Croît de la pollution, raréfaction des ressources, dérèglements météorologiques, réchauffement climatique - Le désordre écologique est en route, lourd de menaces pour la survie des espèces, dont la nôtre.
Bien des créateurs, conscients de l'urgence d'une réplique « verte », s'engagent et instituent de nouvelles normes d'expression, d'essence écologique. Pour changer les mentalités, pour réparer, pour refonder l'alliance avec la Terre, jusqu'à nouvel ordre notre unique zone d'habitat possible. Car l'anthropocène est là, cette ère de la vie de notre planète où les effets de l'activité humaine affectent celle-ci, en surface et dans l'atmosphère, plus que l'action tellurique. Ce qu'il faut, c'est agir, s'investir, susciter une symbolique du combat et de l'éthique.
Adaptées aux exigences du développement durable, les oeuvres plasticiennes éprises d'écologie adoptent des formes inusitées : travail dans et avec la nature, développement de laboratoires, pratique du recyclage et des interventions éphémères, création collaborative et poétique de la responsabilité...
L'annonce d'un âge nouveau de l'art.
La tour occupe dans l'imaginaire et la symbolique une place de choix. Sculpture-tour monumentale de Philippe Pasqua, Monolithe est d'abord un magistral objet physique. Impressionnante par son gabarit herculéen, Monolithe s'apparente aux plus grandes sculptures léguées à ce jour par l'histoire de l'art. Monolithe est érigée par Philippe Pasqua en septembreâ?¯2022. Deux années d'études techniques ont été nécessaires à sa conception, à partir d'un gribouillage sur une feuille blanche. Elle a nécessité une année de fabrication et un chantier d'une dizaine de jours pour sa construction. Elle s'élève au cÅ?ur du domaine viticole de la Chouette du Chai, au pied du Pic Saint-Loup, non loin de Montpellier.
10000 ans d'histoire mondiale de chaussures ! Des marques, des enseignes, des créateurs, inventeurs, artistes, célébrités... et des représentations de la chaussure par des artistes contemporains. 700 illustrations et photos, des milliers d'entrées, quinze ans de travail qui nous racontent l'histoire et la mode. Cela faisait plus d'un siècle qu'un tel ouvrage n'avait pas été réalisé en France.
L'architecture et l'urbanisme contemporains sont à l'image des fractures qu'engendre le néolibéralisme, système économique inégalitaire aux ambitions mondialistes qu'imposent à l'échelle planétaire les années 1980 puis le tournant du 21e siècle. Une débauche de bâtiments somptuaires, partout, sort de terre, battant des records de luxe, de hauteur et d'affichage publicitaire.
L'architecture de misère, celle des pauvres, des déplacés économiques et climatiques, au même moment, prolifère. Sur le plan humain, la tension se fait extrême entre, d'un côté, métropoles engagées dans le renouveau et le branding et, de l'autre, masses de population mal logées, rejetées par l'étalement urbain en périphérie des villes ou condamnées au bidonville et à la tente de survie. Maximalisme d'un bord, celui des vainqueurs du système. Précarité de l'autre bord. Contrebuter l'indignité, rétablir plus d'équilibre est à l'ordre du jour. Pour les partisans du « nouveau monde », l'architecture du futur sera éthique et écologique ou ne mérite pas d'être.
Ce livre n'est ni d'un ouvrage de philosophie, ni de sociologie.
Nous nous intéressons ici à nos manières d'habiter le monde. La plate-forme est « une surface plate » : combien cette définition est précise et vaste. La multiplicité des configurations, des usages fait de ce mot aussi un symptôme de la poursuite permanente, peut-être in-sensée, de la diversification, du renouvellement, de la multiplication des objets qui nous entourent et des organisations qui règlent nos vies sur le plan économique, politique, culturel, quotidien, intime même.
En plongeant dans ce monde appareillé de plateformes, sommes-nous pourtant si éloignés que cela de modalités archaïques de l'établissement humain ? Les techno-sciences nous détachentelles des schèmes techniques antérieurs tels qu'ils structuraient nos modalités d'action il y a encore peu ou bien n'en sont-elles que le prolongement ? S'agirait-il d'une illusion de nouveauté qui ne profite qu'à une stratégie de consommation dévorante avec, parmi tout cela, des usages plus vertueux, plus « intelligents » au sens vrai du terme ?
Ce premier ouvrage de la collection, invitation aux futurs auteurs, présente les dessins de Francis Goidts (Belgique, 1952-2014), artiste et éditeur, alors âgé de 10 ans, rassemblés par son frère Bruno Goidts : « Témoin halluciné d'une ambiance familiale qui le dépassait, porteur d'un relatif regard innocent. Un virtuose de l'étalage de thèmes explicites sur le mystère de l'assemblage d'un couple parental. Un but me préoccupait, sauvegarder cette créativité réalisée en dehors de tout académisme, surgie d'un désordre psychologique stimulant. Il s'agit d'entendre le grondement esthétique d'un météore. »
Catalogue de L'exposition « Fake news : art, fiction, mensonge » à la Fondation EDF pour l'art contemporain, cet ouvrage propose une analyse du phénomène par Laurent Bigot, et présente les oeuvres d'artistes contemporains internationaux qui ont oeuvré sur le sujet.
En 2017, « fake news » a été élu « mot de l'année » par le Collins Dictionary. Son usage venait d'augmenter plus de 300%...
En 2019, l'expression « deepfake » a bien failli l'emporter à son tour ! Ces maux sont symptomatiques de bien des difficultés à s'informer à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux : la fausse information non dénuée de volonté de nuire d'un côté ; le trucage minutieux de vidéos de l'autre...
Aujourd'hui, de très nombreuses infox virales sèment le trouble dans l'esprit du public. Des scientifiques ont-ils créé le coronavirus ? Hilary Clinton est-elle mêlée à un trafic d'enfants basé dans une pizzeria de Washington ?
Les vaccins transmettent-ils l'autisme ? Le public peine à se défaire de ces idées fabriquées de toutes pièces. Leurs forces : elles simplifient à outrance la compréhension du monde ; elles confortent les croyances, instincts primaires et idées reçues.
Les artistes ne sont-ils pas les mieux placés pour nous initier aux enjeux très contemporains de ces fake news ? Ils peuvent nous familiariser avec le processus de fabrication de ces infox. Ces artistes qui, dans leurs peintures, sculptures, photos et vidéos savent recourir aux techniques de fabrication les plus créatives nous initient à la production d'objets parfois difficilement identifiables, entre authenticité et inventivité, réalisme et onirisme... Entre vrai et faux. « La vérité existe. On n'invente que le mensonge », disait Georges Braque. Les artistes nous sensibilisent à la manière dont ces fausses informations se diffusent et infusent si rapidement à travers Internet et les réseaux sociaux, à travers nos esprits si crédules, aussi, tantôt grâce au travail de véritables marchands de doutes, tantôt grâce à d'ancestraux mécanismes de rumeurs.
Les artistes nous obligent à questionner notre crédulité, ils font vaciller nos croyances et notre perception du réel. Alors pourquoi ne nous conduiraient-ils pas, aussi, au sursaut salvateur qui nous permettra de reprendre la main sur notre compréhension du monde ?
L'exposition « Fake news : art, fiction, mensonge » à travers une vingtaine d'oeuvres internationales - de la fausse Une du New York Times par les Yes Men aux deep fakes du duo Bill Posters /Daniel Howe, en passant par l'imprimante à fake news de Tsila Hassine et Carmel Barnea Brezner Jonas - prétend (re)susciter l'esprit critique du public.
Pour les plus jeunes, elle propose des parcours à la fois réflexifs et pédagogiques, des ateliers interactifs, pour comprendre, ressentir, se questionner ; mais aussi pour les plus expérimentés, à travers conférences, projections et temps d'échanges.
L'exposition et les artistes invitent les publics à devenir acteurs.
Car nous sommes tous acteurs au quotidien de la prolifération des fake news - via Facebook, Twitter, Instagram et bien d'autres plateformes - et il ne tient qu'à nous de nous approprier les méthodes, astuces et outils qui en enrayeront la diffusion. Et feront de nous, finalement, des citoyens mieux informés dans une démocratie plus saine.
Cet essai a été rédigé à l'occasion de l'édition 2012 du Printemps de Septembre à Toulouse, festival de création contemporaine. Paul Ardenne en était le directeur artistique, avec ce thème général, « L'Histoire est à moi ! » L'auteur, historien de formation, interroge ici son rapport particulier au temps historique et le sens de sa passion pour l'Histoire. Le passé est nécessaire pour vivre au présent mais il est le passé, une perte. Sauf s'il est ressaisi comme une matière à incorporer, où se couler, dont extraire une forme de vie. Quand l'Histoire se fait sensation, incarnation, chair.
Il n'est pas d'Histoire qui vaille sans l'élaboration d'un lien intime entre elle et nous, un lien qui est non plus seulement l'Histoire avec ses faits mais nous dans l'Histoire tout comme l'Histoire en nous, un mélange d'événements mais aussi d'affects, de fantasmes - une construction en vérité très personnelle.
James Ensor, qui ne connaît rien au solfège, fait l'aveu saisissant de sa vocation : « Je ne suis pas sûr d'être un grand peintre, mais je suis certain d'être un grand musicien » Cette étude inédite met pour la première fois en lumière la psychose paranoïaque dont souffrait Ensor. Stéphanie Moris a rassemblé des documents exceptionnels, non publiés à ce jour. Elle se fonde sur les déclarations mêmes de l'artiste pour nous faire suivre l'évolution des troubles psychiques d'Ensor, du déclenchement de la psychose à sa pacification, ce qui est rare.
Cette analyse met en exergue le rôle salvateur de la musique à laquelle se consacre Ensor au tournant du siècle, corrélé au « déclin » pictural, de l'identification à Wagner jusqu'à la réalisation de son ballet La Gamme d'amour, où communient poésie, musique et peinture, en référence à « L'art total ».
L'ouvrage démontre que, par un investissement dans la création musicale, l'artiste, depuis toujours plongé dans un climat qu'il dépeint comme hostile et bruyant, s'est employé en une auto-thérapie insolite, à conjurer la menace du chaos interne.
Une place significative est laissée dans cette approche lacanienne, aux paroles d'Ensor, par le biais de nombreuses citations puisées dans ses écrits épistolaires, autographes ou publiés.
Qui est à ce jour l'artiste, et comment travaille-t-il ? Que fait la critique d'art, et de quelle façon ?
Qu'est-ce qu'une exposition, une collection ? Quels sont les territoires de l'art, ses « champs », son ou ses peuples, ses appareils, son futur ? Comment le pouvoir de décision se distribue-t-il ?
L'art contemporain se porte bien. On ne serait pourtant pas mécontent qu'il mène sa barque autrement. La bonne norme serait que l'artiste ait le pouvoir, et non d'abord ceux qui gravitent autour de lui. L'artiste contemporain n'a que des amis : critiques d'art, commissaires d'exposition, marchands, collectionneurs - tout ce beau monde le requiert, effi cace et conciliant. Chacun de ces acteurs, dans le « système » de l'art, a sa place. Certains orientent le goût quand d'autres le construisent, le consacrent, le monnayent ou le confi squent à leur profi t. Faut-il le rappeler : la création artistique n'est en rien un « pour soi ». Le simple fait qu'elle s'offre au regard d'autrui la défi nit d'offi ce comme une pratique publique.
Quel constat la période récente impose-t-elle ? Ceux qui gravitent autour de la création artistique ont sans doute pris trop d'ascendant sur celle-ci. Et acquis à la fi n trop de pouvoir, à commencer par la détention de l'espace critique (revues, médias), de l'espace d'exposition (lieux d'art contemporain, biennales), de l'espace institutionnel (aide à la création, résidences d'artistes, commande publique), de l'espace matériel enfi n (galeries, collectionneurs).
L'artiste n'est plus le seul à avancer ses options, sa matière grise et son offre plastique. Le voici devenu non plus un décideur mais un outil. L'âge moderne, celui des manifestes, de l'arrogance intellectuelle, des experts omniscients, a fait son temps. Faire valoir un point de vue, dans notre moment postmoderne, consiste plus utilement à avancer des hypothèses. L'heure est aux vérités, au pluriel.
Heureux les créateurs ? L'art contemporain irradie mais la mariée pourrait bien être trop belle, et quelque peu perverse.
Aurélie Gravas est peintre. Tipees est une sélection de peintures sur toile, sur bois et sur papier.
La série aborde la question de la nature morte et du paysage au sein de compositions construites grâce au procédé du collage.
L'univers coloré et lumineux d'Aurélie Gravas côtoie l'étrangeté des espaces qu'elle conçoit.
Aurélie Gravas est également la compositrice et auteure du projet musical La Femme d'Ali dans lequel elle déploie poétiquement son univers pictural entourée de musiciens.
Les oeuvres de Nicolas Moulin sont un voyage vers un futur sans âge. Visions d'anticipation où l'architecture domine le paysage, mais aussi questionnements répétés sur la possible obsolescence de l'homme, ses photomontages nous entraînent vers un monde où le temps semble s'être arrêté. Ce livre tente pour la première fois de retracer une production qui questionne inlassablement la chute des utopies, ainsi que la tragique beauté des architectures issues des régimes totalitaires. Habité par la peinture romantique de Caspar David Friedrich et l'architecture brutaliste, tout en étant nourri depuis l'adolescence par la lecture des plus grands noms de la science-fiction, Nicolas Moulin est un artiste dont les oeuvres sont autant de visions qui sondent notre rapport à l'apocalypse.
Ce glossaire du DJ ne se contente pas de répertorier le jargon des Princes de la nuit et d'en donner des définitions compréhensibles par tous.
Il s'agit aussi de raconter, au travers de termes considérés comme autant de jalons, une histoire éclatée et complexe, culturelle et sociale, souvent accidentée et spontanée, mais parfois aussi reprise en mains par les requins de l'industrie du show-business, de la musique, de la hi-fi et des logiciels.
Cette histoire nous conte l'avènement des nouveaux héros du show-biz musical et la transformation profonde de l'industrie des loisirs.
Avec La Fille inconnue, Luc et Jean-Pierre Dardenne poursuivent leur quête intransigeante d'un cinéma à la fois engagé, percutant et populaire, centré sur les maux de la société contemporaine et la notion de responsabilité individuelle. Depuis 20 ans et le coup de maître de La Promesse, leur ligne de conduite n'a pas varié : dénoncer les violences sociales, rendre apparentes nos failles intimes, explorer les confl its moraux et les cas de conscience générés par les accidents de la vie.
Au fi l des années, les Dardenne ont engagé un dialogue avec le critique Michel Ciment, responsable de la revue Positif et de l'émission de France Culture Projection privée. Pour la première fois, leurs entretiens sont réunis dans ce volume, qui dévoile à la fois leur méthode de travail, leur éthique professionnelle et leur profond humanisme.
Créé en 2003 par l'artiste Erwan Mahéo, le Centre du monde est une résidence d'artistes située à Belle-Îleen- Mer au large du Morbihan. Marqué par son caractère insulaire, le Centre du monde est un lieu de réflexion, de recherche, d'isolement. Aux artistes, écrivains, peintres, sculpteurs, musiciens, chorégraphes, commissaires d'exposition, photographes, chercheurs en tout genre invités pour un mois, il offre un espace et un temps précieux de liberté. La règle du jeu implique qu'ils puissent laisser dans la maison une trace de leur passage de même qu'un livre qui vient enrichir une bibliothèque aussi éclectique qu'unique.
Ce livre est un «produit» de cette résidence. Le narrateur, qui a quitté cette maison dix ans auparavant, y revient et décrit, en une nuit, tout ce qu'il y voit et tous les changements qui se sont opérés.
The Kissing Precise rassemble les oeuvres récentes de Mounir Fatmi.
Ces oeuvres ont pour point commun d'être inspirées par le poème de Frederick Soddy « The Kiss Precise ». F. Soddy, prix Nobel de Chimie en 1921, a écrit la solution au théorème de Descartes sous la forme de ce poème.
Ce livre d'artiste se propose de mettre en parallèle les pièces citées plus haut avec les différents éléments de recherches qui sont intervenus dans le travail.
Avec le film Casablanca de 1942, et l'idée de l'exotisme fantasmé par les studios d'Hollywood dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, jusqu'à des problématiques contemporaines : l'utilisation du nom d'une ville comme une marque : la bière « Casablanca », ou « l'affaire du baiser de Nador » qui impliquait une photo de deux adolescents marocains s'embrassant dans la rue, la photo diffusée sur les réseaux sociaux (Facebook) a été jugée indécente. Ce baiser a donné lieu à de nombreux Kiss-in (au lieu de sitting) dans plusieurs villes marocaines en soutien aux deux jeunes adolescents.
Ce livre sera publié en français et en anglais.
A cette occasion Mounir Fatmi invite Nicole Brenez, spécialiste de l'histoire du cinéma, et un critique de l'association Casa mémoire (Association de sauvegarde du patrimoine architectural du XXe siècle au Maroc), qui écriront deux textes inédits.
Dessinateur, inventeur de formes plastiques, Rodolphe Barsikian est un artiste d'aujourd'hui : ses techniques fétiches sont l'ordinateur, la souris de l'ordinateur et les logiciels de graphisme.
Adepte du dessin vectoriel, une graphie numérique fondé sur le point, la ligne et l'organisation géométrique, ses compositions cumulent la « ligne claire » du dessin technique et une foisonnante puissance d'invention esthétique. De facture abstraite surtout, déclinées en tableaux ou en agencements modulaires 3D, ses créations sont à la fois contrôlées, ciselées à l'extrême mais aussi éruptives, marquées par une implicite fascination pour le désordre, la désorganisation, la remise en jeu.
Créer, pour Rodolphe Barsikian, implique d'aller au-delà le seul effet plastique, et d'inscrire sa vie dans des lignes, des trajectoires graphiques qui redoublent, dans la matière visuelle des signes, un chemin existentiel. Ses compositions génèrent l'image forte et compulsive d'une existence en mouvement pour laquelle l'exercice du dessin est le battement de coeur, le sismographe, à cette fin : enregistrer chaque instant pulsionnel, chaque vibration, chaque sensation.
NOIR CLAIR aborde le passage : du noir vers la réparation, en passant par le doute. Un processus créatif : celui du dessin au crayon noir.
Le noir : concentration de toutes les couleurs, le deuil, mais aussi l'élégance, Giya et Chapman nous jette dans la vie. Le noir de la souffrance nous fait ressentir une ambivalence continuelle entre le noir et la vie : la vie noire, ma maladie, la menace, la mort.
La vie est grise aussi : elle est hésitation, d'où naît la conscience, laquelle nous mène à son tour au processus : processus de deuil, processus créatif, processus de réparation.
Si ces aspects du noir et du gris sont abordés à travers des oeuvres d'artistes contemporains (Charley Case, Mat Collishaw, Tonino Cragnolini, Mounir Fatmi, Bob Flanagan, Fabrice Langlade, Martin Lord, Luc Mattenberger, Andrea Mastrovito, Robert Montgomery, Lucien Murat, Jean-Michel Pancin, Françoise Pétrovitch, Eric Pougeau, Julien Serve, Rudy Shepherd & Frank Olive et Jeanine Woollard), le livre s'attaque aussi aux liens entre patients (vivant dans le noir) et thérapeutes (déclencheurs de processus) et n'hésite pas à entrer dans les sphères les plus personnelles des protagonistes.
Sous la direction de Barbara Polla, avec des textes de Régis Durand, Philippe Hurel, Rémi Tomaszewski, Jean-Philippe Rossignol, Victor de Bonnecaze.
L'édition 2012 du Printemps de Septembre s'attache à répondre à cette question : comment, aujourd'hui, l'artiste plasticien traite-t-il de l'Histoire et de sa propre place dans l'Histoire ? De celle-ci, que retient-il ? Sur quels faits, saillants ou non, récents ou pas, son attention se fixe-t-elle en priorité, et comment, selon quel axe de signifiance, d'inscription dans le temps ? L'Histoire, une fois prise en charge par l'artiste, est-elle l'occasion d'un engagement spécifique, une occurrence de ressourcement et de mémorisation, un simple prétexte à illustration ou à l'élaboration de paraboles, une source d'inspiration par défaut - voire tout cela à la fois ?
La réponse n'a rien d'univoque : tout cela à la fois. Nul positionnement commun, de fait. Nulle « ligne générale » que suivraient en rangs bien formés des artistes encartés. Pas non plus de thème dominant. Les artistes du tournant du XXe siècle et du début du XXIe siècle ayant choisi de faire de l'Histoire leur « objet d'art » (comme un peintre classique le fait du visible, un performeur, de son corps ou un land artiste, du paysage) ne sauraient être identifiés par des préoccupations ou un style communs.
La « Corpopoétique » veut penser et mettre en perspective la co-action de deux comportements humains invariants :
D'une part, la représentation, par l'homme, de son corps ; d'autre part, l'attribution d'une signification supérieure à cet acte de représentation du corps.
Ce volume est consacré au peintre Jacques Coulais (1955-2011). Paul Ardenne, en fait le « Pictor Maximus », le « plus grand des peintres ».
Cette « plus grande grandeur » n'est nullement l'effet d'une hiérarchie poétique ou esthétique au sens où Jacques Coulais aurait dépassé en maîtrise Picasso, Courbet, Michel-Ange ou Apelle. La « plus grande grandeur » émane de la condition physique propre au peintre dès sa prime enfance. L'impossibilité de se mouvoir et sa dépendance physique l'ont mené à un très particulier travail de son corps, une « corpopoétique » sans pareille.
En une trentaine d'années, Jacques Coulais va peindre plus de 1 600 toiles, nombre d'entre elles de grand format. Cette véritable course de fond est moins un classique « contre la montre » qu'une forme de vie, la vie tout court.
Fort de sa double appartenance franco-marocaine, Mehdi-Georges Lahlou traverse les frontières de nos sociétés multiculturelles. Dans ses performances comme dans ses oeuvres plastiques, il questionne l'esthétique, notamment celle liée à l'Islam, et ouvre sur des problématiques plus générales telle que l'identité (religieuse, culturelle ou sexuelle).
Une oeuvre cohérente dans sa diversité qui perturbe les clichés et joue de l'ambiguïté liée à l'esthétique - où le corps est omniprésent.
L'artiste joue les trublions et travestit son corps comme il travestit les traditions. Il sait, par juxtaposition, rester dans cet entre-deux qui perturbe les convictions établies. Il revêt les stigmas liés au féminin (talons aiguille, rouge à lèvres, voile), mais garde les attributs de sa virilité (poils, sexe, muscles). Un travestissement qui n'est donc pas intégral, et qui chamboule ainsi la norme des genres, sociale et sexuelle.
Il n'est pas question chez Mehdi-Georges Lahlou de « choc des cultures » mais plutôt d'un double enfermement : sortir d'une culture, c'est être confronté à une autre culture qui vous enferme à nouveau.
Ce travail plastique tient de l'idiotie. Faire l'idiot, comme le bouffon du roi, c'est lutter avec pertinence et liberté contre la gravité de tout système sclérosant. Les vidéos ont d'ailleurs pour titre Stupidités contrôlées, comme de tenir le plus longtemps possible avec une balle de tennis dans la bouche.
Poussant les limites jusqu'à l'absurde, Mehdi-Georges Lahlou garde toujours un certain chic dans le ridicule et puise dans la légèreté de l'idiot un basculement vers le merveilleux.
La galerie Magda Danysz a des barreaux à toutes ses fenêtres. Qu'emprisonne-t-on dans une galerie ? Souvent ce que l'on ne peut pas voir, pas montrer ailleurs ; parfois le monde, la vie, la rue. Pour cette exposition, la prison elle-même. L'enfermement. L'ennemi public, celui qui méritait autrefois l'échafaud ; celui dont aujourd'hui on ne sait souvent plus que faire.
Qui est l'ennemi public, en France, en Norvège, aux Etats-Unis ?
Pourquoi enferme-t-on des ennemis privés, voire des amis - les oiseaux même ?
Quel est le sens de la prison, si tant est qu'elle en a un ?
Une autre question nous aura animées dans la réalisation de ce projet : quelle place pour la créativité en prison ? Comment survivre en prison ? Comme le dit si bien l'artiste britannique Sarah Lucas : «En prison la seule liberté est la liberté d'imagination, donc j'ai pensé, voyons ce qu'ils font avec cette liberté là...» Dans le livre seront abordées des points de vue complémentaires à ceux de l'exposition : de l'enfermement volontaire à la peine de mort, de la création en prison à la survie, du Chant d'amour de Jean Genet à ceux de Jean-Michel Pancin, des Panthères noires à Michelle Martin, de Chalamov à Hamlet...