- Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t'y conduirai.
- Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con.
- Qu'est-ce qui t'intéresse alors ?
Zazie ne répond pas.
- Oui, dit Charles avec une gentillesse inattendue, qu'est-ce qui t'intéresse ?
- Le métro.
Tanka L'autobus arrive Un zazou à chapeau monte Un heurt il y a Plus tard devant Saint-Lazare Il est question d'un bouton Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes. Mise en images, portée sur la scène des cabarets, elle a connu une fortune extraordinaire.
On connaît le célèbre apologue chinois : Tchouang-tseu rêve qu'il est papillon, mais n'est-ce point le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu ? De même dans ce roman, est-ce le duc d'Auge qui rêve qu'il est Cidrolin ou Cidrolin qui rêve qu'il est le duc d'Auge ?
Y a-t-il un rapport entre l'eau de Javel et le quai du même nom ?
Combien y a-t-il d'arcs de triomphe à Paris ?
Quel agréable souvenir dentaire est attaché à la place des États-Unis ?
Entre novembre 1936 et octobre 1938, Raymond Queneau pose chaque jour aux lecteurs du quotidien L'Intransigeant trois questions sur Paris. L'Histoire s'y mêle à l'anecdote, la pratique documentaire aux dérives dans la ville, le sourire au savoir.
Sur une idée d'Emmanuël Souchier, la présente édition vous propose plus de quatre cents de ces questions assorties de leurs réponses. Pour parcourir la Ville Lumière en compagnie de l'un de ses plus éminents piétons et découvrir une oeuvre méconnue de Raymond Queneau, jamais encore publiée en volume.
Engagé volontaire pour cinq ans, Valentin Brû, au bout de ce temps, n'est encore que soldat de deuxième classe. Il se laisse alors épouser par une mercière de Bordeaux, demoiselle d'âge mûr. Vers 1936, un héritage les amène à Paris ; Valentin vend des cadres pour photographies, tandis que sa femme se met à exploiter secrètement des dons, plus ou moins authentiques, de seconde vue sous le nom de Mme Saphir. Mais Valentin n'est-il pas lui-même un peu prophète ? Il attend la guerre pour le lendemain, et la guerre finit par arriver ; elle le surprend dans des circonstances bizarres et c'est dans des circonstances non moins singulières qu'il retrouve son épouse après l'exode. C'est à propos de la peinture hollandaise et de ses scènes de «naïve gaieté et de joie spontanée» que Hegel parle de «dimanche de la vie», et il ajoute : «Des hommes doués d'une aussi bonne humeur ne peuvent être foncièrement mauvais ou vils.»
«Depuis qu'elle avait vu un homme écrasé, vers les cinq heures de l'après-midi, devant la gare du Nord, Mme Cloche était enchantée. Naturellement elle disait qu'elle n'avait jamais vu une chose plus horrible que ça ; et il devait en être ainsi, car le pauvre Potice avait été soigneusement laminé par un autobus. Par une série de hasards soigneusement préparés, elle se trouva assise, vers la même heure, en face du même endroit, à la terrasse d'un café qu'une bienheureuse coïncidence avait justement placé là. Elle commanda-t-une camomille, et patiemment, attendit que la chose se renouvelât.»
À Paris, vers 1895, quelques romanciers sont en quête de leurs personnages. En effet, il advient parfois à ceux-ci de sortir du manuscrit qui les élaborait et d'aller se promener dans le vaste monde où il leur arrive d'autres aventures. D'autres ? ou les mêmes ? Quand Icare, par exemple, s'intéresse à l'avenir des moyens de transport, aura-t-il le destin que son nom peut suggérer ? Quelle fin lui prépare son auteur ? Et de quel auteur s'agit-il ?
Le lundi de Pâques 1916, à Dublin, une insurrection nationaliste irlandaise éclate. Sept rebelles prennent possession du bureau de poste qui fait le coin de Sackville Street et d'Eden Quay, le vident de ses occupants légaux et soutiennent un siège farouche contre les loyaux soldats de Sa Majesté britannique. Mais une jeune fille, Gertie Girdle, est restée, qui va poser de nombreux problèmes aux assiégés - et notamment celui-ci : parviendront-ils à se conduire correctement avec elle, en vrais gentlemen ? Ce n'est qu'à ce prix qu'ils pourront, après leur mort, être considérés comme des héros véritables.
"Ce silence, cette nuit, ces rues étroites, tout disposait Pierrot à ne penser à rien de précis. Il regardait à droite, à gauche, comme pour accrocher quelque part ses petites curiosités, mais ne trouvait rien - tout au plus les enseignes, et qui ne valaient pas les billes de l'avenue de Chaillot. Il songea un instant à visiter le bobinard de cette sous-préfecture, mais il ne rencontrait personne pour le renseigner. Finalement il se perdit. Il traversait maintenant une petite banlieue ouvrière, avec des manufactures ici et là. Plus loin, Pierrot atteignit une route assez large, avec un double liséré d'arbres, peut-être nationale ? peut-être départementale ? Il marcha encore quelques instants.
Il entendit tout près de lui un grand cri, un cri de femme, un cri de peur."
Loin de Rueil est le roman de la «rêverie éveillée». Jacques l'Aumône, qui en est le héros, rêvasse, tout en vivant sa vie, cent vies possibles. Quelques lignes lues au hasard, une rencontre, un propos saisi au vol, suffisent à provoquer le démarrage grâce auquel il se quitte lui-même, et devient boxeur, général, évêque ou grand seigneur. Il vit à côté de sa vie avec application et constance ; et le passage du réel au rêve est si naturel chez lui que, sans doute, il ne sait plus exactement qui il est. Il deviendra, enfin, acteur à Hollywood, et point de départ lui-même d'infinies rêveries. Ce Jacques l'Aumône a - comme les personnages qui l'entourent - cette sorte de consistance à la fois obsédante et fluide qu'ont les personnages de nos rêves. La rêverie, ici, se matérialise par le détour de l'humour, un humour tantôt léger tantôt cruel, et aussi par une technique d'écriture qui se rapproche de celle du cinéma.
Les derniers jours, dont la mort constitue le thème dominant, peut se lire comme le roman de la désillusion : les étudiants y vivent presque inconsciemment les derniers jours de leur jeunesse, les vieillards les derniers jours d'une existence marquée par l'échec et, comme le remarque en philosophe averti Alfred, le garçon de café adonné à l'astrologie, seul personnage clairvoyant autour duquel gravite tout ce monde dérisoire qu'il observe à distance, le temps n'est pas loin où la planète cessera elle-même d'exister.
Oeuvre à la fois parodique et philosophique, écrite sur un ton caustique, où abondent les situations cocasses, Les derniers jours est un livre lucide et franchement hilarant.
Un chien qui engage la conversation avec un client dans un bistrot de province ? Un cheval, de surcroît troyen, qui prend un drink au comptoir d'un bar de luxe ? Rien d'étonnant à cela : dans les textes ici rassemblés, tous marqués d'une touche d'absurdité, le fantastique est comme naturel. Jeux de mots, spéculations ironiques, faux rêves, délires logiques, usage subversif de la rhétorique, tout concourt au divertissement du lecteur, à son ravissement, mais aussi, en filigrane, à cette entreprise de démystification de la littérature chère à Raymond Queneau.
Écrits farfelus Ce volume rassemble pour la première fois Lunes en papier, Écrit pour une idole à trompe et Royaume-Farfelu, trois oeuvres méconnues du jeune André Malraux, feux d'artifice carnavalesques capables de distraire même les chats et les hippocampes. «Il faut inventer le plus d'images possible pour créer un monde à notre image. Il n'y a pas de doute:ces premiers récits se construisent contre le monde réel, celui où le fils d'une épicière de Bondy et d'un père en fuite se rêve comme le héros digne des plus grandes aventures. L'artiste triomphe du destin en jouant avec le monde et avec l'art.» Jean-Yves Tadié. Les mots croisés Amateur de contraintes, amoureux des mots, Georges Perec est considéré comme l'un des plus grands cruciverbistes de la langue française. Le présent volume invite les lecteurs à affronter ses plus célèbres grilles. Autant de casse-têtes aux définitions toujours originales et souvent cocasses. Une préface de l'auteur sur l'art et la manière de croiser les mots complète ce livre. Exercices de style Le narrateur rencontre, dans un autobus, un jeune homme au cou long, coiffé d'un chapeau orné d'une tresse au lieu de ruban. Le jeune voyageur échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus. Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes, dans l'édition souhaitée par Raymond Queneau. La prolongent, de façon exceptionnelle dans le présent volume, vingt-deux exercices supplémentaires et neuf variations publicitaires inédites. L'occasion de redécouvrir une oeuvre majeure, à la fois avant-gardiste et populaire, qui renouvèle avec humour les relations entre auteur, texte et lecteur.