversaire de la Victoire, en plein confinement.En sept parties scandant les sept temps majeurs de l'histoire de l'Angleterre moderne, Le royaume désuni mêle brillamment les destins d'un pays dysfonctionnel, d'une irrésistible famille anglaise et d'une chocolaterie.Jonathan Coe signe ici un roman de grande ampleur dans la lignée si charming et piquante de Testament à l'anglaise et du Coeur de l'Angleterre.
Nous sommes en 1971, à la veille de Noël, la météo annonce une importante perturbation. Russ Hildebrandt vit avec sa femme, Marion, et leurs enfants dans une banlieue cossue de Chicago. Pour ce pasteur libéral, l'attirance qu'il ressent à l'égard d'une jolie paroissienne est un vrai cas de conscience. À ses tourments s'ajoute l'arrivée de Rick Ambrose, le jeune pasteur cool qui cherche à l'évincer à la tête de l'association de jeunes qu'il a créée.
Soudain, tout s'accélère... La guerre du Vietnam fait rage, la contestation s'étend, les enfants s'émancipent, la musique change. Sex, drugs & rock'n'roll.
Avec humour, empathie et une incroyable virtuosité, Jonathan Franzen sonde la vie intime de chacun de ses personnages, décrypte leurs désirs, fouille leur passé. Crossroads marque le retour de cet immense écrivain à son thème favori : la famille américaine. Elle est le microcosme où s'affrontent la passion et la dépression, l'amour et la haine, l'ancien et le nouveau.
Grand Prix de Littérature américaine 2022Sélection Les 100 livres de 2022- Lire magazine littéraire« Son dernier livre propulse notre bonheur de lecture à des altitudes stratosphériques. » Page des librairesUn manuscrit ancien traverse le temps, unissant le passé, le présent et l'avenir de l'humanité. Avez-vous jamais lu un livre capable de vous transporter dans d'autres mondes et à d'autres époques, si fascinant que la seule chose qui compte est de continuer à en tourner les pages ?Le roman d'Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu'à un futur lointain où l'humanité joue sa survie à bord d'un étrange vaisseau spatial en passant par l'Amérique des années 1950 à nos jours. Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de de l'écrit et de l'imaginaire. Et si seule la littérature pouvait nous sauver ?« Ce roman follement inventif grouille de vie, convoque une somme impressionnante de savoir et d'expériences, et incarne lui-même ce don de raconter des histoires qu'il célèbre. » The New York Times« La Cité des nuages et des oiseaux ne ressemble à aucun autre livre que vous avez lu. » The San Francisco Chronicle« Une merveilleuse histoire, riche de personnages singuliers et d'une langue magnifique. » The Wall Street Journal « Un livre sublime, d'une construction et d'une beauté renversantes. » Librairie Le Temps d'un livre, Pontarlier
Ma famille maternelle a quitté la Roumanie communiste en 1961. On pourrait la dire «immigrée» ou «réfugiée». Mais ce serait ignorer la vérité sur son départ d'un pays dont nul n'était censé pouvoir s'échapper. Ma mère, ma tante, mes grands-parents et mon arrière-grand-mère ont été «exportés». Tels des marchandises, ils ont été évalués, monnayés, vendus à l'étranger.Comment, en plein coeur de l'Europe, des êtres humains ont-ils pu faire l'objet d'un tel trafic? Les archives des services secrets roumains révèlent l'innommable:la situation de ceux que le régime communiste ne nommait pas et que, dans ma famille, on ne nommait plus, les juifs.Moi qui suis née en France, j'ai voulu retourner de l'autre côté du rideau de fer. Comprendre qui nous étions, reconstituer les souvenirs d'une dynastie prestigieuse, la féroce déchéance de membres influents du Parti, le rôle d'un obscur passeur, les brûlures d'un exil forcé. Combler les blancs laissés par mes grands-parents et par un pays tout entier face à son passé.
Sélection Les 100 livres de 2022- Lire magazine littéraire« Un formidable polar.» Le JDD«Un grand roman noir [...] » TéléramaL'histoire d'un type bien...qui fait un sale boulot.Billy Summers est un tueur à gages, le meilleur de sa profession, mais il n'accepte de liquider que les salauds. Aujourd'hui, Billy veut décrocher. Avant cela, seul dans sa chambre, il se prépare pour sa dernière mission...À la fois thriller, récit de guerre, road trip et déclaration d'amour à l'Amérique des petites villes, Billy Summers est l'un des romans les plus surprenants dans l'oeuvre de Stephen King, qui y a mis tout son génie et son humanité.TTT - Télérama« Une belle réussite. » Le Figaro« C'est le meilleur livre de King depuis des années. »The Guardian (UK)« Aussi doué pour les scènes d'action que pour la profondeur psychologique, King est au sommet de son art. » The Sunday Times (UK)« Voir le maître incontesté de l'horreur passer au domaine du thriller noir est la preuve que King peut encore nous surprendre et nous étonner. » Esquire
Depuis la nuit des temps, une prophétie annonce le destin de l'espèce humaine.
Elle révèle que notre avenir est lié à celui des abeilles.
Les Templiers l'ont préservée à travers les époques, mais sa trace s'est perdue.
Pour la retrouver, il faut remonter le temps, traverser les continents et affronter tous les dangers.
Êtes-vous prêt à la découvrir ?
Bernard Werber nous entraîne dans un voyage fantastique où se mêlent l'Histoire, l'ésotérisme et l'aventure, à la recherche du secret disparu.
«Dans les mots que la vieille femme déposa au creux de son oreille, Encarnación perçut le murmure d'un oracle lointain:Éloigne de toi ceux que tu aimes, car la nuit les engloutira et tu porteras leur corps...»À l'âge de quinze ans, alors que la famine sévit dans son Andalousie natale, Juan Ortega quitte sa famille pour devenir le cuisinier d'Ignacio, un célèbre torero. Dans son sillage, à Madrid, New York et Paris, Juan se laisse happer par l'effervescence des années folles. Il croise la route du poète solaire Federico Garcia Lorca et se consume d'amour pour Encarnación, danseuse de flamenco, muse de toute une génération d'artistes et amante d'Ignacio. Mais déjà la guerre gronde et apporte son cortège de tragédies.Hommage passionné à une Espagne légendaire, Les Sacrifiés est un roman d'apprentissage chatoyant qui dépeint la fabrique d'un héros et le prix de la gloire.
« Comment l'appeler ?
Je dis Anne, mais cette fausse intimité me met mal à l'aise. Je ne peux pas dire Anne, quelque chose m'en empêche, qui, au cours de la nuit, se matérialisera par l'impossibilité de rester dans sa chambre. Alors je dis Anne Frank, comme on évoque l'ancienne élève brillante d'un collège fantomatique. Deux syllabes.
Anne Frank, une histoire que « tout le monde connaît » tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Car « tout le monde connaît » ne dit pas que « tout le monde sait », mais qu'on est pressé de passer à autre chose, de le ranger au Musée, ce petit fantôme.
La Maison Anne Frank est un appartement vide. C'est l'absence de ses habitants devant laquelle les visiteurs défilent. C'est le vide qui transforme cet appartement, l'Annexe, en musée. Mais le vide n'existe pas. Il est peuplé de reflets qui témoignent de l'abîme, celui de la disparition d'Anne Frank.
Toute la nuit, j'irai d'une pièce à l'autre, comme si une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. »
Alice, une jeune romancière ayant connu un succès fulgurant, quitte Dublin pour s'installer dans un village d'Irlande. Elle fait la connaissance de Felix sur un site de rencontres. Eileen, la meilleure amie d'Alice, préfère rester dans la capitale et travaille pour un magazine littéraire. Elle renoue avec Simon, un copain d'enfance qui n'a jamais caché son attirance pour elle. Malgré la distance, Alice et Eileen se parlent presque tous les jours, ou plutôt elles s'écrivent. Des e-mails aussi drôles qu'intimes où elles laissent libre cours à leurs réflexions sur le sexe, l'amour, l'argent, l'amitié, la politique.
Mais le monde s'assombrit. L'inégalité, l'injustice, la violence ne cessent de grandir. Comment continuer à se comprendre, s'aimer et admirer la beauté qui nous entoure quand le pire semble inévitable ?
Après Normal People, Sally Rooney nous fait partager les rêves et les déceptions de ces enfants du siècle avec une franchise et une justesse remarquables.
Autrefois, Zem Sparak fut, dans sa Grèce natale, un étudiant engagé, un militant de la liberté. Mais le pays, en faillite, a fini par être vendu au plus offrant, malgré l'insurrection. Et dans le sang de la répression massive qui s'est abattue sur le peuple révolté, Zem Sparak, fidèle à la promesse de toujours faire passer la vie avant la politique, a trahi. Au prix de sa honte et d'un adieu à sa nation, il s'est engagé comme supplétif à la sécurité dans la mégalopole du futur. Désormais il y est «chien» -c'est-à-dire flic - et il opère dans la zone 3, la plus misérable, la plus polluée de cette Cité régie par GoldTex, fleuron d'un post-libéralisme hyperconnecté et coercitif. Mais au détour d'une enquête le passé va venir à sa rencontre.
Avec "Chien 51", Laurent Gaudé s'aventure dans le "futur" ; à la fois lyrique, philosophique et tragique, politique aussi, c'est toujours l'homme qu'il questionne.
Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite.
Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d'un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l'âme meurtrie, heureux d'être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l'incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d'une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu'une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, L'été où tout a fondu raconte la quête d'une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d'une romancière à l'imaginaire flamboyant.
France, milieu du XIXe siècle. Voici l'étonnante histoire d'Augustin Mouchot, fils de serrurier de Semur-en-Auxois, obscur professeur de mathématiques, devenu inventeur de l'énergie solaire grâce à la découverte d'un vieux livre dans sa bibliothèque. La machine qu'il construit et surnomme Octave séduit Napoléon III et recueille l'assentiment des autorités et de la presse. Elle est exhibée avec succès à l'Exposition universelle de Paris en 1878. Mais l'avènement de l'ère du charbon ruine ses projets que l'on juge trop coûteux. Après moult péripéties, dans un ultime élan, Mouchot tente de faire revivre le feu de sa découverte sous le soleil d'Algérie. Trahi par un collaborateur qui lui vole son brevet, il finit dans la misère, précurseur sans le savoir d'une énergie du futur.
«Là, sur la route de la mer, après le portail blanc, dissimulées derrière les haies de troènes, les tilleuls et les hortensias, se trouvaient les vacances en Bretagne. Août était le mois qui ressemblait le plus à la vie.»Après de longues années d'absence, un jeune homme retourne dans la grande maison familiale. Dans ce décor de toujours, au contact d'un petit cousin qui lui ressemble, entre les après-midi à la plage et les fêtes sur le port, il mesure avec mélancolie le temps qui a passé.Chronique d'un été en pente douce qui commence dans la belle lumière d'août pour finir dans l'obscurité, ce roman évoque avec beaucoup de délicatesse la bascule de l'enfance à l'âge adulte.
Lorsque Jean Genet rencontre Abdallah, qui sera un jour la figure centrale de son magnifique texte Le Funambule, le jeune homme a dix-huit ans à peine et vit à Paris. Genet, à quarante-quatre ans, est déjà un écrivain consacré. Il est aussitôt ébloui par le charme de cet acrobate, qui a travaillé plusieurs années au cirque Pinder. Il entreprend le projet fou de le hisser jusqu'à la gloire : son agilité, son expérience du cirque devraient lui permettre de devenir un artiste hors pair. Mais comment, après la chute, demeurer le funambule qui danse dans la lumière, le prodige que le poète a forgé de ses mains ?
Rémi David recompose cette histoire d'amour et de fascination réciproques, dans un roman plein de justesse et d'empathie.
Dès le prologue, le héros/narrateur annonce le programme : on l'a appelé Stockholm Sven, Sven le borgne, Sven le baiseur de phoques. On dit de lui qu'il a vécu seul, piégé dans le Grand Nord, qu'il est mort dans un accident, qu'il est un ermite, fou, un original qui abhorre la société. « Tout cela est vrai, et faux en même temps » prévient-il avant de se lancer dans le récit de sa vie.
Nous sommes en 1916 en Suède, et Sven, lassé d'une vie perdue dans un travail sans intérêt, décide de rejoindre le Spitzberg, un archipel de l'Arctique où la nuit règne en maîtresse quatre mois par an, où l'on doit résister aux assauts des éléments comme un coquillage s'agrippe désespérément à son rocher, où l'on peut assister à la splendeur d'une aurore boréale et être dévoré par un ours polaire dans la minute qui suit. À la suite d'un accident presque fatal, Sven se retrouve défiguré et pense immédiatement que c'est un signe du destin : son avenir, c'est la solitude, une vie d'ermite.
C'est ainsi qu'il se met en quête de ce qu'il appellera « son fjord », son silence, sa retraite. En route, il rencontrera de nombreux compagnons, des rêveurs, des marginaux, des exclus ou tout simplement des solitaires. À leurs côtés, il assistera à la naissance d'un glacier, aux jeux des renards polaires dans un jour sans fin, apprendra l'art de la trappe et de la pêche. Seul, il ira au bout de lui-même pour mieux retrouver le reste du monde.
Harry, romancier à la recherche d'un nouveau souffle, achète sur un coup de tête une ferme a l'écart d'un village perdu. C'est l'hiver. La neige et le silence recouvrent tout. Les conditions semblent idéales pour se remettre au travail. Mais Harry se sent vite épié, en proie à un malaise grandissant devant les événements étranges qui se produisent.Serait-ce lie a son énigmatique voisin, Caleb, guérisseur et sourcier? Quel secret cache les habitants du village? Quelle blessure porte la discrète Sofia qui tient l'épicerie? Quel terrible poids fait peser la mère de Caleb sur son fils ? Entre sourcier et sorcier, il n'y a qu'une infime différence.Au fil d'un récit ou se mêlent passé et présent, réalité apparente et paysages intérieurs, Franck Bouysse trame une stupéfiante histoire des fantômes qui nourrissent l'écriture et la création.
Dix ans que les deux hommes s'étaient perdus de vue et puis, d'un coup, ils se retrouvaient au détour d'une rue, face à face. Le hasard, paraît-il, fait bien les choses. S'il s'agissait de lui, il aurait mieux fait ce jour-là de se mêler de ce qui le regardait, mais il n'y était pour rien. Skender le comprendrait bientôt, ce n'est pas le hasard qui avait mis Max et Madame sur son chemin.
Il le comprendrait bientôt.
La naissance de son fils Paul scelle la rencontre de Minh Tran Huy avec l'autisme. Quelles qu'en soient les causes, qui continuent d'être débattues, et quels que soient les traitements proposés, les formes graves de l'autisme se heurtent, en France, à la rareté des structures d'accueil comme à la désinvolture des engagements électoraux. Racontée en écho au parcours de Temple Grandin, autiste devenue spécialiste de zootechnie et des sciences animales, incarnation en Amérique d'une intégration flamboyante, la vie quotidienne de/avec Paul requiert l'énergie d'un combat sans fin. Récit ? Roman ? Témoignage ? Aucun genre ne saurait définir l'histoire d'un fils qui jamais ne saura la lire.
Tout en offrant une photographie - glaçante parce que sans complaisance et sans fard - de l'état de la prise en charge de l'autisme en France (grande cause nationale depuis 2012...), Minh Tran Huy réussit un livre qui va bien au-delà du témoignage. C'est en écrivain hautement structurée que la mère en détresse échafaude son récit et trouve comment raconter Paul. Un livre dont la dignité et la détermination engagent le lecteur aux côtés de l'auteure : car c'est de l'universalité de ce combat personnel qu'elle parvient à nous rendre conscients et dépositaires.
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office.
La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes.
Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve - ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
Le colonel ne dort pas est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes.
On pense au Désert des Tartares de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus - à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux Quatre soldats de Hubert Mingarelli.
Juin 1954. Emmett Watson, dix-huit ans, rentre chez lui, dans le Nebraska, après avoir passé quinze mois dans un centre de détention pour mineurs. Il y retrouve Billy, son frère de huit ans. Leur père vient de mourir, leur mère les a abandonnés des années auparavant, et la banque s'apprête à saisir la ferme familiale. Les deux frères doivent partir, mais où aller ? Leur choix se porte sur la Californie : Billy espère y rejoindre leur mère après avoir découvert les cartes postales que celle-ci leur a envoyées tout au long de la Lincoln Highway, route mythique traversant tout le pays qu'elle a empruntée des années plus tôt pour fuir à l'autre bout des États-Unis.
Leur plan est chamboulé lorsque deux codétenus d'Emmett en cavale, le roublard Duchess et son acolyte Woolly, qui semble toujours tombé de la lune, décident de se joindre à eux. À peine le voyage entamé, Duchess et Woolly décampent dans la voiture d'Emmett, emportant le pécule laissé par son père et leurs rêves de vie nouvelle. Les deux frères se lancent alors à leur poursuite.
Tissant avec brio les grands motifs de l'Americana, Amor Towles livre un roman choral aux personnages hauts en couleur et au rythme haletant, une véritable épopée dans la tradition du road novel. Tout au long de l'imprévisible Lincoln Highway, Towles déploie son immense talent de conteur et d'écrivain virtuose pour embarquer le lecteur dans un voyage tourbillonnant.
"Elle apprenait ce qu'impliquait le fait de mener des hommes. Un meneur doit être à la hauteur ou on l'abandonne." Fuyant l'oppression russe du début du XXe siècle, trois jeunes Finlandais, Ilmari, Matti et leur soeur Aino, émigrent aux États-Unis, dans une colonie de bûcherons prèsde la Columbia River.
Abattre les arbres de la région se révèle une activité lucrative pour les patrons, d'autant qu'aucune loi ne protège les ouvriers. L'impétueuse Aino décide donc d'organiser un embryon de syndicat et lance une série de grèves violemment réprimées, tandis que ses frères tentent de bâtir leur nouvelle existence.
Au fil des ans, entre amours parfois tragiques, épreuves et rêves brisés, la fratrie va poursuivre sa quête d'une vie meilleure.
Saisissante de vérité, cette saga familiale raconte aussi bien les beautés de la forêt primaire et les ravages causés par son exploitation que les combats d'une génération entière en proie aux remous d'une Amérique qui se construit à toute vitesse.
White Forest, Mississippi. Cachée au milieu de la forêt, la carrière fascine autant qu'elle inquiète. On murmure que des esprits malveillants se dissimulent dans ses eaux profondes. Par une chaude journée d'été, Roberta et Willet bravent toutes les superstitions pour aller s'y baigner avec leur petite soeur, Pansy. En quête de baies, ils s'éloignent de la carrière. Quand ils reviennent, Pansy a disparu.
Quelques années plus tard, Roberta et Willet, qui n'ont jamais renoncé à retrouver leur soeur, suivent un indice qui les mène dans le sud de la Floride. C'est là, dans les troubles profondeurs des Everglades, qu'ils espèrent trouver la réponse à toutes leurs questions.