philippe jaccottet
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La Clarté Notre-Dame / Le dernier livre de Madrigaux
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 22 Mai 2025
- 9782073114228
La Clarté Notre-Dame, écrit dans cette prose si sensible et déliée qui est la marque de Philippe Jaccottet est véritablement comme un testament poétique, un regard ému sur la fugacité des choses et un salut bouleversant à la clarté subsistante, celle qui autorise encore et toujours d'accorder un prix inégalable à la vie. Le dernier livre de Madrigaux est lui, en quelques poèmes en vers libres d'une rare musicalité, comme un hommage rétrospectif aux oeuvres du passé qui ont accompagné Jaccottet, un salut ultime à la poésie.
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Au sein de ces deux textes en prose, composés dans les années 1970, Philippe Jaccottet inscrit, comme rarement, son écriture dans le mouvement géographique. Il voyage, traverse Collioure et ses alentours, évoque un séjour aux Pays-Bas, passe par un village «inconnu», Beauregard. Pourtant, l'arpenteur de Grignan, fidèle à sa poétique, s'attache là encore aux motifs ténus qui fondent son oeuvre. Des cormorans aperçus un matin de vent au «pré de mai»... Ailleurs, il reste ce «chercheur d'herbe» ouvert - par-delà les lieux - aux fuyantes épiphanies du sensible. «Certes, je me refuse à faire du voyage une espèce de pèlerinage ; jugeant que les choses ne vous sont pas données quand on les cherche, plutôt quand on s'en détourne. C'est toucher au véritable rôle que j'assigne au voyage : aider à se détourner de soi, à oublier, à se distraire, empêcher qu'on se fige dans une attitude "poétique", briser le rythme d'une vie avant qu'elle ne se réduise à l'attente de quelque révélation.»
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L'Homme sans qualités n'est pas seulement l'une des oeuvres majeures du XXe siècle. Elle en condense de manière incomparable les interrogations et les potentialités, les contradictions et les craintes. Elle nous offre l'extraordinaire tableau d'un monde qui allait être précipité dans la catastrophe, et dont Vienne fut le laboratoire.
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À la lumière d'hiver ; pensées sous les nuages
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 15 Février 1994
- 9782070328222
«Autrefois,moi l'effrayé, l'ignorant, vivant à peine,me couvrant d'images les yeux,j'ai prétendu guider mourants et morts.Moi, poète abrité,épargné, souffrant à peine,aller tracer des routes jusque-là !À présent, lampe soufflée,main plus errante, qui tremble,je recommence lentement dans l'air.»
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Paysages avec figures absentes
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 6 Janvier 1998
- 9782070404278
Ce livre de Jaccottet peut servir d'introduction à son oeuvre poétique et littéraire. Cet ensemble de textes sur la campagne contient aussi de très belles méditations sur le travail du poète, sur sa condition d'homme démuni et incertain, privé de tout recours à une foi ou à une idéologie rassurantes. La perception et le sentiment de la nature sont d'une extrême délicatesse et d'une rare ferveur. À travers la description, Jaccottet fait le point sur sa vie de poète, sur sa conception de la poésie.
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«À l'approche de ces poèmes s'éveille une confiance. Notre regard, passant d'un mot à l'autre, voit se déployer une parole loyale, qui habite le sens, comme la voix juste habite la mélodie. Nulle feinte, nul apprêt, nul masque. Nous pouvons accueillir sans ruse interposée, cette parole qui s'offre à nous sans détour. Un émerveillement, une gratitude nous saisit : la diction poétique, le discours poétique (mais délivré de tout artifice oratoire) sont donc possibles, toujours possibles ! C'est ce dont, à considérer la plupart des productions du jour, il semblait qu'il fallût désespérer, pour ne plus rencontrer que le souvenir brisé de ce que fut la Poésie...».
Jean Starobinski.
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Les dépliants le disent : le voyage en Terre Sainte est un rendez-vous avec l'Histoire. Ils précisent rarement que le mot renvoie ici autant au journal de vingt heures qu'aux temps bibliques. Dans cet enchevêtrement des époques, des traditions et des cultes, Philippe Jaccottet a décelé des signes. L'inquiétude naturelle du poète, autant que la complexité réelle du sujet, ne lui permettent pas de les lire clairement, d'en faire de très précises «impressions de voyage» et moins encore un recueil d'opinions. Le lecteur s'en réjouira, à qui l'on offre bien souvent de cette région une vision caricaturale ou partisane, et qui trouvera dans les pages de ce cahier bleu, la matière d'une rêverie puissante.
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Philippe Jaccottet a lui-même choisi les oeuvres rassemblées dans ce volume, y recueillant tout ce qu'on pourrait qualifier d'écriture «de création» et laissant de côté son travail de critique et de traducteur, ainsi que certains textes de circonstance liés à des voyages ou à des hommages ; il a veillé à ce que ses livres apparaissent selon la chronologie de leur publication initiale, qui était jusqu'alors parfois masquée par des regroupements éditoriaux ultérieurs.
Recueils de poèmes et livres de prose alternent d'abord, bientôt ponctués à intervalles plus ou moins réguliers par les notes de carnets qu'égrènent les différentes livraisons de La Semaison. Retrouvant leur titre unique, celles-ci sont ici restaurées dans toute la cohérence de leur projet et complétées par les Observations, 1951-1956, longtemps inédites et qui sont comme l'amorce de ces semences littéraires rassemblant choses vues, choses lues et choses rêvées.
L'évolution des poèmes est frappante : des sonnets rimés de L'Effraie (1953) aux pièces brèves et épurées d'Airs (1967) se fait sentir l'influence des révélations majeures que furent les paysages de Grignan et les haïku japonais. Par les chants plus tourmentés des livres de deuil qui se succèdent ensuite, de Leçons (1969) à Pensées sous les nuages (1983), le poète tente de maintenir le flux des mots malgré la mort qui semble faire vaciller jusqu'au langage. À partir de Cahier de verdure (1990), proses poétiques et vers se mêlent au sein d'un même recueil. Une forme éminemment personnelle s'invente, se concentrant sur les éclats de joie épars dont il s'agit de restituer la lumière.
Comment embrasser à la fois le clair et le sombre, le grave et le léger, le tout et le rien? L'oeuvre de Jaccottet s'impose par l'exigence de sa quête, la pureté rayonnante et sans affectation de son chant - «L'effacement soit ma façon de resplendir», écrivait-il dès L'Ignorant (1957). Sans céder jamais à l'épanchement, se refusant autant au nihilisme qu'à l'exaltation - à «l'écoeurant brouillard d'un certain lyrisme» -, elle trouve certes dans la beauté subtile et poignante de la nature - lumière d'hiver, vergers en fleurs - une réponse vitale à la violence du monde et au désenchantement. Mais cette beauté n'a rien d'un refuge éthéré ; elle est comme une lame qui permet de creuser dans l'opaque. Cette poésie, nourrie d'ombre, s'écrit avec le vide et contre lui.
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Cahier de verdure ; après beaucoup d'années
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 10 Avril 2003
- 9782070428618
Les deux recueils rassemblés ici se tiennent sur un versant apaisé de l'oeuvre de Philippe Jaccottet, et témoignent d'une prise de distance avec les peurs, les douleurs, les alarmes passées. Non que la destinée humaine ait changé de trajectoire et se soit magiquement affranchie de sa finitude, mais des passages, des éclaircies sont ici entrevus qui tentent de déjouer les pièges du temps.Depuis le dessin général des paysages jusqu'à la floraison ascensionnelle de la rose trémière (que le poète nomme la «passe-rose»), la nature se donne pour la médiatrice privilégiée, celle qui, fragmentée, diversifiée, voire chaotique, suggère pourtant l'unité de la création. Et cette unité perceptible en chaque détail s'incarne dans l'écriture de Philippe Jaccottet qui joue ainsi de différentes formes d'expression (poèmes, proses poétiques, notes de carnet) pour, usant de la diversité comme un peintre des couleurs, composer un tableau qui estomperait son cadre et concilierait visible et invisible.Avec une économie de moyens qui lui est propre, Philippe Jaccottet dit l'essentiel:«que la poésie peut infléchir, fléchir un instant, le fer du sort. Le reste, à laisser aux loquaces».
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La promenade sous les arbres
Philippe Jaccottet
- Le Bruit du temps
- Poésie En Poche
- 18 Novembre 2022
- 9782358731836
La Promenade est le tout premier livre en prose de Philippe Jaccottet. Commencé à l'automne 1952, repris et complété peu après le mariage de Jaccottet et son établissement à Grignan, il marque dans l'oeuvre un premier mouvement de retour sur une expérience poétique encore à ses débuts, treize ans avant la parution de Paysage avec figures absentes. C'est par La Promenade que Jaccottet inaugure la forme de prose méditative à laquelle on l'associera, découlant tout entière de sa pratique de la note, cette prose toujours à la recherche de la plus grande exactitude (le poète se demande sans cesse si ce qu'il vit, fait ou décide «sonne juste») oscille entre le recueil d'observations, le discours solennel et la confession. Le livre est à la fois nocturne et matutinal, «le plus lumineux et le plus perméable de tous les arts poétiques du XXe siècle » selon Peter Handke. L'admirable, c'est que la description d'une expérience menée à l'intérieur des mots nous parle en réalité de notre propre vie. Comme le remarque son préfacier, «on y perçoit presque à tout moment la présence d'une discrète jubilation, l'eurêka modeste du poète qui découvre la cohérence de sa propre manière.»
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Bûcheron d'une trentaine d'années, Guglielmo vient de perdre sa jeune épouse, mère de ses deux petites filles. Après avoir confié ses enfants à sa soeur, il achète à bon prix le droit de faire une coupe dans la forêt d'une lointaine vallée de montagne. Lui et l'équipe qu'il a recrutée ont devant eux plusieurs mois de labeur, qui les tiendront éloignés de leur foyer durant l'automne et l'hiver.
Pendant ces saisons que lui et ses hommes passeront isolés du reste du monde, Guglielmo va peu à peu découvrir, avec une gravité muette, l'étendue du courage et de la résignation qui lui seront nécessaires pour faire face au deuil qu'il doit porter.
Superbement traduit par Philippe Jaccottet, La Coupe de bois est sans doute l'un des textes les plus marquants de Carlo Cassola (1917-1987).
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L'encre serait de l'ombre
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 24 Novembre 2011
- 9782070441457
Comment par le leurre de l'écriture lever le voile qui couvre le monde et le temps ? Philippe Jaccottet se veut un promeneur attentif, disponible, capable d'émerveillement aussi bien que d'effroi, et qui transmet son approche lucide, sombre ou éblouie, de la lumière en chacune de ses métamoprhoses. Il ne témoigne pas du spectacle de la nature, mais de la nature du mystère. Il participe plus qu'il n'assiste aux éblouissements fugaces qui sont autant de révélations simples sous un ciel déserté par les dieux. Il est celui qui approche au plus près du point où la vision et la vie paraissent aptes à se fondre. Comme s'il accédait, par grâce singulière et fragmentée, à une sorte d'entre-monde où la pensée est action, le sentiment intelligence, la beauté oxygène et poésie la trame secrète des jours.
L'oeuvre de Philippe Jaccottet fait escorte, parfois sombrement, quelques fois sereinement, à la part incertaine et sublime qui, par éclairs, par effractions, apparaît, déchire, force ou découvre le passage. « Je pense quelquefois que si j'écris encore, c'est, ou ce devrait être avant tout pour rassembler les fragments, plus ou moins lumineux et probants, d'une joie dont on serait tenté de croire qu'elle a explosé un jour, il y a longtemps, comme une étoile intérieure, et répandu sa poussière en nous. »
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« Rilke savait mieux que personne qu'avoir écrit les Élégies et les Sonnets, avoir réussi à célébrer l'espace angélique tel qu'il l'avait pressenti très jeune et entrevu en certains moments décisifs de sa vie, ce n'était pas être devenu soi-même l'ange ou Orphée. /.../ Mais sans doute avait-il désiré le grand poème comme Colomb l'Amérique, comme l'amant l'aimée. » Dans cet ouvrage, Philippe Jaccottet s'emploie à retrouver un regard plus libre sur le poète et son oeuvre. Il s'écarte, dans la mesure du possible, de la légende et s'appuie sur ces mots de Robert Musil : « Rainer Maria Rilke était mal adapté à ce temps. Ce grand poète lyrique n'a rien fait que porter pour la première fois à sa perfection la poésie allemande... » Une monographie de référence, signée par un poète français parmi les plus importants, traducteur de l'oeuvre de Rilke.
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Une transaction secrète ; lectures de poésie
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 20 Juillet 2015
- 9782070466573
Virginia Woolf écrit dans Orlando : «Écrire de la poésie, n'est-ce pas une transaction secrète, une voix répondant à une autre voix?» C'est comprendre la poésie comme une attention à ce qui semble une parole dite par le monde, et la recherche de la traduction la plus juste de cette parole, plus ou moins forte et plus ou moins cachée.
Dans ce recueil de textes critiques dont le plus ancien remonte à 1954, le plus récent datant de 1986, il y a une écoute, non plus de cette parole du monde, mais de la voix poétique elle-même, telle qu'elle a tenté cette traduction chez Scève ou Gongora, Hölderlin ou Novalis, Ungaretti ou Rilke, chez des prosateurs tels que Senancour, Paulhan ou Dhôtel, ou chez des poètes contemporains, de Ponge à Bonnefoy.
De bout en bout, cette écoute est celle d'un poète pour qui écrire de la poésie, en lire ou en faire lire, ne saurait être qu'ouvrir un dialogue aussi vrai que possible dans un monde comme aéré par lui.
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« Devant le ciel de ma vie je me tiens Ignorant, m'étonnant. » Poèmes épars regroupe des poèmes de Rainer Maria Rilke, choisis et traduits par un autre grand poète et un immense traducteur, Philippe Jaccottet. Dans ses poèmes, Rilke évoque l'imperceptible et l'insaisissable, l'amour, la mort et les Dieux. Il nous apprend comment être résolument humain, à l'écoute de l'invisible, dans le souci de la vibration la plus secrète de notre nature. Né à Prague en 1875, Rainer Maria Rilke est l'un des plus grands poètes et écrivains de langue allemande du XXe siècle. Il est notamment l'auteur des Élégies de Duino et des Cahiers de Malte Laurids Brigge, disponibles en Points. Atteint d'une leucémie, il meurt en 1926.
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Dans ce recueil d'une trentaine de poèmes, Philippe Jaccottet livre une version moderne des grands textes qui l'ont inspiré. Nous traversons le royaume des ombres sur les traces d'Orphée, d'Ulysse, célébrons les travaux et les saisons, prenons part à des fêtes chargées de mystère. On perçoit en filigrane des références aux traductions de l'auteur (Homère, Ungaretti, Dante) qui viennent flouter le cadre temporel pour donner toute sa nuance de madrigal au recueil, comme un écho à Claudio Monteverdi.Les Madrigaux apparaissent dans l'oeuvre du poète comme le point d'orgue de son art : sa virtuosité dans l'usage du vers libre, son extrême musicalité, le fil continu du jeu de l'ombre et de la lumière.
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Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points :
- Mouvement littéraire : La poésie française contemporaine - Genre et registre : Aux frontières de la prose et de la poésie : le vers libre - L'écrivain à sa table de travail : L'écriture comme réparation - Groupement de textes : « Ce qui demeure » - Chronologie : Philippe Jaccottet et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de lycée.
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L'entretien des muses ; chroniques de poésie
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 20 Juillet 2015
- 9782070466580
«Ce livre, dont le titre est emprunté à une pièce de clavecin de Rameau, est un recueil de chroniques de poésie publiées en revue ou en journal entre 1955 et 1966. Quelques études et notes inédites les complètent. Elles concernent des oeuvres de poètes français ou suisses-français parues entre 1910 et 1966 (de Claudel à Pierre Oster).
Ce livre ne prétend en aucune façon dresser un panorama de ce demi-siècle de poésie. Le fait même de la chronique a voulu que le hasard de l'actualité joue un rôle dans le choix ; le plus souvent, des raisons toutes subjectives en ont décidé.
Jamais un livre de poèmes n'aura été pour moi objet de connaissance pure : plutôt une porte ouverte, ou entrouverte, quelquefois trop vite refermée sur plus de réalité. Tout simplement, je n'ai commencé d'écrire des chroniques que pour avoir été attiré, éclairé, nourri, par certaines oeuvres ; pour m'être attristé ou indigné de les voir méconnues ; pour avoir espéré leur gagner quelques lecteurs. Aussi s'agissait-il moins, pour moi, de bâtir une oeuvre critique à leur propos, que d'essayer d'ouvrir un chemin dans leur direction ; en souhaitant que ce chemin, une fois l'oeuvre atteinte, fût oublié. [...]» Philippe Jaccottet.
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éléments d'un songe
Philippe Jaccottet
- Florides helvètes
- Poche Suisse
- 10 Novembre 2022
- 9782940733507
Les Éléments d'un songe se présentent comme une suite de variations dont le thème initial est emprunté à L'Homme sans qualités de Robert Musil. À la suite de cet écrivain, grand rêveur en quête d'états parfaits à même de faire oublier la laideur de la vie et l'horreur de la mort, mystique sans Dieu, passionné de la nature, Jaccottet - qui l'a traduit - cherche à son tour les solutions qui permettent de vivre, suivant un élan poétique et philosophique tout à la fois.
L'itinéraire que l'auteur parcourt frappe par la noblesse de ses vues et par l'honnêteté foncière de sa démarche, dont l'extrême exigence dépasse le pessimisme pour exprimer une ambition trop haute peut-être, mais qui ne désespère pas de s'accomplir. -
De l'évocation pittoresque à l'épreuve métaphysique, des gravures de Michel Strogoff au Cri dostoïevskien, Philippe Jaccottet nous entraîne en ces pages vers une Russie tout intérieure. Il y convoque les plus grandes voix de la littérature et de la pensée occidentale (Dante, Cervantès, Nietzsche, Rimbaud, Dostoïevski, Chalamov), auxquelles les XIXe et XXe siècles russes ont tant apporté. Cet itinéraire sombre, rugissant, dans une géographie de mots et d'images, est plus évocateur que tous les carnets de voyage ; et il y a plus de Russie dans la note d'espoir insensée qui conclut ce texte que dans toutes les visions d'apocalypse que l'on nous sert si volontiers...
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Entretien avec Reynald André Chalard.
« Écrire ! À quoi bon une oeuvre, disait Marcel Arland, si elle ne peut se confondre avec l'amour, et si le chant qu'elle ébauche, tandis que je vais sur ma fin, ne peut monter d'un coeur plus nu ? ».
Ces quelques mots illustrent admirablement le talent de Philippe Jaccottet, l'exigence, la rigueur et l'honnêteté de toute une vie consacrée à la poésie et à la traduction des plus grands.
Au cours de cet entretien entre un jeune homme et un poète, il nous est permis d'entrevoir les cheminements mêmes de l'expérience poétique, la fragile beauté du paysage, les choses et leurs secrets, l'apparente tranquillité des mots, l'inquiétude souveraine et la résistance du monde.
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À travers ces notes, Philippe Jaccottet peint avec sa propre palette des réflexions d'une grande délicatesse qui touchent à la fugacité de la vie, les lueurs d'espoir ou d'effroi qui la traversent. Promeneur attentif, il saisit la lumière à travers l'ombre, le tintement d'une cloche à travers le silence, faisant la part belle aux paysages et aux sons. L'auteur ne se départit jamais d'une grande douceur pour évoquer ses pensées, tantôt paisibles, tantôt douloureuses, comme un murmure.
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Voici réunis en un seul volume les deux recueils de nouvelles publiés, le premier, " noces ", en 1911, et le second, " trois femmes ", en 1924.
" trois femmes " font trois nouvelles portant chacune le nom d'une héroïne, énigmatique pour l'homme qui l'aime. " noces " comprend deux récits ayant pour personnages l'un véronique, l'autre claudine. l'amour, la jalousie, le doute, l'union impossible, la solitude, tous les thèmes musiliens sont condensés dans ces cinq textes qui ont pour motif commun les désordres amoureux, le monde trouble et fascinant qui se cache derrière la stabilité apparente.
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«Nous ne sommes pas très nombreux à savoir que les romans de Dhôtel sont l'honneur de notre temps» disait Jean Paulhan. Peut-être est-ce cette modestie essentielle (aux ressources in?nies), ce merveilleux très quotidien ou encore le goût pour les choses de la terre qui auront rapproché Philippe Jaccottet d'André Dhôtel. Les deux voix, au prisme d'une correspondance de trente années et neuf textes critiques rassemblés ici, s'accordent autour d'une beauté juste, sans éclat.