Filtrer
georges minois
-
Histoire et analyse de la première véritable " guerre totale ".
Jeanne d'Arc, Du Guesclin, Talbot, Étienne Marcel, Charles le Mauvais, Pierre le Cruel, le Prince Noir, Charles VII, Jean II le Bon, Crécy, Poitiers, Azincourt, la Peste noire, ces personnages, ces faits, ces événements de la guerre de Cent Ans (1337-1453) sont dans toutes les mémoires. En les replaçant dans leur contexte et en les débarrassant de leur aspect convenu, le livre de Georges Minois a le mérite de les dépasser en montrant la signification profonde de ce conflit interminable.
Première guerre européenne qui marque le passage de la chrétienté médiévale à l'Europe des nations, la guerre de Cent Ans est aussi une guerre totale qui transforme les techniques militaires (le canon se substitue peu à peu aux lances et aux flèches), les régimes politiques (l'absolutisme français ainsi que le parlementarisme français y sont en germe), les économies nationales (l'étatisme français s'affirme contre le libéralisme anglais). C'est sans doute dans le domaine des mentalités que la guerre de Cent Ans provoque des bouleversements essentiels : en opposant langue, culture, psychologies, elle forge les identités nationales des pays européens, la France et l'Angleterre surtout, désormais ennemis irréductibles.
Sous la plume alerte de l'auteur qui alterne récit circonstancié des événements et multiplicité des analyses, la guerre de Cent Ans apparaît comme une épopée à la fois sanglante et fondatrice. -
La grande synthèse par l'un des meilleurs médiévistes actuels.
Pourquoi cette nouvelle histoire du Moyen Age ? Premièrement, parce que plus nous nous éloignons de cette période, plus elle intrigue, et même fascine, car nous sentons confusément que là se trouvent les racines de nos aspirations et de nos drames actuels, des obscurantismes religieux aussi bien que des hautes spiritualités, de la violence aveugle comme de la quête de sens, de la peur du futur comme du rêve d'un retour à la nature.
Deuxièmement, parce que l'image actuelle du monde médiéval est trop souvent falsifiée : évacué des programmes scolaires, réduit en miettes anecdotiques pour les médias, transformé en légende noire ou dorée, le Moyen Âge a perdu toute cohérence dans la mémoire collective du " grand public ". Pour le comprendre - donc pour nous comprendre -, il faut restituer les faits, les noms, les dates, dans leur enchaînement logique et chronologique. C'est ce que ce livre tente de faire.
Troisièmement, parce qu'aujourd'hui plus que jamais il est nécessaire d'élargir notre vue en replaçant " notre " Moyen Âge européen dans le contexte de ses relations avec ses voisins. L'histoire médiévale occidentale est indissociable de celle du Proche-Orient, à la fois ennemi et Terre promise. C'est un drame en trois actes, plein de bruit et de fureur, de splendeurs et de misères, rythmé à la fois par les avancées propres du génie européen et par son affrontement avec l'Orient : du Ve au Xe siècle, c'est l'âge des grandes illusions, pendant lequel l'Orient byzantin puis musulman domine un Occident encore barbare ; du XIe au XIIIe siècle, l'Occident chrétien manifeste son dynamisme et atteint son âge de raison, en accord avec une foi plus éclairée, avant de connaître des fléaux apocalyptiques aux XIVe et XVe siècles, dans un âge de transition vers un monde moderne. -
Comment peut-on être Persan ? l'islam en question de la Renaissance à l'âge classique
Georges Minois
- Champ Vallon
- Epoques
- 13 Septembre 2024
- 9791026712534
A la fin du Moyen Âge, la culture européenne, façonnée par l'Église et par des siècles de croisades, voit dans l'islam une menace diabolique prête à déferler sur la chrétienté pour la punir de ses péchés. Puis s'opère en 250 ans une lente mais capitale évolution des mentalités sous l'influence de l'humanisme puis du classicisme : en raison d'une sécularisation progressive de la pensée et des progrès de l'esprit critique, l'Europe va passer de la peur apocalyptique à la curiosité inquiète, qu'exprime la question posée par les Lettres persanes en 1721. Le musulman (qu'il soit Persan, Turc ou Arabe), devient une énigme exotique dans un Orient pittoresque et sensuel, qui attire les voyageurs et les diplomates, alors que les esprits fidèles à la tradition continuent à rêver de croisade.
-
Mahomet au temps de Voltaire : Les Lumières face à l'islam, 1730-1830
Georges Minois
- Perrin
- 28 Septembre 2023
- 9782262101213
Un siècle de réconciliation culturelle entre l'islam et la chrétienté.
Mahomet, c'est Tartuffe les armes à la main , écrit Voltaire au cours de la polémique soulevée par sa tragédie Le Fanatisme ou Mahomet le prophète, en 1741. Le ton est donné.
Le XVIIIe siècle, celui des Lumières et de la Raison, est plus nuancé dans ses jugements sur le Prophète. Depuis 1730, où Boulainvilliers, dans sa Vie de Mahomed, voit en ce dernier un déiste éclairé, jusqu'en 1840, où il devient un héros romantique sous la plume de Thomas Carlyle, le débat fait rage entre les nostalgiques de la croisade et les philosophes déistes ou athées. Au fil des querelles, la figure de Mahomet évolue : le faux prophète se transforme en grand législateur, le Coran en un code de lois, et l'Empire ottoman, l'homme malade de l'Europe , en modèle d'une autre civilisation qui fascine de plus en plus le voyageur. Le siècle des Lumières, en sécularisant le débat sur l'islam, façonne l'image d'un Mahomet devenu estimable. Cette tentative de rationalisation , teintée de fascination, aboutit cependant à un échec, lorsque l'esprit de guerre sainte resurgit à partir de l'expédition d'Égypte de Bonaparte en 1798, dernière fille paradoxale des Lumières, à l'instar de son chef et de son admiration pour le Coran. Ce livre raconte la genèse de cette grande confrontation culturelle et politique, dont les conséquences façonnent encore le monde actuel. -
A l'égal d'Alexandre, de César ou de Napoléon, Charlemagne fait partie de ces géants de l'histoire qui ont laissé dans la mémoire collective une empreinte indélébile largement constituée de légendes. Pour y remédier, l'auteur, mobilisant toutes les sources disponibles, a entrepris de rendre chair et esprit au souverain carolingien dans les différents aspects de son existence et de son action.
Au-delà du portrait nuancé d'une personnalité exceptionnelle, ce sont quarante-cinq ans d'un règne aux dimensions inégalées depuis l'Empire romain qui sont ici reconstitués dans ses multiples développements. Loin de tout esprit hagiographique et écrit avec l'humour, la distance et la précision caractéristiques de Georges Minois, cet ouvrage s'adresse autant à l'historien qu'à l'amateur.
-
Le 4 septembre 2012, les archéologues découvrent, sous un parking de Leicester, au centre de l'Angleterre, les restes d'un roi mort en 1485. Sépulture insolite, à la mesure d'un souverain à la réputation sulfureuse. Il s'agit en effet de celle de Richard III. Sa brève existence - il est mort à 33 ans - se situe au crépuscule du Moyen Âge et à l'aube de la Renaissance, en ces temps troublés de la guerre des Deux Roses, opposant les familles d'York et de Lancastre, soit une époque « pleine de bruit et de fureur », de meurtres et de trahisons, où les valeurs chevaleresques médiévales cèdent la place au réalisme froid des Temps modernes. Richard incarne les déchirures de son époque : pieux, vertueux, courageux et nostalgique du passé féodal, il doit pourtant agir en prince machiavélien. C'est ainsi qu'il usurpe la couronne d'Angleterre en faisant disparaître ses neveux enfermés dans la tour de Londres et, après un règne de deux ans seulement, marqué par de multiples complots et exécutions, il périt à la bataille de Bosworth. Cela, c'est le Richard des historiens, qui reste une figure énigmatique. Mais ce destin tragique, transfiguré par le génie de Shakespeare, en a fait un roi maudit, un monstre absolu, qui disparaît en hurlant sa fureur impuissante : « Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! » Fondée sur les chroniques tendancieuses de la propagande des Tudors, cette image théâtrale s'est largement imposée aux yeux du grand public. Mais l'histoire n'est pas un tribunal et cet ouvrage se veut, sinon une réhabilitation, du moins une tentative de comprendre un roi controversé qui incarne pourtant son époque.
-
L'histoire d'une légende vivante Richard Coeur de Lion, né en 1153, fut le moins anglais des rois d'Angleterre, où il ne résida que six mois, régnant sur d'immenses territoires allant de l'Ecosse aux Pyrénées, et qu'il passa sa vie à défendre. Fils préféré de sa mère, Aliénor d'Aquitaine, il est le souverain le plus admiré et le plus redouté de son temps, incarnation des valeurs et des excès de la chevalerie médiévale. Eduqué au milieu des troubadours aquitains, il est capable de faire des vers, mais c'est à la guerre qu'il forge sa réputation. Guerre contre son père, Henri II Plantagenêt, contre son frère, Jean sans Terre, contre le roi de France, Philippe Auguste, contre les barons poitevins. Et surtout guerre sainte, contre Saladin, au cours de l'épopée de la troisième croisade (1190-1194), lors de laquelle il se révèle un stratège hors pair. Terreur des musulmans, dont il gagne le respect, il est trahi par les souverains chrétiens, qui jalousent ses exploits. Retenu prisonnier en Autriche, puis libéré contre rançon, il bat Philippe Auguste, édifie en deux ans Château-Gaillard (1196-1198), avant d'être tué au siège de Châlus, en Limousin, par un trait d'arbalète, en 1199.
Inhumé à Fontevraud, cette figure de proue du Moyen Age reste dans la mémoire collective comme l'invincible paladin, dont Walter Scott fera un héros romantique, alors qu'il l'était si peu. -
Sa victoire contre les arabo-musulmans à Poitiers, en 732, est à peu près tout ce qui reste de Charles Martel dans la mémoire collective, qui le considère avant tout comme le « marteau des Sarrasins ». L'enjeu de cette fameuse bataille connaît d'ailleurs un regain d'intérêt dans le contexte actuel, et fait l'objet de vifs débats : simple escarmouche, ou choc des civilisations qui a sauvé l'Europe de l'islamisation ? Cependant, Charles Martel ne se réduit pas à cette seule date, aussi célèbre soit-elle. Grand-père de Charlemagne, il assure la transition entre la dynastie moribonde des Mérovingiens et celle des Carolingiens. Guerrier avant tout, il est devenu, par ses nombreuses victoires, mais aussi par sa collaboration avec les missionnaires et par son entente avec le pape, le prince le plus puissant de son époque, le sauveur de l'unité du monde franc, et le rempart de la chrétienté. Maître d'un immense territoire, tout en restant simplement « maire du palais », il prépare l'accession au trône de son fils Pépin le Bref. Si Charles Martel reste pourtant mal connu, en raison du caractère lacunaire et laconique des chroniques de cette époque, de nombreux documents, privés et publics, sur la société franque permettent de lever en partie le voile sur cet étonnant personnage, et de mieux comprendre l'homme et son oeuvre.
-
L'enfer a terrorisé des générations de croyants. Même si c'est dans le christianisme que l'imaginaire infernal a été le système le plus durable et le plus organisé, il existe dans toutes les civilisations. Miroir de nos hontes, de nos remords et du mal partout répandu, ses métamorphoses sont aussi vieilles que l'humanité. Et il y a fort à parier qu'elles dureront autant qu'elle...
-
La cabale des dévôts ; société secrète et lobby intégriste sous Louis XIV
Georges Minois
- Champ Vallon
- Epoques
- 3 Mai 2018
- 9791026706977
La Cabale des dévots est l'expression qui désigne la lutte menée par la Société secrète du Saint-Sacrement, organisation clandestine de catholiques intransigeants, pour faire interdire le Tartuffe, comédie de Molière jugée blasphématoire. Obsédée par le secret, elle mène des actions charitables aussi bien que des opérations d'espionnage, de délation, de pressions diverses, qui font d'elle un véritable lobby au sens moderne du terme. L'histoire de cet épisode est replacée dans son contexte de luttes politico-religieuses, qui n'est pas sans évoquer des problèmes actuels.
Le livre retrace plus largement la tentative du parti dévot pour imposer à la société française du XVIIe siècle un ordre moral austère, en contrôlant tous les aspects de la vie publique et de la vie privée.
-
Le professeur, la femme et le moine : les destins croisés de ces trois personnages emblématiques illustrent les conflits socioculturels qui, au xiie siècle, secouent les bases de la civilisation médiévale.
Le professeur, Abélard, arrogant et séducteur avant d'être castré, est le premier véritable intellectuel à la mode. Admiré par ses étudiants, il entreprend de rationaliser la foi et d'en dissiper les mystères par la dialectique, dans le but de comprendre pour mieux croire.
La femme, Héloïse, ardente et cultivée, vouant un véritable culte spirituel et charnel à son professeur et amant, revendique le droit à un amour libéré des chaînes du mariage. Reléguée de force au couvent, elle y rumine ses rêves érotiques et son sentiment de culpabilité tout en se comportant en pieuse abbesse.
Le moine, futur saint Bernard, un ascète devenu la plus haute autorité morale et doctrinale de son époque, défend une foi rigoureuse, fondée exclusivement sur l'Écriture, hostile à toute intrusion de la raison et des passions humaines, et au nom de laquelle il fait condamner Abélard et surveiller Héloïse.
La liaison du couple est trop souvent réduite à une simple histoire d'amour, et on oublie l'intrusion du moine, dont l'ombre plane sur cette époque tandis qu'il veille à étouffer l'émergence, au sein de la religion médiévale, des exigences subversives de la raison et de la passion charnelle. Georges Minois restitue ici toute sa force dramatique à l'histoire de ce trio devenu mythique.
-
L'enfer est aussi vieux que le monde, ou plutôt que la conscience du mal. De l'épopée sumérienne de Gilgamesh à Huis-Clos, l'homme n'a cessé d'imaginer ce que peut être ce lieu infernal, en quoi consiste les souffrances qu'on y endure. Héros, poètes, moines visionnaires ont multiplié les descentes aux enfers et en ont ramené des descriptions horribles qui traduisent chacune les fantasmes de leur époque. Lieu de survie sans châtiments, lieu de punition éternelle, lieu abstrait, leur diversité constitue l'un des volets de la longue histoire de l'humanité.
La question de l'enfer dépasse de très loin le dogme chrétien puisqu'il est quasi absent de l'enseignement de Jésus. L'enfer chrétien est cependant le plus durable, le plus complet des imaginaires infernaux. C'est sous la pression populaire que l'Église fixe peu à peu sa doctrine officielle. Le Moyen Âge connaît un délire d'inventions macabres, de supplices infernaux dont Dante nous offre la vision la plus illustre. L'enfer populaire apparaît alors souvent comme la satisfaction, dans un rêve collectif, d'un désir de vengeance. Les théologiens du Grand Siècle vont rationnaliser cet enfer avec un rare raffinement. L'enfer devient une arme de dissuasion pour les prédicateurs qui voient en lui la preuve de l'existence d'une justice divine immuable. La fin du XIXe siècle marque l'apogée de l'enfer comme construction intellectuelle. Mais cet enfer, méticuleusement réglé, ne terrorise plus les fidèles depuis longtemps. L'enfer traditionnel, qui sanctionnait l'individu méchant, a disparu. L'enfer se situe désormais sur terre, prenant la couleur de la conscience moderne. -
Un roi méconnu dont l'oeuvre considérable, souvent décriée, souvent caricaturée, a masqué l'homme.
Philippe le Bel a été une énigme pour ses contemporains et l'est longtemps resté pour les historiens. Car l'homme est caché derrière l'oeuvre du règne, une oeuvre propre à enfl ammer les imaginations romantiques à la lueur crépusculaire du bûcher des templiers, des sinistres drames familiaux de ses trois fils, de la lutte sans merci contre un pape mégalomane, Boniface VIII. Roi de fer pour les uns, édifiant de façon impitoyable un Etat bureaucratique moderne sur les ruines de la monarchie féodale ; roi de chair pour les autres, dissimulant derrière son masque de sphinx et son impassibilité de statue un esprit faible et indécis, dominé par ses légistes, Flote, Nogaret, Marigny : il reste en apparence indéchiffrable.
La réputation de Philippe le Bel a été ternie par la constante comparaison avec la figure idéalisée de son grand-père Saint Louis, dont le règne a fait figure d'âge d'or. C'est que vers 1300 commence un véritable âge de fer : c'est la fin du beau Moyen Age et l'entrée dans un siècle de catastrophes, avec les premières famines, les prémices de la guerre de Cent Ans, et bientôt les épidémies.
Pour gouverner le royaume de France dans une période aussi difficile en assurant la transition de la monarchie féodale à la monarchie nationale, il fallait plus qu'un saint rêvant de croisade : il fallait une personnalité lucide et réaliste. Georges Minois raconte son histoire et découvre son portrait avec la rigueur et le talent qu'on lui connaît. -
Histoire de la vieillesse ; de l'Antiquité à la Renaissance
Georges Minois
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 28 Janvier 1987
- 9782213019307
Chaque société a les vieillards qu'elle mérite: l'histoire antique et médiévale le démontre amplement. Chaque société sécrète un modèle d'homme idéal, et c'est de ce modèle que dépend l'image de la vieillesse, sa dévaluation ou sa mise en valeur. La Grèce classique, tournée vers la beauté et la force, relègue les vieux à une place subalterne. Au Moyen Age, le vieillard joue son rôle tant qu'il peut tenir le goupillon, l'épée, la bêche ou le livre de comptes. La seule limite est l'incapacité physique. En fait, il n'y a pas de troisième âge: il y a la vie et la mort. A partir du XIVe siècle, le poids des vieux s'accroît dans la société et entraîne un regain de critique contre les vieillards. La satire des mariages entre des hommes âgés et des jeunes femmes revient à la mode, comme elle l'était à l'âge de Plaute. Quant à la Renaissance, elle renoue avec les idéaux des Gréco-Romains. Ronsard recommande de cueillir " les roses de la vie ", mais dans le même temps, les vieillards actifs n'ont jamais été aussi nombreux: l'amiral Doria, septuagénaire, lutte contre l'octogénaire Barberousse, Michel Ange atteint 89 ans et Le Titien, 99...L'ambiguïté fondamentale de l'attitude envers la vieillesse se retrouve cependant tout au long des siècles, car si le vieillard se plaint de son grand âge, il en tire gloire et cherche à prolonger ses jours. La fontaine de jouvence n'a-t-elle pas toujours été le plus fol espoir de l'homme occidental?Né en 1946, agrégé, docteur en Histoire et docteur ès Lettres, Georges Minois est spécialisé dans l'histoire des mentalités religieuses du Moyen Age et de l'Ancien Régime. Il a consacré sa thèse d'Etat à la réforme catholique en Basse-Bretagne. Il enseigne actuellement à Saint-Brieuc.
-
Histoire de la solitude et des solitaires
Georges Minois
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 6 Février 2013
- 9782213670669
La solitude est un des paradoxes majeurs de notre monde d'hyper-communication : elle fait peur - au point d'être déclarée « grande cause nationale » en France en 2011 - et fascine en même temps, comme en témoigne la recherche d'exploits solitaires, de retraites volontaires hors d'un monde surpeuplé. On la fuit et on la désire à la fois.
Cette ambivalence prend aujourd'hui une dimension nouvelle : l'opposition entre convivialité et isolement est accrue par le rôle des nouvelles technologies de communication et des réseaux sociaux. Mais ce phénomène n'est que l'aboutissement d'une longue histoire qui débute dans l'Antiquité, où les intellectuels avaient déjà posé les termes de l'alternative : l'homme « animal social » et l'amoureux des charmes bucoliques.
« Il n'est pas bon que l'homme soit seul », dit la Bible, et pourtant le judéo-christianisme exalte la vie solitaire des ermites et des moines ; à l'époque classique, les « solitaires » de Port-Royal et les « promeneurs » rousseauistes s'opposent aux « honnêtes hommes » des salons ; au XIXe siècle, les romantiques exaltent la solitude et fuient les villes ; les « solos » du XXIe siècle vantent les avantages de leur indépendance, tandis que les ravages de la solitude des plus âgés sont dénoncés comme un fléau social.
Solitude physique et psychologique, solitude subie et volontaire, refuge et malédiction : ce livre retrace in fine l'histoire des ambivalences de la condition humaine.
Agrégé et docteur en histoire, docteur ès lettres, Georges Minois a publié une trentaine d'ouvrages, notamment, aux Éditions Fayard, Histoire des enfers, Histoire du suicide, Histoire du rire et de la dérision, Histoire de l'athéisme, Histoire de l'avenir, Histoire du péché originel. -
Le rire est une vertu que Dieu a donnée aux hommes pour les consoler d'être intelligents, disait Marcel Pagnol. Une vertu qui a plus de deux mille ans, comme en témoignent les recueils d'histoires drôles dont Grecs et Romains étaient déjà friands. Mais peut-on rire de tout ? Oui, affirme Démocrite, dont le rire désabusé a des accents étonnement modernes. Oui, dit aussi Cicéron qui répertorie mille façons de faire rire. Non, proclament en revanche les pères de l'Eglise, car le rire est un phénomène diabolique, une insulte à la création divine, une manifestation d'orgueil. Leurs arguments ne sont cependant guère entendus au Moyen Age :.les rois s'entourent de fous, les hommes jouent à se moquer les uns des autres lors des charivaris, et l'humour, qui n'est encore que parodie, se glisse même dans les sermons des prédicateurs.
Avec Rabelais apparaît une autre façon de rire, un rire ambigu qui ébranle toutes les certitudes et se prolonge au-delà de la Renaissance, tour à tour picaresque, grotesque, burlesque. La monarchie absolue veut faire rentrer les rieurs dans le rang. Mais peut-on domestiquer le rire ? Déguisé en humour acide, il ronge peu à peu les fondements du pouvoir et de la société. C'est tout naturellement qu'au XIX° siècle il trouve son terrain de prédilection dans la satire politique, tandis que les philosophes dissèquent ses vertus, parfois pour les déplorer, et que Baudelaire recherche le " comique absolu ". L'ironie devient un mode de relation entre l'homme et le monde. Elle protège contre l'angoisse et l'exprime en même temps. " Je ris avec le vieux machiniste Destin ", écrit Victor Hugo qui fixe en des formules immortelles l'ambiguïté du rire. Avec les Zutistes, Fumistes et autres J'menfoutistes, le XIX° siècle s'achève sur une apothéose du rire insensé. Le monde désormais va tout tourner en dérision, ses dieux comme ses démons.
Georges Minois, professeur d'histoire et historien des mentalités religieuses, est l'auteur de nombreuses synthèses sur le culture occidentale. Il est en particulier l'auteur de "l'Histoire de l'athéisme". -
La fin du rêve bourguignon. Ascension et chute du dernier grand féodal.
Charles le Téméraire est une des figures les plus fascinantes du Moyen Age, mais son image brille d'un éclat crépusculaire. Cet homme intelligent, cultivé, organisateur hors pair, débordant d'énergie et d'une capacité de travail étonnante ? un chroniqueur le surnomme " Charles le Travaillant " ?, est en même temps un personnage inquiétant.
Duc de Bourgogne, il règne sur une étonnante collection de territoires allant de la Hollande au sud du Jura, dont il rêve de faire un royaume indépendant entre la France et le Saint Empire. Redouté par tous les souverains, il est l'homme qui a fait trembler Louis XI à Péronne, qui a défié l'empereur et placé Edouard IV sur le trône d'Angleterre. Mais son ambition démesurée lui fait perdre le sens des réalités. De son propre aveu, il préfère être craint que méprisé. Il règne par la peur et est capable des pires atrocités, comme la destruction de Liège. Obstiné, trop sûr de lui, le Téméraire méprise ses adversaires et subit deux terribles défaites contre les Suisses avant de périr misérablement dans la neige, à moitié dévoré par les loups, devant Nancy, en 1477. Destin tragique et fin sinistre d'un prince austère, mélancolique et impitoyable, son épitaphe pourrait être : " Charles le Téméraire, celui qui, à force de tout vouloir, a tout perdu. " -
La dynastie des Stuarts, 1603-1714, marque les débuts de l'Angleterre moderne : mise en place d'une monarchie constitutionnelle, triomphe du capitalisme lié à l'essor colonial, affirmation d'une pensée rationnelle et d'un esprit de tolérance. Cet ouvrage retrace à la fois l'histoire et l'évolution de cette dynastie.
-
Un roi qui eut six femmes et qui en fit décapiter deux: le cas est unique dans les monarchies occidentales. Mais le fait dépasse ici de loin l'anecdote, car les affaires matrimoniales du " Barbe-Bleue d'Hampton Court " sont à la source des réformes religieuses et politiques sur lesquelles vit encore l'Angleterre actuelle. " C'est un vieux renard " disait de lui l'ambassadeur du roi de France; " Seigneur Henri veut être Dieu et fait tout ce qui lui plaît ", renchérissait Luther. Ces jugements lapidaires cernent bien le personnage. Henri VIII fut un despote dans un pays qui n'accepta jamais l'absolutisme; il fut un pape pour des sujets qui rejetèrent toujours l'autorité de Rome.Dans une Angleterre en pleine mutation, qui sort de la guerre des Deux-Roses, Henri sut utiliser à ses fins le Parlement. En s'appuyant sur les représentants des classes moyennes, il jeta les bases d'une réforme religieuse, la réforme " henricienne ", dont sa fille Elisabeth allait faire l'anglicanisme. A l'extérieur, il mena une subtile politique de balance entre Charles Quint et François Ier, ses émules en matière de duplicité. Magnifiquement secondé par Wolsey puis Thomas Cromwell, il fut un prince de la Renaissance, véritable " père de la Royal Navy ", et le fondateur d'une bureaucratie efficace.L'homme qu'Holbein immortalisa était redoutable. Dans tous les domaines éclatait sa passion de dominer. L'exécution était pour lui une méthode de gouvernement. Sous son règne, la Tour de Londres vit sauter bien des têtes. Celles de Thomas More et d'Anne Boleyn ne sont que les plus illustres.Henri VIII, auteur d'un traité de théologie, jouteur impénitent, fondateur d'une religion, amateur de guerres et de fêtes, confiscateur des biens des monastères, est beaucoup plus que le roi aux six femmes.Georges Minois, agrégé d'histoire, docteur en histoire et docteur ès-lettres, est membre du GRECO n° 2 du CNRS et professeur à Saint-Brieuc. Il est l'auteur d'ouvrages d'histoire sociale et religieuse, dont l'Histoire de la vieillesse et le Confesseur du roi (Fayard).
-
La nouvelle histoire de la Bretagne
Georges Minois
- Fayard
- Divers Histoire
- 19 Novembre 1992
- 9782213030173
L'identité bretonne existe-t-elle encore en cette fin de XXe siècle? La Bretagne a-t-elle un avenir dans l'Europe unie qu'elle souhaite? La réponse à ces questions se trouve en grande partie dans le passé. Un passé que ce livre interroge à la lumière des préoccupations actuelles et des recherches les plus récentes. C'est pourquoi cette histoire de la Bretagne se dit " nouvelle ".Nouvelle par les perspectives. Loin d'être le cul-de-sac et le conservatoire d'archaïsmes trop souvent présentés, la Bretagne a été, depuis les temps préhistoriques, un lieu de passage, un carrefour, une porte de l'Europe. Largement ouverte sur la mer comme sur le continent, elle a subi des influences variées, accueilli des populations diverses qui ont fait la richesse de sa culture et préparé l'esprit européen.Nouvelle par les matériaux utilisés _ études universitaires et travaux érudits _ dont beaucoup restent manuscrits ou d'accès difficile. La vision de l'histoire bretonne en sort modifiée. Le vieux fonds celtique, sans cesse renouvelé et dynamisé par les influences extérieures, a façonné une population alliant conservatisme et audace.Devant la vague déferlante de l'uniformisation, il peut être salutaire de relire, hors des idéalisations et des rêves collectifs, ce que fut la dure réalité d'une histoire mouvementée.Georges Minois est professeur agrégé d'histoire à Saint-Brienc. Docteur d'Etat et membre de l'Institut culturel de Bretagne, il est spécialiste de l'histoire des mentalités, à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages. Il travaille aussi depuis plus de vingt ans sur l'histoire de la Bretagne, sujet de ses deux thèses, de plusieurs livres et d'une cinquantaine d'articles.
-
Histoire du suicide ; la société occidentale face à la mort volontaire
Georges Minois
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 7 Novembre 1995
- 9782213595726
La mort volontaire a presque toujours été l'objet de la réprobation sociale. Le Moyen Age l'assimilait au plus abominable des crimes, la considérant comme une insulte à Dieu, et réservait une macabre exécution à ceux qui se suicidaient.Au fil des siècles, la question de la liberté de chacun sur sa propre vie a pourtant resurgi chaque fois que les valeurs traditionnelles étaient remises en cause: de Montaigne à Bacon, les humanistes vivent une première révolution culturelle et s'interrogent prudemment sur l'interdit chrétien. La célèbre interrogation d'Hamlet (1600) traduit le malaise lié à la naissance de la modernité. Sous l'effet des crises de la conscience européenne, le débat s'amplifie et la question est bientôt posée publiquement. " Ce n'est pas aux gens aimables de se tuer ", affirme Voltaire, tandis que se multiplient les traités qui tentent de comprendre les causes du suicide.La Révolution dépénalise le suicide mais sans l'approuver: le citoyen doit conserver sa vie pour la patrie. Le XIXe et le XXe siècle ne se montreront guère plus ouverts, et le silence de l'Etat et l'Eglise contribueront à faire du " meurtre de soi-même " l'un des derniers sujets tabous de notre époque.Georges Minois, agrégé et docteur en histoire, docteur d'Etat, est membre du Centre international de recherches et d'études transdisciplinaires (CIRET). Historien des mentalités religieuses, il a publié de nombreuses études dans ce domaine.
-
-
Les origines du mal ; une histoire du péché originel
Georges Minois
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 18 Septembre 2002
- 9782213611495
Quel est le responsable des malheurs qui accablent l'humanité ? Après bien des hésitations, les premiers pères de l'Eglise sont allés chercher l'explication dans le vieux mythe biblique d'Adam et Eve. Les évêques du concile de Trente en ont fait un dogme, affirmant que la faute du premier homme a corrompu la nature humaine. Dès lors, la doctrine du péché originel a façonné la morale chrétienne et, plus largement, l'image de l'homme. Théologiens et moralistes y ont trouvé argument pour condamner la sexualité, mais aussi pour affirmer la supériorité de l'homme sur la femme et le caractère inéluctable de la souffrance, ou pour justifier l'injustice de l'ordre social. Le mythe de la faute primordiale a succombé au rationalisme des Lumières, mais il resurgit régulièrement sous d'autres formes. Depuis deux siècles, les sciences humaines s'efforcent de relativiser le bien et le mal. Toutefois l'homme se libère difficilement du sentiment de sa faute, et s'il ne se sent plus responsable de la faute commise par Adam, il commence à culpabiliser pour le futur. La biogénétique est-elle le nouvel arbre de la connaissance du bien et du mal ? C'est en mangeant la pomme qu'Adam s'est affirmé en tant qu'homme, c'est-à-dire en tant qu'être indépendant et libre. Croyant ou non, tout être humain passe sa vie à se heurter à ses limites. En ce sens, le mythe d'Adam gardera probablement longtemps sa valeur. Georges Minois, professeur d'histoire, est l'auteur de nombreux ouvrages de synthèse sur la culture occidentale. On lui doit en particulier une Histoire de l'athéisme (Fayard, 1998) et une Histoire du rire et de la dérision (Fayard, 2000).
-
L'Eglise et la science ; histoire d'un malentendu Tome 1 ; de Galilée à Jean-Paul II
Georges Minois
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 23 Janvier 1991
- 9782213025629
La science moderne est née dans le premier tiers du XVIIe siècle. Galilée, qui en fut le principal initiateur, revendiquait l'autonomie de la science pour déchiffrer le livre de la nature. Sa condamnation, en 1633, par le tribunal du Saint-Office, est donc le point de départ du grand malentendu entre l'Eglise et la science. Le fantôme de Galilée va hanter la conscience catholique pendant trois siècles et demi: ce n'est qu'en 1982 que Jean-Paul II exprime les regrets de l'Eglise à propos de l' " affaire ".Trois siècles et demi pendant lesquels l'Eglise perd peu à peu tout contrôle sur l'évolution des sciences car elle refuse de s'adapter aux nouvelles théories. Après avoir censuré les mouvements de la Terre, elle condamne la physique mécaniste de Descartes, l'atomisme, le darwinisme, les premiers résultats de la géologie et de la préhistoire qui contredisent la chronologie biblique et le déluge universel. La condamnation du modernisme, en 1907, marque l'apogée de l'immobilisme de l'Eglise.Au début du XXe siècle, le dialogue reprend timidement. Pie XII affirme sa sympathie pour les savants. Mais des obstacles subsistent, surtout à propos de l'origine de l'homme. Les vieilles méthodes n'ont pas disparu, comme l'illustre l'affaire Teilhard de Chardin.Aujourd'hui les progrès de la génétique et de la procréation artificielle renouvellent le débat. La mécanique quantique et le modèle inflatoire du big bang rapprochent les points de vue religieux et scientifiques. La visite de Jean-Paul II au CERN montre que les conditions d'une reprise du dialogue semblent réunies. Sommes-nous à la veille d'une deuxième grande synthèse? L'histoire nous enseigne ici la prudence.Georges Minois, agrégé d'histoire, docteur en histoire et docteur ès lettres, est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire sociale et religieuse, dont, chez Fayard, l'Histoire de la vieillesse et Le Confesseur du roi, ainsi que d'un Henri VIII.