Filtrer
Fayard
-
L'ère des empires 1875-1914
Eric john Hobsbawm
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 22 Février 1989
- 9782213022161
-
La crise de la conscience européenne
Paul Hazard
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 28 Novembre 1989
- 9782213024370
"La majorité des Français pensait comme Bossuet: tout d'un coup, les Français pensent comme Voltaire: c'est une révolution", écrivait Paul Hazard dans ce livre désormais classique. De 1680 à 1715 s'affrontent en effet les idées les plus contradictoires et les plus puissantes. L'ordre classique, qui avait repris force après la Renaissance, paraissait éternel. Or, vers 1680, tout se met à bouger. Un air extérieur semble souffler dans le solennel édifice; des esprits ont l'audace de prétendre que les Modernes valent bien les Anciens, que le progrès doit l'emporter sur la tradition, la science sur la foi. "Il s'agissait de savoir si l'humanité continuerait sa route en se fiant aux mêmes guides ou si des chefs nouveaux lui feraient volte-face pour la conduire vers d'autres terres promises." Une époque charnière donc, où l'esprit de doute surgit partout. Le goût des récits de voyage élargit les horizons et ébranle les certitudes acquises; on discute de la Bible, de l'authenticité des textes sacrés, des mystères; les libres penseurs font la guerre à la tradition; on parle de religion naturelle, de mort naturelle, de droit naturel, on rêve d'une ère de bonheur terrestre fondée sur la raison et sur la science, les philosophes prônent la tolérance. C'est ce formidable bouillonnement d'idées et d'hommes que décrit Paul Hazard, retraçant ici en quelque sorte l'histoire des origines de l'Europe contemporaine.
-
Louis XIV et vingt millions de français
Pierre Goubert
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 1 Novembre 1991
- 9782213026022
Peu de livres, en ce XXe siècle, ont, autant que celui-ci, paru en 1966, marqué non seulement la corporation des historiens mais aussi le public. Eblouissant par la nouveauté du propos comme par le style, il fut en son temps salué _ ou dénoncé _ pour sa force de suggestion et son caractère corrosif, voire iconoclaste. Pour la première fois ou presque, il ne s'agissait plus de statufier (ou encore de dénigrer) le Grand Roi, mais de faire le portrait d'une société dans son épaisseur et sa complexité, et de saisir les ressorts du dialogue (souvent difficile) qu'elle entretenait avec son souverain.Ce livre a ouvert à la recherche de multiples chantiers, souligné des lacunes, indiqué des pistes. Vingt-cinq ans après, les travaux _ souvent d'une exceptionnelle qualité _ qu'il a suggérés ont très largement confirmé et établi ce qui avait pu apparaître aux censeurs de 1966 comme une série d'intuitions hardies et d'assertions arbitraires. En des pages nouvelles, Pierre Goubert en dresse ici un bilan qui précise, complète, enrichit ce " grand classique " qu'est devenu et demeure Louis XIV et vingt millions de Français.Professeur émérite à l'université de Paris-I, Pierre Goubert est le meilleur spécialiste actuel de l'Ancien Régime. Il est l'auteur, chez Fayard, de très grand succès: Initiation à l'histoire de la France (1984) et Mazarin (1990).
-
" A la recherche de la peur ", l'historien Jean Delumeau a réussi une peinture sans précédent de l'Occident du XIVe au XVIIIe siècle, tout à la fois histoire des mentalités, histoire de la vie quotidienne.L'auteur dépeint:I. " Les peurs du plus grand nombre " (peur de la mer, peur des ténèbres, peur de la peste, etc.);II. " La culture dirigeante et la peur " (l'attente de Dieu, la présence de Satan et de ses agents _ le juif, la femme _, la sorcellerie...).Né à Nantes en 1923, agrégé d'Histoire, Jean Delumeau est depuis 1975 professeur au Collège de France. Il a derrière lui une oeuvre importante, marquée par des ouvrages qui lui ont valu une réputation internationale. Sa thèse sur Rome au XVIe siècle a été rediffusée dans une collection pour le grand public. La Civilisation de la Renaissance a obtenu le prix Gobert de l'Académie française en 1968. Les deux livres de la " Nouvelle Clio ", Naissance et affirmation de la Réforme et Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, ont ouvert de nouvelles voies à l'historiographie religieuse. Enfin, Le Christianisme va-t-il mourir? continue de connaître un grand succès. Jean Delumeau est directeur de la collection " Les Temps et les Hommes " (Hachette) et codirecteur de la " Nouvelle Clio " (P.U.F.).
-
De l'or et des épices ; naissance de l'homme d'affaires au Moyen-Age
Jean Favier
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 4 Novembre 1987
- 9782213020693
Entre le temps des foires de Champagne et des premières audaces au-delà de Gibraltar et celui des Médicis et des Fugger, le marchand médiéval s'est mué en homme d'affaires. Ses horizons se sont élargis, ses ambitions ont dépassé le monde de la marchandise, ses techniques se sont enrichies. Il a appris à connaître et à maîtriser ses affaires, il a créé ces formes du crédit qui vont devenir le jeu bancaire, il sait prendre et limiter ses risques. Il s'est fait organisateur de la production. Il a inventé le capitalisme et intégré l'économie dans la vie politique.A l'heure de la Renaissance, il y a toujours du monde dans la boutique et l'atelier, mais l'or et les épices auront donné à l'Europe des princes et des mécènes.Jean Favier est né en 1932. Membre de l'Institut, directeur général des Archives de France, il est aussi professeur à l'université de Paris-Sorbonne et directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il s'est fait connaître par de nombreux travaux sur les finances médiévales et sur les structures économiques et sociales de Paris à la fin du Moyen Age. Ses livres sur Philippe le Bel, sur La Guerre de Cent Ans, sur François Villon ont tous connu un grand succès. Il dirige l'Histoire de France (Fayard) dont il a lui même écrit le tome II, Le Temps des principautés.
-
La France de Richelieu
Michel Carmona
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 26 Septembre 1984
- 9782213013466
Les paysans sont-ils des bêtes? Faut-il excommunier les buveurs de chocolat? Un mouchoir sert-il à cracher dedans ou à couvrir la gorge des jolies femmes? Le don des langues est-il une preuve de diablerie? Est-il vrai que les Chartreux ont la grâce d'être à jamais exempts des morsures de punaises? Un Français catholique est-il plus proche d'un Espagnol catholique que d'un Français protestant? Telles sont quelques-unes des questions qui agitent la société française du temps de Richelieu.
Ne nous y trompons pas: nos ancêtres de ce premier XVIIe siècle, " siècle des héros et des saints ", sont infiniment proches de nous. Ils inventent le patriotisme et le sens de l'Etat, la pression fiscale, l'armée permanente, les grandes manufactures, une façon d'habiter dans les villes qui est déjà la nôtre. Siècle de Descartes et de la raison raisonnante, de l'Académie française et du bien parler, du théâtre classique et des bienséances, de la gastronomie française et de la presse d'opinion. Siècle de l'absolutisme et du jansénisme, où voisinent l'ombre équivoque du Père Joseph avec son cortège d'espions, Théophraste Renaudot, la marquise de Rambouillet et saint Vincent de Paul, siècle de mousquetaires et de ribaudes, d'artistes et de sorcières, de lyrisme et de calcul, de discordes et d'union nationale, c'est la France de Richelieu, première image de la France moderne.
Michel Carmona, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé d'histoire, est l'auteur d'un Marie de Médicis (Fayard, 1981) d'un Richelieu (Fayard, 1983) des Diables de Loudun (Fayard, 1988). -
Le mélange des cultures et les métissages qui en résultent aux quatre coins de la planète semblent bouleverser nos repères traditionnels. Mais s'agit-il de phénomènes vraiment nouveaux ? L'uniformisation des cultures n'a-t-elle pas commencé en Amérique, dans le chaos qui a suivi la conquête, quand l'Ancien Monde et le Nouveau Monde se sont mêlés ? Deux populations que tout séparait - les croyances, la langue, leurs façons de vivre durent déjà apprendre à coexister, et leurs conceptions de l'univers, leurs imaginaires s'imbriquèrent peu à peu. Dès la Renaissance, la colonisation occidentale a ainsi entraîné une première vague de métissages, qui, sous leurs différentes formes, préfigurent ceux que nous connaissons à l'aube du IIIe millénaire.
"Deux cultures différentes peuvent-elles s'harmoniser ? ", se demande Macunaïma, le héros d'un célèbre roman brésilien, qui tente d'échapper au dilemme de sa double appartenance. Pour répondre à cette question, le Mexique espagnol offre des pistes précieuses. Les fresques réalisées par les artistes indigènes sur les murs des couvents, les chants et les fêtes qu'ils ont adaptés à la mode européenne, les plans de ville qu'ils ont dessinés à la demande des conquérants : tous ces témoignages, où l'inspiration indienne est indissociable de l'influence occidentale, illustrent la naissance d'une "pensée métisse". Serge Gruzinski nous en propose une magistrale exploration, en montrant comment des sierras du Mexique à la Florence des Médicis, des films de Greenaway au cinéma de Hong Kong, les idées, les arts et les cultures n'ont cessé, par delà les frontières, de se mélanger.
Directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'EHESS, Serge Gruzinski a publié de nombreux ouvrages sur le Nouveau Monde, dont, avec Carmen Bernand, l'Histoire du Nouveau Monde (tome I : De la découverte à la conquête ; tome II : Les Métissages). Il est aussi l'auteur de l'Histoire de Mexico.
-
Des vaisseaux et des hommes : la marine de Louis XV et Louis XVI
Patrick Villiers
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 13 Octobre 2021
- 9782213681276
Actrice centrale de la croissance du royaume autant que des enjeux géopolitiques qui s'écrivent au XVIIIe siècle à l'échelle du monde, la marine est au coeur de cette synthèse unique réalisée par le grand spécialiste du sujet en France.
Marine royale et marine de commerce françaises ne furent sans doute jamais aussi fortes qu'en 1789. La France maritime, et particulièrement la France des ports, est alors le moteur de la croissance du royaume. Or, à la suite des traités d'Utrecht (1713), le pays a perdu une partie de son empire colonial. En échange d'une paix sur mer de près de trente ans, le Régent puis le cardinal de Fleury ont sacrifié la marine de guerre. Directement victime des choix budgétaires et d'une politique continentale calamiteuse, elle s'effondre sous Louis XV. Par la victoire de la Chesapeake, cette marine donne pourtant leur indépendance aux États-Unis d'Amérique et permet ainsi un nouvel ordre européen.
Par-delà le rôle indiscutable de grands ministres tels Maurepas, les Choiseul, Sartine ou Castries, Patrick Villiers restitue un siècle d'histoire d'une marine de guerre française encore trop méconnue. Il dresse le portrait de ces hommes et de leurs vaisseaux, de leurs combats et de leurs engagements, autant que de l'incompréhension dont ils firent l'objet de la part d'une société de cour tournée bien plus vers la terre que vers la mer.
-
Le Meilleur pain du monde : Les boulangers de Paris au XVIIIe siècle
Steven l. Kaplan
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 10 Janvier 1996
- 9782213595962
Le bon pain d'autrefois, le pain fait à l'ancienne : autant d'expression qui évoquent un temps où le pain était au coeur de la vie, où le partage du pain en famille ou au travail était un geste quotidien et l'offrande de pain bénit un rituel dominical.
Pour comprendre le sens de ces traditions, il faut imaginer le Paris du xviiie siècle. Des fournils aux étals des marchés, les activités liées au pain animent la ville, de jour comme de nuit. Le pain est alors une denrée de première nécessité, et la boulangerie un véritable service public qui mobilise sans cesse la police. Mais sa fabrication ne relève pas que du savoir-faire du boulanger, elle dépend d'un environnement que nul ne peut maîtriser, et la peur même d'en manquer en fait un symbole. Que le pain gris remplace le pain blanc - le pain que préfèrent les Parisiens - et les voilà dans la rue. « Si le pain ne diminue, nous exterminerons le roi et tout le sang des Bourbons », proclament des affiches lors du couronnement de Louis XVI. Quinze ans plus tard, les femmes iront à Versailles chercher « le boulanger », car c'est au roi qu'il revient d'assurer la subsistance de ses sujets.
Steven Kaplan fait revivre de façon magistrale cette longue chaîne du pain à laquelle toute la ville participe, et en premier lieu les boulangers. Acteurs trop oubliés de la vie politique et économique de l'Ancien Régime, ils forment l'une des plus anciennes corporations de Paris et n'en respectent pas toujours les règles : si les maîtres boulangers sont censés révéler les secrets de leur métier à leurs apprentis, ceux-ci sont souvent corvéables à merci. Rares sont les compagnons qui réussiront à s'établir. En fin de compte, la réputation des maîtres boulangers est leur capital le plus précieux, puisqu'elle leur assure à la fois le crédit de leurs fournisseurs et la fidélité de leur clientèle. Pour avoir le « privilège » de faire le meilleur pain du monde, il faut aussi savoir faire commerce et même bien choisir son épouse.
Steven L. Kaplan est professeur d'histoire européenne à Cornell University. Il a publié, entre autres, Les Ventres de Paris. Pouvoir et approvisionnement dans la France d'Ancien Régime (Fayard, 1988) et Adieu 89 (Fayard, 1993). -
La Résistance au christianisme : Les hérésies des origines au XVIIIe siècle
Raoul Vaneigem
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 14 Avril 1993
- 9782213030401
" L'histoire des mouvements de résistance à l'Eglise et à l'imprégnation chrétienne n'a été abordée à ce jour qu'à l'ombre de la théologie et selon une perspective apologétique. Parce qu'elle participe du déclin des systèmes monolithiques, la déchristianisation permet d'étudier, en dehors des périls et de l'outrance polémique, des réactions sociales et individuelles longtemps oblitérées par l'empire de séduction et de crainte que Rome gouvernait au nom du Christ." L'Eglise ne cesse d'être hantée par un passé qui la conteste. Le christianisme s'hellénise au IIe siècle en reniant sa judéité pour tomber sous la condamnation du catholicisme au IVe siècle, et nourrir contre le clergé constantinien la nostalgie des origines et les insurrections millénaristes." Mais, sous le pouvoir de l'Esprit qui institue la prédominance du ciel sur la terre, s'agite aussi une indomptable volonté de vivre. Se jouant de ce que Deschner appelle " l'histoire criminelle du christianisme ", elle atteste la permanence d'un combat que ne travestissent plus aujourd'hui ni la mythologie chrétienne ni les idéologies de masse qui lui ont succédé pour un temps. "Raoul VANEIGEM
-
L'enfer est aussi vieux que le monde, ou plutôt que la conscience du mal. De l'épopée sumérienne de Gilgamesh à Huis-Clos, l'homme n'a cessé d'imaginer ce que peut être ce lieu infernal, en quoi consiste les souffrances qu'on y endure. Héros, poètes, moines visionnaires ont multiplié les descentes aux enfers et en ont ramené des descriptions horribles qui traduisent chacune les fantasmes de leur époque. Lieu de survie sans châtiments, lieu de punition éternelle, lieu abstrait, leur diversité constitue l'un des volets de la longue histoire de l'humanité.
La question de l'enfer dépasse de très loin le dogme chrétien puisqu'il est quasi absent de l'enseignement de Jésus. L'enfer chrétien est cependant le plus durable, le plus complet des imaginaires infernaux. C'est sous la pression populaire que l'Église fixe peu à peu sa doctrine officielle. Le Moyen Âge connaît un délire d'inventions macabres, de supplices infernaux dont Dante nous offre la vision la plus illustre. L'enfer populaire apparaît alors souvent comme la satisfaction, dans un rêve collectif, d'un désir de vengeance. Les théologiens du Grand Siècle vont rationnaliser cet enfer avec un rare raffinement. L'enfer devient une arme de dissuasion pour les prédicateurs qui voient en lui la preuve de l'existence d'une justice divine immuable. La fin du XIXe siècle marque l'apogée de l'enfer comme construction intellectuelle. Mais cet enfer, méticuleusement réglé, ne terrorise plus les fidèles depuis longtemps. L'enfer traditionnel, qui sanctionnait l'individu méchant, a disparu. L'enfer se situe désormais sur terre, prenant la couleur de la conscience moderne. -
Le monde des salons : Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle
Antoine Lilti
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 19 Octobre 2005
- 9782213622927
Ilest banal de dire que le XVIII siècle a vu se déplacer la vie sociale de la Cour vers la Ville, de Versailles vers Paris. Mais il ne suffit pas d'énumérer des anecdotes prenant pour cadre les salons de Mmc du Deffand et de Mmc Geoffrin, et de citer les écrivains ou les artistes qui les ont fréquentés. Ce qu'il faut comprendre, c'est la signification historique d'une forme de sociabilité. Ce livre offre, pour la première fois, une véritable histoire sociale et culturelle des salons parisiens du XVIII siècle, et permet de réviser de nombreuses idées reçues. Ces salons n'étaient pas, comme on le dit trop souvent, des lieux de discussion critique permettant de diffuser largement les idées des Lumières, mais bien plutôt les centres de la sociabilité mondaine, dévolus aux plaisirs de la table et du mot d'esprit, au théâtre de société comme aux intrigues politiques. C'est dans les salons que se recomposent les identités aristocratiques, que se forment les réputations littéraires et politiques, et que se prépare l'accès à la Cour. Le loisir lettré et les pratiques culturelles des salons deviennent alors un élément essentiel de la distinction aristocratique et de l'imaginaire national, tandis que de nombreux écrivains des Lumières adhèrent aux pratiques et aux idéaux des élites parisiennes et de la noblesse de Cour.
-
Histoire de la vieillesse ; de l'Antiquité à la Renaissance
Georges Minois
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 28 Janvier 1987
- 9782213019307
Chaque société a les vieillards qu'elle mérite: l'histoire antique et médiévale le démontre amplement. Chaque société sécrète un modèle d'homme idéal, et c'est de ce modèle que dépend l'image de la vieillesse, sa dévaluation ou sa mise en valeur. La Grèce classique, tournée vers la beauté et la force, relègue les vieux à une place subalterne. Au Moyen Age, le vieillard joue son rôle tant qu'il peut tenir le goupillon, l'épée, la bêche ou le livre de comptes. La seule limite est l'incapacité physique. En fait, il n'y a pas de troisième âge: il y a la vie et la mort. A partir du XIVe siècle, le poids des vieux s'accroît dans la société et entraîne un regain de critique contre les vieillards. La satire des mariages entre des hommes âgés et des jeunes femmes revient à la mode, comme elle l'était à l'âge de Plaute. Quant à la Renaissance, elle renoue avec les idéaux des Gréco-Romains. Ronsard recommande de cueillir " les roses de la vie ", mais dans le même temps, les vieillards actifs n'ont jamais été aussi nombreux: l'amiral Doria, septuagénaire, lutte contre l'octogénaire Barberousse, Michel Ange atteint 89 ans et Le Titien, 99...L'ambiguïté fondamentale de l'attitude envers la vieillesse se retrouve cependant tout au long des siècles, car si le vieillard se plaint de son grand âge, il en tire gloire et cherche à prolonger ses jours. La fontaine de jouvence n'a-t-elle pas toujours été le plus fol espoir de l'homme occidental?Né en 1946, agrégé, docteur en Histoire et docteur ès Lettres, Georges Minois est spécialisé dans l'histoire des mentalités religieuses du Moyen Age et de l'Ancien Régime. Il a consacré sa thèse d'Etat à la réforme catholique en Basse-Bretagne. Il enseigne actuellement à Saint-Brieuc.
-
L'Europe dans sa première croissance ; de Charlemagne à l'an mil
Pierre Toubert
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 9 Juin 2004
- 9782213619460
S?il est des siècles obscurs dans l?histoire européenne, ce sont bien les ixe et xe siècles. Obscurs certes parce que les sources sont maigres, mais obscurs surtout parce que les historiens les ont réputés tels : négligeant le siècle et demi qui sépare le glorieux règne de Charlemagne du surgissement de la dynastie capétienne, ils n?ont pas tous su voir combien cette période a été importante. Qu?on l?envisage à travers l?évolution du statut des personnes, des techniques ou encore de la monnaie et des échanges, il est en effet évident, à qui sait vraiment lire les textes et faire siennes les découvertes de l?archéologie, que c?est au xe siècle ? et non après ? qu?il faut situer la première croissance de l?Occident. Dans l?Allemagne occidentale comme dans la France et l?Italie d?aujourd?hui (pays sur lesquels s?étendait jadis à peu près l?Empire carolingien), les phénomènes sont concomitants : mieux exploitée par davantage d?hommes socialement insérés dans une famille de type nouveau, la terre donne de meilleurs rendements, ce qui enclenche le cercle vertueux d?une première croissance. A cette aune, les successions dynastiques, les révolutions de palais et les guerres sont des épiphénomènes sur lesquels on aurait tort de s?attarder trop longuement.
Multipliant les enquêtes et études de cas précis sur des questions qui passaient pour insolubles en déployant une érudition époustouflante ? et toujours passionnante ?, Pierre Toubert donne ici un livre pionnier qui sera, n?en doutons pas, le point de départ d?un profond renouvellement historiographique. -
De la Cour d'Espagne au ghetto italien : Isaac Cardoso et le marranisme au XVIIe siècle
Yosef hayim Yerushalmi
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 26 Août 1987
- 9782213017150
De la Cour d'Espagne au ghetto italien, tel fut le singulier destin de Fernando Cardoso, médecin marrane et apologiste juif. Né en 1604 au Portugal, élevé en Espagne, Cardoso, grâce à de brillantes études, devint médecin à la Cour de Philippe IV. Intellectuel respecté, il connut les plus grands de son temps _ dont Lope de Vega _ qui le tinrent pour l'un des leurs. Comme nombre de descendants de Juifs convertis de force, Cardoso menait une existence ouvertement chrétienne et clandestinement juive. En 1648, au faîte de sa gloire, il quitte brusquement l'Espagne et se réfugie en Italie. A Venise d'abord, dans le ghetto de Vérone ensuite, où il finira ses jours, il professe publiquement le judaïsme. Signant désormais Isaac Cardoso, il publie l'un des plus beaux textes de l'apologétique juive: Las Excelencias de los Hebreos.A travers cette biographie peu commune, Yosef Hayim Yerushalmi a profondément renouvelé la vision du marranisme. Pour la première fois, l'histoire des Crypto-Juifs d'Espagne et du Portugal n'était plus saisie dans une seule dimension _ espagnole ou juive _ mais dans le contexte des structures sociales, de la culture et de l'antisémitisme chrétiens de la péninsule ibérique et d'un judaïsme alors bouleversé par des courants messianiques. Elle révélait les mille canaux par lesquels la culture juive irriguait l'identité du marranisme.Cette enquête historique modèle, pistant les hommes, traquant les faits ignorés ou refoulés, découvrant des archives inédites, mesurant la véritable ampleur d'un des phénomènes clés de l'histoire du judaïsme et de l'histoire hispano-portugaise, fait, depuis sa publication en langue anglaise, figure de classique.Yosef Hayim Yerushalmi est professeur à l'Université Columbia, où il occupe la chaire Salo Wittmayer Baron d'histoire, de culture et de société juives et où il dirige le Centre d'études juives et israéliennes. Membre de l'American Academy of Arts and Sciences, membre honoraire de l'Academia Portuguesa da História, il est notamment l'auteur de Zakhor. Histoire juive et mémoire juive, dont la publication en langue française (1984) fut saluée comme un événement.
-
Parfums et aromates dans l'Antiquité
Paul Faure
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 9 Septembre 1987
- 9782213019734
De tout temps, les êtres humains ont eu besoin de toniques et d'extases et ils ont apprécié les mets savoureux. On sait que les Egyptiens embaumaient leurs morts et qu'ils parfumaient leurs belles, que la salle de bains de Darius était garnie de flacons précieux et qu'Alexandre le Grand sentait divinement bon. Mais les Anciens sont restés silencieux sur l'art des parfums et sur l'art culinaire. Monde secret et sacré s'il en est: les fumées des encens, les essences des plantes aromatiques et le fumet des viandes sacrifiées ont d'abord été réservés aux dieux, et ce n'est que par de complexes cheminements sociaux que les odeurs et les saveurs ont été peu à peu désacralisées.Ce livre ne se contente donc pas de décrire les parfums et les aromates, les paysages où ils poussent et fructifient, les villes et les marchés orientaux où se débitent les poudres, les huiles et les gommes; il nous fait pénétrer dans l'imaginaire des Anciens. La réputation des parfums n'est-elle pas comme celle des aphrodisiaques: presque entièrement dans l'idée qu'on se fait d'eux?Paul Faure: ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé des Lettres, docteur d'Etat, il a été professeur de grec à l'Université de Clermont-Ferrand et il a publié de nombreux ouvrages sur les civilisations du monde hellénique, dont Ulysse le Crétois et Alexandre le Grand (Fayard).
-
Histoire de la solitude et des solitaires
Georges Minois
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 6 Février 2013
- 9782213670669
La solitude est un des paradoxes majeurs de notre monde d'hyper-communication : elle fait peur - au point d'être déclarée « grande cause nationale » en France en 2011 - et fascine en même temps, comme en témoigne la recherche d'exploits solitaires, de retraites volontaires hors d'un monde surpeuplé. On la fuit et on la désire à la fois.
Cette ambivalence prend aujourd'hui une dimension nouvelle : l'opposition entre convivialité et isolement est accrue par le rôle des nouvelles technologies de communication et des réseaux sociaux. Mais ce phénomène n'est que l'aboutissement d'une longue histoire qui débute dans l'Antiquité, où les intellectuels avaient déjà posé les termes de l'alternative : l'homme « animal social » et l'amoureux des charmes bucoliques.
« Il n'est pas bon que l'homme soit seul », dit la Bible, et pourtant le judéo-christianisme exalte la vie solitaire des ermites et des moines ; à l'époque classique, les « solitaires » de Port-Royal et les « promeneurs » rousseauistes s'opposent aux « honnêtes hommes » des salons ; au XIXe siècle, les romantiques exaltent la solitude et fuient les villes ; les « solos » du XXIe siècle vantent les avantages de leur indépendance, tandis que les ravages de la solitude des plus âgés sont dénoncés comme un fléau social.
Solitude physique et psychologique, solitude subie et volontaire, refuge et malédiction : ce livre retrace in fine l'histoire des ambivalences de la condition humaine.
Agrégé et docteur en histoire, docteur ès lettres, Georges Minois a publié une trentaine d'ouvrages, notamment, aux Éditions Fayard, Histoire des enfers, Histoire du suicide, Histoire du rire et de la dérision, Histoire de l'athéisme, Histoire de l'avenir, Histoire du péché originel. -
Le malheur russe ; essai sur le meurtre politique
Hélène Carrère d'Encausse
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 28 Septembre 1988
- 9782213022369
A qui tente d'établir un atlas et une chronologie des meurtres politiques, trois évidences s'imposent. Nulle société n'a été continûment à l'abri du meurtre politique sous ses aspects divers. Mais il est des temps historiques où le meurtre connaît une fortune remarquable: le XVIe siècle européen, par exemple; ou encore le XXe, où, sous la forme de la terreur de masse et des mouvements terroristes, il gagne plus ou moins tous les continents. Il est aussi des moments où le meurtre politique régresse et apparaît plutôt comme un moyen exceptionnel de résoudre des conflits de pouvoir. Pourtant, à cette conception qui met à un moment ou à un autre toutes les cités sur le même plan et qui fait du meurtre politique la clé des épisodes tragiques de leur histoire, un pays _ peut-être pas le seul, mais son exemple est le plus éclatant, s'agissant d'un grand pays d'Europe _ fait exception: la Russie.L'histoire de ce pays dans lequel Tocqueville, lorsqu'il scrute l'avenir, discerne qu'il est appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains la moitié du monde à égalité avec les seuls Etats-Unis, dont il dit que le monde découvrira tout à la fois la naissance et la grandeur , est avant tout une histoire continue du meurtre politique. Du moment où se fonde la Russie, au IXe siècle, et où commence sa christianisation, jusqu'à l'apogée prévue par Tocqueville, il n'est guère de génération qui n'y ait assisté, pétrifiée, à l'éternelle liaison entre meurtre et politique. Les temps de répit, dans ce pays, ce sont les guerres et les invasions qui les ont apportés, autres formes de violence et de mort, mais dont l'avantage est qu'agissant de l'extérieur, elles unissent pour un temps pouvoir et société contre l'ennemi porteur de mort.Cette longue tradition meurtrière a sans nul doute façonné une conscience collective où l'attente d'un univers politique pacifié tient peu de place, tandis que la violence ou sa crainte y sont profondément ancrées. De ce malheur si profondément ressenti à tous les âges, que les esprits superficiels nomment l'âme russe, l'on peut se demander où est la cause, où est l'effet. Est-ce le meurtre politique trop longtemps utilisé qui a produit une conscience sociale malheureuse et soumise, et, par là, incapable d'imposer, comme ailleurs, un autre cours au politique? Ou bien est-ce cette conscience malheureuse, épouvantée, qui appelle sur elle, sinon la colère des dieux, du moins le déchaînement des meurtriers.Hélène Carrère d'Encausse
-
Au nom de l'art ; 1933-1945
Limore Yagil
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 4 Mars 2015
- 9782213680897
La fascination exercée par Paris dans toute l'Europe depuis le début du XXe siècle se traduit, dès avant le premier conflit mondial, par l'établissement d'un grand nombre d'artistes dans ce lieu de liberté d'esprit et de création. Grâce à un enseignement de qualité, les Académies de peinture ou de musique, notamment, attirent des Russes, Polonais, Hongrois, Tchèques ou Allemands, futurs fleurons de l'École de Paris, éminents interprètes de l'Opéra et du Conservatoire.Avec les différentes vagues de migration, dont les artistes juifs fuyant les persécutions, se sont constitués dans la Ville lumière des réseaux d'amitié avec des artistes français, filières qui s'actionnent sous l'Occupation et Vichy pour protéger et mettre à l'abri les victimes du régime. Si l'on connaît l'intervention de Sacha Guitry et d'Arletty en faveur de Tristan Bernard, il y en eut beaucoup d'autres, révélées par Limore Yagil.À la croisée de l'histoire culturelle et de l'histoire politique, l'auteur remonte aux origines de ces réseaux de solidarité, retraçant toute une géographie de l'entre-aide, et interroge la signification qu'il convient de donner à ces différents actes de désobéissance civile.Docteur ès lettres en histoire du XXe siècle de l'Institut d'études politiques de Paris, Limore Yagil est chercheur associée à l'université Paris IV-Sorbonne. Spécialiste de l'histoire politique et culturelle de la France sous l'Occupation, elle a notamment publié L'Homme nouveau et la Révolution nationale de Vichy (Septentrion, 1997) et une trilogie, La France, terre de refuge et de désobéissance civile (1936-1944) (Le Cerf, 2010-2011).
-
Le sacrifice humain chez les Aztèques
Michel Graulich
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 19 Janvier 2005
- 9782213622347
Nulle part le sacrifice humain officiel, organisé par l?Etat, n?a été plus répandu que dans l?ancien Mexique. Les Aztèques eux-mêmes se vantent d?avoir immolé en trois ou quatre jours quelque 80 400 guerriers pour l?inauguration de leur Grand Temple en 1487. Cette pratique, qui nous paraît barbare, mais que toute une tradition tente de minimiser ou de justifier reste particulièrement difficile à comprendre. On dit parfois que le XXe siècle a vu bien pis avec ses génocides, mais le fait de sacrifier des ennemis n?empêchait nullement les Aztèques d?exterminer en plus des cités entières. Il est vrai aussi que bien d?autres civilisations ont immolé des hommes aux dieux, mais elles ont en général fini par passer au sacrifice animal, ou même, comme le christianisme, au sacrifice non sanglant.
Comment comprendre alors le cas des Aztèques ? Pourquoi ces mises à mort nombreuses, variées et raffinées ? Pourquoi cette implication de la société tout entière, les rois, les nobles et les prêtres, les sacrifiants ? seigneurs, guerriers victorieux, riches marchands ou artisans ?, et enfin l?ensemble des habitants, sans compter ceux d?autres cités parfois contraints, sous peine de mort, d?assister aux cérémonies ?
Les victimes sont présentées à la population qui les adopte et reste en contact avec elles. Certaines incarnent l?une ou l?autre divinité et se promènent pendant des jours dans la ville. Lorsqu?on les immole et les mange, c?est la divinité même qui meurt et renaît à travers elles. Ceux qui les offrent, les sacrifiants, les accompagnent depuis la capture ou l?achat jusqu?à la mise à mort, lorsqu?ils les conduisent au pied du temple ou de la pierre de sacrifice. Connus et visibles du début jusqu?à la fin, ils organisent les banquets finaux durant lesquels on mange l?homme-dieu, ils en conservent des reliques et gagnent du prestige, des richesses et des chances de survie dans l?au-delà. L?ampleur de la cérémonie glorifie la cité et écrase les rivaux invités à y participer. Mais les mises à mort massives de prisonniers de guerre sont aussi des meurtres inspirés par la vengeance, des meurtres dont ceux qui y assistent fascinés sont en fait complices, ce qui doit accroître le sentiment d?appartenance au groupe et renforcer sa cohésion. -
Les Républicains des lettres : Gens de culture et Lumières au XVIIIe siècle
Daniel Roche
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 1 Septembre 1988
- 9782213021225
Deux cents ans après, il est encore un mythe solidement établi: la Révolution serait fille des Lumières.Daniel Roche, qui n'est pas historien à se contenter de clichés ni de lieux communs, a très tôt décidé d'aller voir au plus près les Lumières _ non plus seulement dans les salons des élites parisiennes, mais au plus profond des provinces. Pister leur diffusion dans la France d'Ancien Régime, c'est assurément visiter la République des lettres qui rassemble toutes les activités de l'esprit _ production du livre, rapports avec les pouvoirs de contrôle et de censure, participation aux institutions de sociabilité culturelle (académies, loges, sociétés littéraires) _ auxquelles participent écrivains, savants, philosophes et auteurs. Mais c'est également découvrir _ hors des institutions _ la pluralité des mondes de l'intelligence qui, chacun à sa manière, selon ses caractéristiques sociales et son outillage mental, s'appropria les Lumières.Pendant que salons et académies instaurent des codes littéraires, proposent des normes de goût et définissent les objectifs du travail savant, que lisent les nobles perdus dans les châteaux de province, les aristocrates frivoles des hôtels parisiens, les négociants avides de connaissances pratiques? Quelles valeurs _ nouvelles et anciennes _ reprend et propage un notable du Midi dans sa correspondance adressée de par la vaste Europe? Quel credo diffusent les médecins, attachés à l'idéal nouveau de l'expérience et de l'expertise, rêvant de l'aménagement utilitariste d'un monde laïcisé? Qu'écrivent, lisent et comprennent les Rousseau du ruisseau, intellectuels demi-soldes et précepteurs qui gavent de savoirs éclairés les enfants de la noblesse mais se repaissent eux-mêmes, blessés dans leur orgueil, à la table de leurs palefreniers?Voilà des Lumières plurielles étrangement partagées entre modernité et archaïsme. Et le lecteur, à la suite de Daniel Roche, de regarder tout ce monde, faire à son échelle l'Histoire, la Révolution comme la Contre-révolution.Daniel Roche est professeur d'histoire moderne à l'Université Paris I.
-
La Société dans le comté de Vendôme : De l'an mil au XIVe siècle
Dominique Barthélemy
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 19 Mai 1993
- 9782213030715
Le Vendômois passe traditionnellement pour avoir été un haut lieu de la civilisation féodale, parce qu'il fournit vers 1040 la première attestation de l'hommage lige (c'est-à-dire prioritaire) et abonde en indications précoces sur la taxation et la justice seigneuriales au XIe siècle. S'agit-il de faits nouveaux résultant d'une brusque et radicale mutation intervenue autour de l'an mil, ou seulement du reflet de l'apparition de sources écrites plus nombreuses et plus précises _ auquel cas il faudrait parler de révélation plutôt que de révolution féodale?Méthodiquement exploitées, ces sources éclairent, entre 1040 et 1150, des phénomènes sociaux aussi importants que le " jugement de Dieu ", la réduction volontaire en servage, la remise de cadeaux tenant lieu de monnaie, la dotation des filles par leurs père ou frère, etc. Si les textes qui se rapportent à la période suivante se font plus secs et moins savoureux, on peut dresser en 1311 et 1354-1355 un tableau de la géographie féodale du comté de Vendôme, et mettre en évidence l'émergence dès le XIVe siècle de quelques parvenus, légistes et bourgeois (ce qui est plutôt inattendu dans la France de l'Ouest). Il va de soi que l'histoire régionale sort renouvelée de cette étude exhaustive qui multiplie les informations inédites sur la vie des villages, le paysage rural, la démographie et la croissance économique, et qui pour la première fois reconstitue de nombreuses généalogies seigneuriales (parmi lesquelles celle de la famille de Ronsard).Il faut insister également sur la contribution majeure versée par le présent ouvrage aux débats et aux recherches en cours sur l'an mil, sur la chevalerie, sur la justice, sur le servage et la seigneurie... et plus largement sur les ressorts culturels d'une société qui conserve pour nous une certaine étrangeté.Elève de Georges Duby (avec lequel il a collaboré à l'Histoire de la vie privée) et de Pierre Toubert (qui a dirigé la thèse d'Etat dont ce livre est issu), professeur d'histoire médiévale à l'université de Paris XII, Dominique Barthélemy est également l'auteur de L'Ordre seigneurial (XIe-XIIe siècle) (1990) et Les Deux Ages de la seigneurie banale (Coucy XIe-XIIIe siècle) (1984).
-
Cette année-là, trois caravelles rencontrent un continent ; s'effondre le dernier royaume islamique d'europe ; les juifs sont expulsés d'espagne ; un borgia est élu pape ; meurent laurent le magnifique, piero della francesca, casimir iv, roi de polo-gne, ali ber, roi du songhaï ; la bretagne devient française, la bourgogne disparaît ; l'angleterre renonce au continent et se tournera vers les colonies ; débarquent en europe le chocolat, le tabac, le maïs, la pomme de terre ; en amérique arrivent la roue, le cheval et la variole ; martin behaïm construit à nurem-berg la première sphère terrestre ; on publie à ferrare le premier plan d'urbanisme ; on émet à gênes la première lire ; le professeur antonio de nebrija fait paraître à salamanque la première grammaire en langue vulgaire ; à genève apparaît la syphillis ; au vatican, on tente peut-être la première transfusion sanguine ; en italie, on imprime pour la première fois le traité d'harmonie musicale de boèce ; à mayence, middleburg prophétise la ré-forme et annonce luther ; en espagne, on représente la première pièce de théâtre sur une scène fermée.
Cette année-là, anvers supplante venise au coeur de l'économie-monde ; l'europe se tourne vers l'atlantique, oubliant l'est et son passé oriental, la méditerranée et sa composante islamique. elle se rêve pure, romaine et non plus jérusalmite. se forge ce qui deviendra tantôt le rationalisme, tantôt le protestantisme ; s'inventent la démocratie et la classe ouvrière. on fait le projet d'un homme nouveau. commence à s'écrire l'histoire telle que les nouveaux maîtres la raconteront pour leur plus grande gloire, vantant leur passion de la raison, l'audace de leurs découvertes, leur goût de la vérité, leurs rêves de monuments et de musique.
J'ai voulu comprendre ici cette catastrophe comme disent certains mathématiciens , cette bifurcation comme disent des physiciens , ce rendez-vous, comme pourrait dire, plus simplement et sans doute mieux, le commun des mortels.
J.a.
-
La cour de France
Jean-françois Solnon
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 26 Août 1987
- 9782213020150
Pour beaucoup de nos contemporains, la Cour n'est qu'un lieu de divertissements et de plaisirs, les courtisans, des gens oisifs et inutiles. L'escadron volant de Catherine de Médicis, le scandale des Poisons, l'affaire du Collier résumeraient son histoire.En réalité, loin d'être un archaïsme, la cour de France est, depuis François Ier, une création de l'Etat moderne. Instrument de pacification nobiliaire, elle a permis à la monarchie de s'affermir. Foyer de culture et de civilisation, elle a été un modèle imité de l'Europe entière. Trois siècles durant, les Valois puis les Bourbons ont ainsi forgé une subtile mécanique, portée à son apogée par Louis XIV, rayonnante mais déjà dénaturée sous ses successeurs.Réfutant les légendes et les clichés, Jean-François Solnon montre dans cet ouvrage _ le premier consacré à la cour de France _ les forces et les faiblesses de l'institution la plus brillante des temps modernes. Tant il est vrai qu' "un monarque sans cour est un grand arbre déraciné que le moindre coup de vent renverse".Jean-François Solnon est maître de conférences à l'université de Franche-Comté.