Dès sa sortie en 1988, Le Tombeau des lucioles d'Isao Takahata a captivé le public avec son drame sans concession, et il est aujourd'hui considéré comme un des plus grands films d'animation de tous les temps.
Pourtant, le sombre chef-d'oeuvre des studios Ghibli reste peu analysé en dehors du Japon, alors même que sa signification est farouchement contestée - Takahata lui-même a déploré que peu de Japonais aient saisi son message. Dans la première véritable étude du film en Europe, Alex Dudok de Wit (réalisateur de LA Tortue Rouge) explore ses thèmes, ses dispositifs visuels et son utilisation révolutionnaire de l'animation, ainsi que le contexte politique dans lequel il a été réalisé. S'appuyant sur des récits non traduits de l'équipe du film, il décrit également sa production mouvementée, qui a failli conduire Takahata et son studio au désastre.
Stan Lee, le Grand Manitou de la Marvel, et John Buscema, dynamique et talentueux dessinateur de séries telles que Silver Surfer, Conan le Barbare, Thor ou Spider-Man, ont travaillé sur ce guide de la bande dessinée : une véritable mine d'informations pour créer vos propres bandes dessinées de super héros. En s'appuyant sur des dessins extraits des comics Marvel, Buscema illustre par l'image le processus jusqu'alors mystérieux de la bande dessinée. La prose énergique de Stan Lee apporte assistance et conseil à l'apprenti dessinateur. Débordant de magnifiques illustrations de Buscema et de la louable parole de Lee, Comment dessiner des comics - La méthode Marvel a sa place dans la bibliothèque de tout gamin qui a toujours rêvé d'illustrer sa propre bande dessinée.
Le chef-d'oeuvre culte de Guillermo del Toro, Le Labyrinthe de Pan (2006), a remporté un total de 76 prix à travers le monde et est l'un des plus gros succès du cinéma en langue espagnole.
Plongeant dans le monde cauchemardesque que del Toro a si minutieusement orchestré, Mar Diestro-Dópido explore les contextes culturels et historiques entourant le film. Examinant l'utilisation révolutionnaire de la mythologie par del Toro et la façon dont le film aborde les idées de mémoire et d'oubli, elle met en évidence les techniques, les thèmes et les références culturelles qui se combinent dans Le Labyrinthe de Pan pour engendrer une pluralité incontrôlable de significations, qui ne se multiplient qu'au contact du téléspectateur.
Soixante-dix ans après sa sortie, Chantons sous la pluie (1951) reste l'un des films les plus appréciés jamais réalisés. Pourtant, malgré un succès fulgurant auprès du public, il n'a jamais reçu sa juste part d'analyse critique. Le génie de Gene Kelly en tant qu'interprète est indéniable. Sa contribution innovante en tant que réalisateur est moins souvent reconnue. L'étude éclairante de Peter Wollen rend justice à ce film complexe. Dans sa préface à cette édition spéciale, publiée pour célébrer le 20e anniversaire de la collection BFI : Les Classiques du Cinéma, Geoff Andrew revient sur l'héritage du film et célèbre la passion, la lucidité et l'originalité de l'analyse de Wollen.
Fin 1997, une adolescente en fuite et son robot jouet jaune voyagent vers l'ouest à travers des États-Unis étranges, où les ruines de gigantesques drones de combat jonchent la campagne avec les déchets mis au rebut d'une société de consommation de haute technologie en déclin. Alors que leur voiture approche du bord du continent, le monde à l'extérieur de la fenêtre semble s'effilocher à un rythme de plus en plus rapide, comme si quelque part au-delà de l'horizon, le noyau creux de la civilisation s'était finalement effondré.
The Loop est fermée. La vie revient à la normale lorsque la campagne pastorale est soudainement inondée par les eaux sombres de l'immense installation souterraine abandonnée. Des rumeurs se sont répandues dans les salles de classe et les cours d'école, des histoires sur l'inondation et sur la façon dont elle a apporté quelque chose avec elle. Une chose est claire : le passé n'est pas prêt d'être oublié.
Dans ce nouvel ouvrage, Stålenhag continue les histoires de Tales From The Loop, souvenirs d'une enfance nordique imprégnée de machines et de créatures étranges d'autres dimensions. Dans Things From The Flood, il déplace son attention des années 80 aux années 90, la décennie de grands changements lorsque le monde extérieur est vraiment venu en Scandinavie.
Que votre média favori soit numérique, traditionnel ou un mélange des deux, Feefal, basé à Stockholm, l'aura utilisé pour explorer son monde unique fait de personnages anthropomorphisés, d'animaux évoluant dans des décors oniriques ou de filles terriblement cools imprégnées de magie. Son style effrayant et mignon a été une constante tout au long de sa carrière, rassemblant plus d'un million d'abonnés Instagram qui non seulement adorent son art, mais sont toujours désireux de connaître les histoires et l'inspiration qui se cachent derrière.
En 1945, le gouvernement suédois ordonna la construction du plus grand accélérateur de particules au monde. Le complexe fut achevé en 1969 dans les profondeurs de la région pastorale de Mälaroarna. La population locale baptisa cette merveille technologique le Loop. Voici les récits étranges qui y sont associés. Les tableaux de Simon Stalenhag représentant une banlieue suédoise des années 1980 peuplée de machines fantastiques et de monstres étranges se sont répandus sur Internet comme une traînée de poudre.
L'analyse éclairée d'Andrew Osmond permet de comprendre comment Miyazaki a réalisé Le Voyage de Chihiro avec une liberté créative inimaginable dans le cinéma populaire, mettant à profit des visions délicieuses et délirantes pour se pencher sur des problèmes qui s'étendent de l'autonomie et de la responsabilité personnelle à l'état lamentable du Japon tel que le perçoit le réalisateur. Osmond décortique le langage visuel du film, que nombre de spectateurs occidentaux (et quelques Japonais) ont trouvé splendide mais déroutant. Il relie Le Voyage de Chihiro au reste de l'oeuvre de Miyazaki, expliquant comment le film tire profit de la forme du dessin animé pour créer un monde attachant et immersif.
Succès au Japon comme en Occident, Akira a eu un immense impact sur le développement de la popularité à l'international du manga et de l'animation japonaise. Analysant de près le film et ses thèmes clés, Colin O'Dell et Michelle Le Blanc évaluent son importance historique, son impact sur la perception occidentale de l'animation japonaise et son influence sur le cinéma de science-fiction.
Dans cet essai innovant et nuancé, Scott Bukatman détaille les coulisses de Blade Runner et sa longue ascension vers le succès depuis sa sortie en 1982. Il replace le film dans les différents débats du postmodernisme qui ont nourri une grande partie des discussions à son sujet et nous explique comment les tensions abordées trouvent leur origine dans l'espace aussi castrateur que libérateur de la ville moderne du XXe siècle.
La collection BFI : Les Classiques du cinéma regroupe des ouvrages finement écrits et joliment illustrés, qui introduisent, interprètent et célèbrent les films marquants du cinéma mondial. Chaque volume offre un argument pour le statut de «classique» du film, ainsi que le récit de sa production et de sa réception, sa place au sein d'un genre ou d'un cinéma national, un compte-rendu de son importance technique et esthétique et, dans de nombreux cas, la réponse personnelle de l'auteur par rapport à son film.
Retour vers le Futur fut le film le plus lucratif de l'année 1985 et le huitième film le plus lucratif des années 1980. Co-scénarisé par Spielberg et réalisé par son protégé, Robert Zemeckis, le film fut nominé pour un Oscar et reçu de nombreux prix.
L'étude d'Andrew Shail et Robin Soate replace ce film devenu culte dans le contexte de l'Amérique reaganienne et le contexte cinématographique de « Nouveau Nouvel Hollywood », ainsi que dans la carrière cinématographique de Robert Zemeckis.
Sueurs froides (Vertigo - 1958) est souvent considéré non seulement comme un des meilleurs films de Hitchcock, mais aussi comme un des plus grands chefs-d'oeuvre du cinéma mondial. Réalisé à l'époque où l'ancien système des studios s'effondrait, il incarne les plaisirs visuels prodigieusement séduisants que pouvait offrir « le film hollywoodien classique » tout en dévoilant, grâce à un coup de théâtre recherché, leurs dangereuses zones d'ombre. L'obsession romantique est au coeur du film : Scottie, interprété par James Stewart, poursuit Madeleine/Judy (Kim Novak) jusqu'à sa mort dans un monastère isolé de Californie. Novak y est glaciale, mais vulnérable, Stewart - qui joue là le rôle le plus sombre de sa carrière - avenant en surface, mais abîmé à l'intérieur...
Bien qu'on puisse y voir le film le plus personnel de Hitchcock, Charles Barr affirme que, tout comme Citizen Kane, Sueurs froides consacre en même temps le triomphe non pas du film d'auteur, mais de la création collaborative. Il souligne le rôle crucial qu'ont joué les scénaristes Alec Coppel et Samuel Taylor et, en associant analyse textuelle et contextuelle, examine les raisons pour lesquelles Sueurs froides suscite aujourd'hui encore une telle fascination.
Dans son avant-propos pour cette édition spéciale, publiée dans le cadre du 20e anniversaire de la série BFI Film Classics, Barr jette un regard neuf sur Sueurs froides. Il procède à la lumière du film muet « perdu » et récemment redécouvert de Hitchcock, The White Shadow (1924) - dont le scénario écrit par le réalisateur exploite lui aussi le thème du double - ainsi que du film muet contemporain à succès The Artist (2011), qui rend explicitement hommage à Sueurs froides dans sa bande originale.
Sorti en 1988, The Big Lebowski d'Ethan et Joel Coen est devenu un film culte et un classique après avoir stupéfié le public. C'est un véritable réservoir à citations, et il a inspiré toute une série de « Lebowski Fests » ainsi que suffisamment d'analyses et d'hommages qui vont du ridicule au déroutant pour remplir une bibliothèque. Cet ouvrage, dont il s'agit de la deuxième édition, comptait parmi les premiers à prendre au sérieux (mais pas trop) les charmes insolites du film, ses prouesses trompeuses et son caractère étonnamment poignant.
J. M. Tyree et Ben Walters se penchent sur la meilleure performance de la carrière de Jeff Bridges dans le rôle du « Dude », détective marginal embarqué dans une affaire d'enlèvement incroyablement alambiquée. Ils analysent également l'approche impertinente et déconcertante du film vis-à-vis de l'histoire de Hollywood (et en particulier du Grand Sommeil), du décor de Los Angeles et de la masculinité héroïque. Mais surtout, ils défendent son humour hilarant et son attachement désarmant aux choses les plus simples et les plus humaines : l'amitié, le rire et le bowling.
Dans leur préface à cette édition, les auteurs réfléchissent à la valeur croissante de la philosophie de Lebowski concernant l'anticonformisme bienveillant et l'amitié malgré les différences. Cette nouvelle édition comprend en outre une interview exclusive des frères Coen, révélant l'origine du nom Jeffrey Lebowski.
Les Sept Samouraïs (1954) nous montre une société à la veille d'une irrévocable transformation. Le célèbre film d'Akira Kurosawa, que beaucoup considèrent comme l'un des chef-d'oeuvres du cinéma japonais, est une saga qui évoque le bouleversement culturel consécutif à l'effondrement du militarisme japonais au seizième siècle, faisant également écho aux métamorphoses culturelles provoquées par l'occupation américaine.
Les Sept Samouraïs est peut-être le meilleur des films d'action, chef-d'oeuvre technique inégalé dans sa représentation du mouvement et de la violence. Mais derrière le bruit et la fureur, on perçoit le chant du cygne d'une noblesse déchue, «?l'hymne funèbre de l'âme du Japon, qui ne connaîtra plus jamais la même force?» selon Joan Mellen.
Mellen replace Les Sept Samouraïs dans son contexte, dans le cinéma japonais et dans la carrière de Kurosawa. Elle remonte jusqu'à l'histoire médiévale pour découvrir les racines du film, et, surtout, elle examine le langage visuel extraordinaire qu'utilise le réalisateur pour créer sa saga élégiaque.
L'analyse éclairante de Will Brooker s'attaque à bon nombre de ces idées préconçues. L'auteur propose une étude détaillée de Star Wars en tant qu'objet filmique, examinant minutieusement les plans, le montage, le design sonore, la réalisation et le jeu des acteurs. Replaçant le film dans le contexte des oeuvres précédentes de George Lucas, depuis ses films d'étudiant jusqu'à ses longs métrages des années 1970, Brooker estime que Star Wars n'est pas, contrairement à ce que Lucas a pu lui-même affirmer, une rupture radicale par rapport à ses films précédents, mais plutôt une continuation de ses expérimentations visuelles et sonores. L'auteur révèle les désirs contradictoires d'un auteur attiré à la fois par l'ordre et le contrôle absolu, symbolisés par l'Empire, et par l'énergie brute et l'improvisation créative des Rebelles. Ce qui ne semblait être qu'un simple conte de fées devient bien plus complexe lorsque l'on s'aperçoit que le réalisateur soutient les deux camps...
Sorti en 1975, Les Dents de la Mer exerce un pouvoir extraordinaire sur le public. Apparemment simpliste et manipulateur, c'est un film qui a divisé les critiques en deux grands camps : ceux qui le rejettent comme infantile et sensationnel, et ceux qui considèrent le requin comme portant une signification politique et psychosexuelle complexe. Antonia Quirke, dans une réponse impressionniste, soutient que les deux interprétations occultent le succès du film comme une oeuvre d'art. Dans Les Dents de la Mer la capacité de Spielberg à mélanger les genres et à sa compétence technique précoce pour créer un véritable chef-d'oeuvre sont sous-estimés par beaucoup, y compris par son réalisateur. En effet, affirme Quirke, il s'agit peut-être là du meilleur travail de Spielberg.
Une exploration révisionniste et éclairante de ce classique novateur, voire révolutionnaire
Réalisé avec un petit budget, ce premier Terminator est l'un des films les plus influents des années 80. Ce texte de Sean French replace le film dans le contexte des films d'exploitation et soutient qu'il est fascinant parce que traitant des plaisirs les plus sombres et plus viscéraux des cinéphiles.
Fusion légendaire de la science-fiction et de l'horreur, Alien (1979) est l'un des mythes les plus durables du cinéma moderne : ses célèbres scènes viscérales faisant office de blessures traumatiques que nous semblons condamnés à revisiter.
Pistant la constellation de talents rassemblés pour produire le film, Roger Luckhurst retrace ses origines depuis ce scénario de film de monstre intitulé Star Beast, rejeté par la plupart des gens d'Hollywood comme une série B de bas étage, jusqu'à sa postérité incarnée dans de nombreuses suites, préquelles et itérations.
Explorant la manière dont Alien nous pousse à réfléchir à l'altérité, Luckhurst démontre comment et pourquoi ce slasher intersidéral, cette histoire de maison hantée dans l'espace, est parvenue à se nicher autour de notre imaginaire le plus sombre sur la fragilité de l'humanité.
L'ouvrage de Kermode revient sur le cas présumé réel de possession démoniaque qui avait servit de base au best-seller dont s'inspire le film, ainsi que sur la suppression et la récupération de scènes clés qui ont maintenant été réintégrées dans le film pour créer The Exorcist : la version que vous n'avez jamais vue. Il propose également des interviews avec le réalisateur William Friedkin et l'écrivain / producteur William Peter Blatty qui révèlent les batailles dans les coulisses qui ont eu lieu pendant la production. En outre, des images exclusives révèlent la vérité sur les légendaires «images subliminales» qui se cacheraient sur le celluloïd.
L'ouvrage d'Eaton nous guide dans l'histoire de la production de Chinatown. L'auteur y résume également son intrigue complexe et propose des interprétations intriguantes. Eaton s'intéresse particulièrement à la symbolique du titre du film, qu'il considère comme ayant de multiples significations : c'est un état d'esprit, une image du monde, voire une métaphore du cinéma lui-même. Rompant avec la tradition critique, il attribue à Evans, le producteur, et non Polanski, Towne ou Nicholson, la force créatrice majeure derrière le film. Rompant avec la tradition interprétative, Eaton montre de la sympathie à l'égard de Jake Gittes, le héros du film, le décrivant comme un homme piégé dans un complot policier monté à ses dépends, un monde où « il vaut mieux ne pas agir, et mieux encore, ne pas savoir » la vérité.
Quand les distributeurs américains de Brazil (1985) ont vu le montage européen du film de Terry Gilliam, ils se sont extasiés de sa maestria visuelle, mais ont exigé de nombreuses coupes. La guérilla menée par Gilliam pour préserver l'intégrité de son film fut couronnée de succès et rentra dans la légende d'Hollywood. Brazil est désormais reconnu comme l'un des plus grands films de science-fiction de ces trente dernières années et comme le film clé de la carrière légendaire de Gilliam.
Paul McAuley retrace le cours de la production et l'accueil critique, analyse l'imagerie rétrofuturiste et les scènes originales du film tout en démêlant sa toile narrative complexe faite d'accidents, de coïncidences et d'allusions. Explorant des thèmes comme le coût de la collusion avec le pouvoir et la puissance et l'usage du fantastique, ce motif récurrent de la filmographie de Gilliam, McAuley étudie la relation que le film entretient avec le courant dystopique qui dominait le genre de la science-fiction dans les années 70 et 80. Il montre comment sa satire du consumérisme imbécile et d'une autorité de l'état sans contrôle s'avère tout aussi pertinente de nos jours.