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Pourvu qu'on ait l'ivresse ; de l'alcool à l'extase : un voyage mondial à travers les arts et les lettres
Alain Rey, Lassaâd Métoui
- Robert Laffont
- 5 Novembre 2015
- 9782221190296
Au sens propre, l'ivresse vient d'un joyau végétal, soit la vigne, soit des céréales transformées en boisson, source de vie. Mais les symboliques se sont emparées dès l'Antiquité de cette transformation mentale, de cette métamorphose de la conscience, au-delà de la raison, de la logique, de la prison du réel. Parente de la folie, de la transgression, du rêve, l'ivresse première, celle du vin et de tous les alcools, boissons et « eaux-de-vie », suscite dès l'Antiquité de superbes symboliques. En Grèce, c'est le dieu contesté Dionysos, repris par les Romains sous le nom de Bacchus, entraînant des cortèges de ménades, de satyres, de bacchantes, mêlant exaltation et sexualité, violence « comique » (le komos grec est un cortège priapique) et plaisir.
C'est aussi la vigne, don divin, qui provoque chez l'innocent patriarche Noé un scandale associant l'impudeur à l'inconscience.
Célébration de la vie, l'ivresse est sacrée. Ses effets sont excessifs et contradictoires. L'ego ebrius est seul dans la communion affective du Banquet selon Platon. L'ivresse est associée aux artifices dangereux des paradis imaginaires. De même que le dieu-monstre Dionysos, inspirateur de toute création, est rejeté au nom d'Apollon, mais actif en nous, l'ivresse est condamnée et célébrée. Les éducateurs spartiates enseignent à leurs enfants le mépris de l'« ilote ivre » ; Rabelais exalte les « bien ivres », adorateurs de la Dive Bouteille.
Car l'ivresse, pouvoir physique de boissons divines, s'évade vers d'autres vertiges. Amoureux, mystiques, transcendants, fervents, témoignent tous d'ivresses sans nul alcool. Ils ou elles sont ivres de passion, de bonheur, de Dieu, d'humanité, mais aussi ivres de pouvoir, d'argent, de colère, de haine.
Le domaine privilégié des ivresses immatérielles est certainement celui de la création artistique et poétique, jusqu'à l'exigence du « dérèglement de tous les sens » (Rimbaud). Et existent aussi l'ivresse du savoir, de la raison, celle du mathématicien, celle de l'ingénieur.
Selon les époques et les civilisations, on perçoit des territoires majeurs de l'ivresse : Antiquité gréco-latine, Moyen Âge occidental, islam arabo-persan, Chine et Japon, avec leurs poètes, leurs artistes, leurs musiciens, leurs penseurs, leurs mystiques.
Dans l'ivresse de la découverte ou celle de la reconnaissance, on en évoquera, on en citera les plus inspirés.
Enfin, un parcours de mots, parmi les métaphores de l'ivresse, scellera l'accord avec les créations calligraphiques et plastiques de Lassaâd Metoui. En effet, le texte proposé dans cet ouvrage ne prendra sens que par ces créations visuelles et colorées, qui, outre l'évocation des grands thèmes interculturels évoqués, fera allusion aux grandes ivresses poétiques et artistiques d'Occident et d'Orient, à Matisse comme à Hiroshige, à Baudelaire comme à Hâfiz ou à ce poète du Ve siècle chinois, Tao Qian, qui intitulait « Ivresse » ou « En buvant » ces vers : / « Qu'est-ce, dans ce monde / De permanent ? / Les montagnes de vain hasard / Je les surmonte maintenant / Sans rêves illusoires / Sans l'ivresse. » Montrant ainsi que l'on ne rejoint la paix heureuse qu'en buvant pour mieux aller au-delà de l'ivresse du réel, vers le tao, sans doute.
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Le lexicographe et l'enseignant plaident pour une reconnaissance des liens entre le grec, le latin et le français, et pour la poursuite de l'enseignement du grec et du latin dans le secondaire en France.
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Alain Rey ou l'honneur du langage. Lexicographe savant et attentif au monde où il vit, amateur de chère et de vin, expert en jazz et en jeux, cet esprit vaste, subtil et gai, raconte les mots comme personne.
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Pendant la montée du nazisme et durant la guerre, Viktor Klemperer, philologue juif allemand, a étudié la contamination de la langue allemande par la propagande des nazis. Stan Neuman s'en est inspiré pour réaliser un documentaire remarquable, La Langue ne ment pas, dont la projection à Yvetot fut l'occasion d'une conférence d'Alain Rey sur les dévoiements du langage par les systèmes totalitaires.
Le lexicographe éminent, le chroniqueur aigre-doux et le linguiste averti s'y livre à une analyse sensible et fine sur les dangers de la parole adressée aux masses quand elle est dévoyée.
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Répudiant l'image conventionnelle, fade et presque hagiographique d'Émile Littré, cet « illustre inconnu » du XIXe siècle, Alain Rey s'essayait en 1970, en empathie mais avec acuité, à exposer les convictions et les contradictions de l'homme, à retracer la genèse et le progrès d'une oeuvre polymorphe. Pasteur en avait figé le portrait dans la métaphore bien-pensante du « saint laïque », mais on découvre plutôt ici, outre le lexicologue célébré, un grand traducteur, un théoricien de la médecine, un historien des langues et des cultures, un philosophe agnostique et même un poète (manqué), enfin un vigilant témoin politique : en un mot un humaniste.
Augmentée dans cette réédition [en 2008] d'une chapitre inédit sur la fortune du Dictionnaire et sur l'image de son auteur dans notre présent culturel, cette biographie intellectuelle est plus que jamais d'actualité.
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De l'ordre et de l'aventure
Alain Rey, Pierre Brunel, Philippe Desan, Jean Pruvost
- Hermann
- 24 Juillet 2014
- 9782705688981
Voici donc réunis autour d'une personne aimée, estimée, admirée, digne d'éloge, Giovanni Dotoli, les réflexions de quelques-uns et quelques-unes de ses proches en esprit et dans le coeur, qui partagent ses passions, qui envient peut-être son exceptionnelle énergie vitale et créatrice il est des envies toutes d'émulation, et non de dépit , qui souhaitent lui dire combien ils aiment se sentir près de lui, dans le monde des valeurs comme dans celui des sentiments. Bien des aspects de son « agir », réalisés en une oeuvre multiforme, sont évoqués ici. Dans le concert, la polyphonie des célébrations croisées, il en est de deux sortes : quelques-unes à propos de réussites qu'on apprécie, mais que l'on ne saurait accompagner. Dans l'étroite amitié de Giovanni avec Henri Meschonnic, à la fois les deux poètes et les deux penseurs passionnés de langage se retrouvaient. La connivence entre poésie et poursuite de ce Graal, le langage humain, est d'ailleurs inscrite dans la nature de ces deux activités. [...]. S'agissant de langage et de langues, notamment de la française, de lexique et de verbe, de dictionnaires enfin, avec leurs ouvertures littéraires et lyriques, le cousinage d'estime devient fraternité d'action, apport réciproque d'énergie, stimulation, exemple...Nous vivons tous d'exemples, puisés dans la mémoire des textes. Le grand Corneille ajoutait que « les exemples vivants sont d
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Un poète, messager du langage, Giovanni Dotoli
Alain Rey
- L'Harmattan
- L'orizzonte
- 11 Juin 2018
- 9782343149639
""Dans le courant millénaire de la poésie occidentale, où Grecs et Latin onf fait vibrer tant de cordes lyriques, dans celui, séculaire de la poésie française depuis les trouvères jusqu à Yves Bonnefoy, et de l italienne depuis Dante, Pétrarque et Boccacce, Giovanni Dotoli représente une synthèse heureuse""."
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Miroirs du monde ; une histoire de l'encyclopédisme
Alain Rey
- Fayard
- Divers Histoire
- 12 Septembre 2007
- 9782213631066
Consulter une encyclopédie, en livre ou en ligne, est un acte familier, mais la nature du texte encyclopédique demeure mystérieuse.
L'encyclopédie est un artisanat très ancien, producteur de miroirs du monde tous différents en fonction des époques et des civilisations. Depuis l'Antiquité classique et chinoise jusqu'à l'ère de l'informatique en passant par le Moyen Age chrétien, l'islam, l'Europe depuis la Renaissance, puis le monde entier, l'encyclopédisme a construit nos visions et transmis nos connaissances.
En France, Diderot et d'Alembert, après Bayle, nous ont apporté un savoir critique.
Le mot encyclopédie parle d'un cercle de l'apprentissage ; mais le cercle s'est brisé. Le XXIe siècle est celui des ruptures et de la déconstruction.
Ce livre résume et commente l'aventure des savoirs humains ainsi concentrés et transmis, leur mondialisation par la science et les problèmes qu'elle pose.
C'est en pratiquant l'artisanat du dictionnaire, après sa rencontre avec Paul Robert, qu'Alain Rey trouva un lien entre ses diverses passions : science, musique, histoire de l'art, philosophie, littérature...
Cet exercice le conduisit en outre vers la linguistique et la science du signe, autant d'outils pour revenir, mieux armé, vers ses anciennes amours.
Alain Rey a obtenu le Prix de la Biographie de l'Académie française pour son ouvrage Antoine Furetière (Fayard, 2006).