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Rackham
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Transparents : histoires de l'exil colombien
Javier De isusi
- Rackham
- Morgan
- 17 Mars 2023
- 9782878272536
Camilo, Olga, Luciano, Orlando, Maura, Bernardo, Iris et Ángela, les exilés dont les existences se croisent dans les pages de Transparents, naissent de l'imagination de Javier de Isusi mais leurs histoires sont le fruit des témoignages recueillis par la Commission pour la Vérité en Colombie, une des trois institutions qui composent le Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition mis en place par la Colombie dans le cadre de l'accord de paix de 2016, à l'issue d'un des conflits les plus longs que le monde a pu voir : depuis la fin des années 1940, la guerre civile colombienne a causé 300 000 morts, le déplacement de 6 000 000 personnes et l'exil de 550 000 autres qui ont obtenu asile politique en plus de 30 pays différents.
À l'heure où le pays semble sur le point de tourner enfin la page, Transparents évoque la nécessité de faire lumière sur le passé, de ne pas oublier les victimes et les souffrances des survivants ; souligne le besoin de mémoire, collective et individuelle, pour ne pas répéter les mêmes tragiques erreurs. Des récits mis en images par Javier de Isusi ressort, avant tout, une seule et profonde blessure que les huit protagonistes partagent avec tous ceux - exilés, réfugiés, migrants - que les guerres et la misère jettent sur les routes du monde entier. Un drame humain que l'un d'eux a évoqué par ces mots : « Après le deuil consécutif à la disparition d'un être cher et l'acceptation de notre propre mort, l'exil constitue peut-être la plus grande épreuve morale que puisse traverser un représentant du genre humain.?La perte du foyer et du pays, qu'elle soit imposée par les circonstances, choisie par l'individu ou le résultat de ces deux facteurs combinés, marque une rupture sans commune mesure, qui bouleverse l'existence de manière irréparable et change complètement la vision que l'individu exilé a de lui-même, du monde qui l'entoure et de son époque ». En donnant corps et voix à tous ceux qui ont perdu corps, voix et âme en quittant leurs chers et leurs maisons, Javier de Isusi nous interroge et nous rappelle que nous aussi - tout comme les protagonistes de Transparents - « nous pouvons changer ça » et nous avons notre rôle à jouer pour mettre fin à ces souffrances. -
Polly, Moho et Piter, trois amis qui se sont perdus de vue depuis plusieurs années, se retrouvent pour exaucer le voeu de Héctor, leur ami commun décédé peu de temps auparavant. Dans ses dernières volontés, Héctor les a désignés pour disperser ses cendres dans un lieux mystérieux, indiqué par une croix sur une carte. Les trois protagonistes se préparent à ce qui s'annonce comme un long et ennuyeux voyage en voiture sans se douter qu'il va vite être parsemé d'embûches, courses poursuites, équivoques et coups de théâtre. Entre motels miteux, restoroutes et clubs de strip-tease, les trois amis devront faire face à des lutteurs de catch, à des trafiquants de drogue, à un chanteur paranoïaque et à deux hommes de main barbus dans une suite ininterrompue de rebondissements qui vont mettre leurs nerfs à rude épreuve...
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Figure emblématique de militant libertaire, Lucio Urtubia Jiménez est, avant tout, un homme d'action. Car, comme il aime souvent le répéter "Un révolutionnaire qui ne fait rien finit pour ressembler à un curé". Toute l'existence de Lucio a été une lutte incessante contre l'oppression et pour un monde libre et juste ; au soir de sa vie, il a accepté de la raconter lors de longues entretiens avec Mikel Santos "Belatz" pour en faire une bande dessinée. C'est son héritage, le trésor de Lucio. De son enfance dans un village de Navarre à son émigration en France, de son travail de maçon à ses premiers contacts avec l'anarchisme, des expropriations au dépens des banques en soutien à la lutte contre le fascisme à la fabuleuse arnaque aux chèques de voyage qui a fait chanceler Citybank, la bande dessinée de "Belatz" ne néglige aucun épisode de l'aventureuse trajectoire de l'anarchiste navarrais dans un récit plein de force, de passion et d'action, tout comme la vie de Lucio.
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Miguel Mármol naît en 1905 de mère célibataire, dans la petite ville d'Ilopango au Salvador. Enfant, il tente d'échapper à la misère en faisant le ménage dans une caserne où il se trouve confronté à la brutalité des soldats, puis devient cordonnier - métier qu'il exercera une grande partie de sa vie. Il mène en parallèle une activité syndicale intense qui le conduit à participer à la fondation du Parti Communiste Salvadorien (PCS) en 1930. S'ensuit un voyage en URSS où il affine ses connaissances idéologiques.
De retour au Salvador, il prend part au soulèvement contre le Général Martínez aux côtés du dirigeant du PCS, Farabundo Martí. Emprisonné et fusillé, il survit miraculeusement. Cet épisode est à l'image de ce que sera désormais toute sa vie : une vie passée à revendiquer la liberté et la justice sociale, faite de luttes contre dictateurs et propriétaires terriens entre menaces, réclusions et tortures. Dix autres fois Miguel Mármol s'est retrouvé face à face avec la mort, il en a échappé et a recommencé a se battre.
Les Douze Naissances de Miguel Mármol est le fruit de presque dix années de recherches autour du révolutionnaire salvadorien. Pour rendre compte de son destin mouvementé, Dani Fano s'est plongé dans les écrits d'Eduardo Galeano et les poèmes de Roque Dalton et s'est également rendu sur place. Un travail d'orfèvre qui lui permet de livrer un album sous forme d'hommage, à la fois poétique et passionné, évoquant à travers l'émancipation d'un homme les luttes des paysans indigènes, leurs légendes et croyances ancestrales ainsi que la beauté de leurs terres. Allégorie d'une vie qui fait un écho implacable à ce vers de Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent [...]. »
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Buddy Bradley Tome 2 ; en route pour le New Jersey
Bagge/Peter
- Rackham
- Morgan
- 15 Juin 2007
- 9782878271058
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En route pour Seattle - Buddy Bradley T. 1
Peter Bagge
- Rackham
- Morgan
- 15 Novembre 2005
- 9782878270938
En route pour Seattle conte avec humour les tribulations d'un jeune désoeuvré, Bud Bradley, en compagnie de sa famille et de ses amis. Buddy devient tour à tour libraire manager de rock, disquaire... Les rapports amoureux avec sa compagne Lisa sont des plus tumultueux et son jeune frère raciste lui gâche
la vie. Heureusement, il reste la bière et le rock'n'roll !! Peter Bagge garde un regard humain sur les personnages, aussi médiocres soient-il et ne tombe jamais dans la caricature facile. À bien des égards, le personnage de Buddy Bradley est autobiographique. Il est en tout cas, beaucoup plus complexe que ne le laissent entendre ses goûts et son mode de vie. Génération X, version BD. Lancé de Seattle au même moment que la vague Grunge, Buddy Bradley de Peter Bagge est généralement associée à celle-ci, à l'instar de Gilbert Shelton pour le San Francisco hippy. Les six volumes parus aux USA seront publiés en France en 2 volumes de 350 pages. Incontestablement, un des chefs d'oeuvre de la BD underground, encore à découvrir en France.
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Ville est un jeune auteur de bande dessinée plein d'ambition qui vient d'entamer une carrière prometteuse, avec déjà quelques livres à son actif et une discrète notoriété dans son pays. Il ne rêve que d'une chose : voir son travail publié en France, le pays de la bande dessinée, celui des auteurs qu'il admire et où bonheur et succès sont à la portée de tout artiste talentueux. Un jour, le rêve de Ville semble enfin sur le point de se réaliser : l'un des auteurs les plus populaires de France lui propose de collaborer à un album qui sera publié chez un grand éditeur français. Bonheur et succès semblent être à portée de main et Ville se précipite à Paris pour les saisir. Mais une fois sur place, les choses ne se passent pas exactement comme il l'avait imaginé et Ville se rend bientôt compte que tout ce qui brille n'est pas or...
Ironie, humour et une bonne dose d'auto-dérision émaillent les pages de ce récit aux fortes teintes autobiographiques où Ville Ranta met en scène, avec une remarquable franchise, les péripéties d'un artiste à la poursuite presque obsessionnelle de succès et fortune . En filigrane, l'auteur finlandais ne manque pas d'évoquer les relations difficiles, et parfois carrément impossibles, entre création et marché tout en brossant un portrait au vitriol du monde de l'édition et de la bande dessinée française. -
Daria a quitté sa Pologne natale pour suivre des cours de bande dessinée dans une école suédoise. Une fois arrivée à Malmö, comme elle n'a pas réussi à décrocher une bourse, elle se met à la recherche d'un travail pour pouvoir payer ses études. Elle se frotte d'emblée aux inconséquences de l'administration : pour pouvoir travailler, elle doit avoir un numéro fiscal et, pour avoir un numéro fiscal, elle doit avoir un travail. Il ne lui reste qu'une solution : un job au noir dans la restauration. Embauchée comme serveuse dans un restaurant indien, elle découvre vite que, en plus des horaires massacrants et d'une paye de misère, il y a quelque chose d'autre qui ne tourne pas rond. Aidée par une journaliste et un délégué syndical, Daria mène l'enquête sur son lieu de travail. Sa vie va en être totalement bouleversée... Dans le Noir est le récit autobiographique d'une lutte syndicale menée par ceux qui vivent en marge de la société. Daria Bogdanska y dresse le portrait d'une génération qui ne connaît pas la sécurité de l'emploi tout en livrant un témoignage de l'intérieur sur la réalité du quotidien éclaté de la précarité. En même temps, Dans le Noir est l'histoire d'un nouveau départ laborieux, loin de chez soi, où l'aliénation de la vie dans une grande ville fait contrepoint à l'appétit d'amour, le désir d'intégration et la quête justice.
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Depuis une dizaine d'années, la question libyenne divise profondément l'opinion publique internationale, entre les adversaires et les partisans de l'intervention armée de 2011 qui a conduit à la chute de Kadhafi. À l'échelle européenne, les dissensions se cristallisent autour des migrants. D'un côté, certains croient que le flux ininterrompu de migrants vers les côtes méridionales du continent doit absolument être endigué et que les centres de détention - licites ou non - sont une solution. De l'autre, certains pensent que les migrants emprisonnés en Libye doivent fuir les camps et se mettre à l'abri des trafiquants et autres exploiteurs.
Mais il faut se méfier de tout manichéisme : la réalité est plus complexe et il appartient à tout un chacun de s'en informer. Libye fait le portrait d'un pays bien différent de celui des médias et des réseaux sociaux. Il montre la Libye des Libyens, celle des files d'attente devant les banques en quête d'un argent dévalué. La Libye de ceux qui ont combattu le régime de Kadhafi et qui maintenant regrettent une époque où, au moins, ils se sentaient en sécurité et ne manquaient pas d'argent, d'électricité ou d'essence. La Libye des personnes âgées ayant traversé des années de dictature et qui aujourd'hui continuent à surveiller leurs arrières. La Libye des mères attendant à leur fenêtre leurs enfants qui ne reviendront pas. Ou encore la Libye des gens ordinaires en proie à une terreur quotidienne, soumises au chantages des milices, faisant face à des abus et des enlèvements.
Les paroles de Francesca Mannocchi et les dessins de Gianluca Costantini ne cessent d'interroger notre propre sens moral. Aussi terrible soit-elle, l'histoire qu'ils racontent laisse malgré tout filtrer quelques notes d'espoir.
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Les voyages de Juan sans terre Tome 2 ; lîle de plus jamais
Javier De Isusi
- Rackham
- Morgan
- 16 Novembre 2007
- 9782878271096
Vasco, toujours à la recherche de son ami Jean Sans Terre, se rend du Chiapas zapatiste au Nicaragua, où l'attendent des nouvelles et surprenantes rencontres. Dans l'oeuvre de Javier De Isusi, le choix du lieu n'est jamais laissé au hasard. Tout comme le Chiapas l'est de nos jours, le Nicaragua a été un lieu de conflits et révolutions, avant d'être effacé de la mémoire collective par l'indifférence des médias. Poursuivant dans la quête de l'insaisissable Jean, Javier De Isusi nous plonge d'emblée dans la réalité de ce pays oublié en relatant avec beaucoup d'émotion le quotidien des gens, leurs rêves et leurs souffrances. Les personnages, dotés tous d'une forte valeur symbolique, auxquels Javier donne vie au fil du récit, racontent chacun sa propre histoire qui est aussi celle d'un peuple, d'un pays, d'un continent. Les références littéraires, historiques et cinématographiques s'accumulent dans l'oeuvre de De Isusi en l'enrichissant sans jamais l'alourdir, pour donner vie à un beau récit d'aventures qui est aussi un étonnant guide de voyage.
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Les voyages de Juan sans terre Tome 1 ; la pipe de Marcos
Javier De Isusi
- Rackham
- Morgan
- 1 Octobre 2005
- 9782878270891
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Sherman, Ed, Dorothy et leurs amis ont terminé depuis quelque temps leurs études, mais ont encore du mal à se fondre dans l'impitoyable monde du travail, de la " vraie vie ". Leurs parcours amoureux et professionnel s'entrecroisent et les premières difficultés apparaissent ; chagrins d'amour, alcoolisme, mesquineries, abus de confiance, escroqueries... Sans oublier les énormes problèmes à résoudre pour perdre son pucelage quand on est un jeune homme timide et fan de Star Wars, par dessus le marché ! La rencontre avec un vieux loser au caractère de cochon, dessinateur de comics tombé dans la déchéance, leur donnera l'occasion de faire ressortir leur sens de l'honneur et de la justice et révélera leurs véritables caractères. Tout le monde n'en sortira pas grandi et aucun d'entre eux ne sera plus le même.
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Les voyages de Juan sans terre Tome 3 ; Rio loco
Javier De Isusi
- Rackham
- Morgan
- 21 Janvier 2011
- 9782878271355
Commencées dans les montagnes du Mexique zapatiste (La pipe de Marcos), puis sur les îles du grand lac du Nicaragua (L'Île de Jamais Jamais), les Voyages de Juan Sans Terre se poursuivent dans la forêt amazonienne, entre l'Equateur et le Pérou. L'auteur aborde ici des thèmes politiques, sociaux, culturels et économiques liés à la réalité de l'Amérique latine. Il y est question des dernières tribus indiennes encore épargnées par la « civilisation », point de départ pour mener une réflexion sur le thème de l'identité.
Rio Loco confirme le talent de Javier de Isusi : par ses qualités de scénariste qui allient fiction et témoignage, et par son trait libre et élégant en parfait équilibre entre réalisme et caricature. Un bon exemple du renouvellement du genre « récit d'aventures » à l'époque de la globalisation et du libéralisme forcené.
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Nous sommes dans un futur proche, dans un monde qu'on ne finit pas de saigner à blanc et où le Pouvoir a déployé un brouillard épais qui en occulte la vérité. Un écran fait de millions d'écrans d'où, dans un immense et continu bavardage, se répandent des flots d'images et de mots mis en circulation dans le seul but de travestir la réalité. C'est un monde peuplé de silencieux et d'immobiles ; de temps à autre, certains explosent dans un acte fou, une violence primitive, expression d'une souffrance morale qui rend la vie invivable. Tout semble suspendu dans une sorte de danse cosmique, sans fin, dans cette loi de la conservation de la violence dont parlait Pierre Bourdieu. Soudain, l'empire du mensonge est bousculé par une fureur irrésistible : c'est l'émeute qui sème le chaos et qui fait éclater la vérité. Grand Hôtel Abîme met en scène une dystopie effrayante tout autant que familière, tant elle s'abreuve de « faits » que nous venons peut-être de lire dans les journaux ou de voir à la télévision, aboutissant à une satire politique et sociale qui ne cesse de mettre l'accent sur des questions bien contemporaines. L'expérimentation formelle de Marcos Prior, le découpage dynamique et l'extraordinaire palette de David Rubín sont les moteurs de ce récit « d'anticipation » où les deux auteurs appellent à mettre le feu au lourd rideau du mensonge.
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Abîmée par une longue relation sentimentale, une jeune femme décide de renouer avec sa sexualité et de faire de nouvelles rencontres. Son sésame : une application qui lui permet de contacter des inconnus directement depuis son smartphone pour partager, le temps d'une nuit, des instants de plaisir. Ses débuts sont hésitants, oscillant entre amusement, déception, voire ennui que ces rencontres lui procurent. Tandis qu'elle doit faire face au jugement de son père et à l'obstination de ses amis qui l'encouragent à se trouver un petit ami, la jeune femme cache sa fragilité derrière des comportements décomplexés et destructeurs.
Peu à peu, contre toute attente, elle parvient à recouvrer l'estime d'ellemême et à s'ouvrir à des relations plus profondes et sincères, constatant que la quête d'une simple entente sexuelle peut conduire à une lente exploration et appréhension de soi et de l'autre. Au carrefour de la fiction, de l'autobiographie et de la critique sociale, Je ne te connais pas de Cristina Portolano ébranle tout stéréotype ou moralisme facile sur le sujet en l'explorant avec légèreté, mais loin de toute superficialité. Adoptant un point de vue féminin, elle revendique la sexualité en en faisant un élément incontournable de la construction de soi et retrace avec une grande précision les plaisirs et les difficultés menant à la connaissance de l'autre.
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Les voyages de Juan sans terre Tome 4 ; dans la terre des sans terre
Javier De isusi
- Rackham
- Morgan
- 21 Juin 2012
- 9782878271430
Vasco est toujours à la recherche de son ami Juan, disparu en Amérique Latine des années auparavant. Du Mexique zapatiste (La pipe de Marcos) à la forêt amazonienne (Rio Loco), en passant par le Nicaragua (L'île de jamais jamais), la quête de notre héros post-moderne le mène enfin au Brésil. C'est ici, au milieu des luttes des paysans sans terre, que Vasco retrouve enfin Juan et reçoit une réponse aux questions posées dans les épisodes précédents de Les voyages de Juan Sans Terre.
Dénouement attendu d'une saga de plus de 600 pages, Dans la terre des sans terre n'est pas seulement la conclusion d'un récit d'aventures qui nous a fait traverser tout un continent, ses conflits, ses problèmes économiques et culturels face au libéralisme et à la globalisation : De Isusi y synthétise les différentes facettes de son histoire et donne sa définition du mot "voyager" dans laquelle tout routard s'y reconnaîtra sans difficulté.
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En 1904, près de dix ans avant qu'à prague, franz kafka rédige la métamorphose, de l'autre côté de l'océan, un dessinateur nommé winsor mccay créait une bande dessinée intitulée les cauchemars de l'amateur de fondue au chester, publiée dans the evening telegram à new york.
Chaque épisode tenait dans une page et présentait un personnage coincé dans un monde devenant, case après cases, toujours plus surréaliste : les jambes d'un gentleman grossissaient au point de démolir un manoir, un sac à main en crocodile se transformait en monstre qui dévorait sa propriétaire. a la fin, le personnage revenait à la réalité et se promettait de ne plus jamais manger de fondue au fromage avant de se coucher.
Certes, franz kafka n'a jamais permis à ses personnages de regagner la réalité après leurs rêves terrifiants. cependant, les deux artistes avaient beaucoup de choses en commun. ils étaient pareillement doués pour décrire l'inquiétant carrefour entre le rêve et la réalité. kafka n'a peut-être jamais été un amateur de bande dessinée, pourtant ses personnages tourmentés par l'angoisse sont parfaitement taillés pour ce médium.
Cette adaptation de la métamorphose ne pourrait exister sans la magnifique prose de kafka, mais doit beaucoup aussi à mc cay et ses voyages novateurs dans l'absurde monde des rêves. j'ai trouvé auprès de ces deux pionniers une formidable inspiration pour dessiner : j'ai été fasciné par leur habileté à s'attaquer à notre condition humaine, avec des distorsions inattendues, un talent artistique incontestable et un humour pince-sans-rire.
Près d'un siècle plus tard, les oeuvres de kafka et de mc cay semblent avoir été créées aujourd'hui pour refléter nos zeigeist habituelles. les récits de procès cauchemardesques et de bureaucratie monolithique de kafka n'ont rien à envier aux unes de nos quotidiens. en souhaitant très fort qu'en cessant de manger de la fondue, on aura le remède. peter kuper.
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Nous sommes en 2029. Le monde est en proie à la déperdition. Chacun lutte pour sa survie dans une société de consommation à l'agonie. La fin de la civilisation occidentale est proche. Un ordre unique semble régner au milieu du chaos : celui d'une haine féroce que la jeunesse voue envers les plus vieux, considérés comme d'inutiles fardeaux et tenus pour responsables du désastre collectif. Colt, septuagénaire sur le déclin, traîne sa carcasse de combines en combines.
Rongé par l'amertume, il remâche les débris d'une ancienne vie durant laquelle il était guitariste d'un groupe de rock populaire, Les 4 enfoirés Son seul souhait serait de le reformer pour une ultime représentation, et noyer son chagrin dans la transe musicale. Mais quand sa maison part en fumée, Colt est contraint de rejoindre un hospice, Villa Doris, où intrigues et machinations ne tardent pas à se faire jour, malmenant son besoin de sérénité.
C'est alors que dans son obstination à remettre son groupe sur pied, il exhume sans le vouloir le terrible mystère de Villa Doris. Traversée par une ironie mordante, surmontée çà et là de quelques touches de polar et de fantastique, la dystopie de Simone Angelini et Marco Taddei dresse le portrait désenchanté de la jeunesse actuelle, laminée par le consumérisme et la précarité. Multipliant les situations absurdes et les personnages extravagants, elle pourrait bien être l'évocation féroce du futur qui nous attend.
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The Fixer - Ancienne Edition : Une histoire de Sarajevo
Joe Sacco
- Rackham
- Morgan
- 1 Mars 2005
- 9782878270853
Guide, éclaireur, interprète...
Des professions liées à la guerre qui existent au moins depuis que les guerres existent. Avec la forte médiatisation des conflits, commencée à la fin du siècle passé, ces métiers ont pris de plus en plus de poids, si bien que les journalistes anglo-saxons ont crée un nouveau terme pour le définir : fixer. Ce mot vient du verbe to fix, (littéralement " arranger ") qui a du mal à trouver un équivalent dans la langue française mais qui exprime bien le rôle multiforme joué par ces hommes.
Le fixer est le compagnon, l'intermédiaire et la source d'informations du journaliste free-lance comme du reporter embedded " embarqué " avec les troupes) qui ne se contente pas des sources " officielles ". Un bon fixer à de solides connaissances du terrain, un excellent carnet d'adresses, des contacts partout. Il se tient informé et lit la presse ; il est malin, combinard et sait prendre des risques.
Il sait exactement jusqu'où il peut aller et quand il vaut mieux " décrocher " pour éviter les problèmes. Des fois, il peut être aussi un peu vantard ou tout simplement assez vénal. De là, la nécessité pour tout journaliste de s'assurer les services d'un " bon " fixer. Neven, le fixer de Joe Sacco à Sarajevo est un peu tout cela : héroïque, généreux, fanfaron et cupide. Miroir de tut ce que la guerre peut faire aux hommes, pour le meilleur et pour le pire.
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Dans un appartement cossu du centre ville, une jeune fille fume cigarette sur cigarette et essaye de chasser la tristesse qui l'envahit. Quelqu'un sonne à la porte. Masque et collants pas de doutes, c'est le fameux vengeur masqué dont toute la ville parle ! Des souvenirs qu'elle croyait enfouis à jamais refont alors surface : la tristesse disparaît, la vie - la vraie, celle faite d'émotions et de sentiments - commence à nouveau..
Particulièrement attiré par le "genre" super héros, qu'il considère comme le seul qui a été crée par et pour la bande dessinée, Rubín s'amuse à le démonter et en étudier le mode de fonctionnement. S'il a parfaitement intégré la leçon de Frank Miller, l'auteur remonte pourtant ce mécanisme en y ajoutant une touche poétique tout à fait personnelle.
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Diluvie est un pays fantastique, « le lieu où s'écrivent tous les « il était une fois. „, Tous les „ il y a très très longtemps » », un territoire presque impalpable, comme la ligne de l'horizon, où se rencontrent l'univers sensible et l'invisible.Tels des Argonautes des temps modernes, les protagonistes de L'illusion d'Overlain traversent la mer pour atteindre cette nouvelle Colchide et atteindre enfin leur Toison d'or, la source de la connaissance, qui pourra leur donner le pouvoir sur les choses et sur eux-mêmes ; une errance qui les mène en Afrique, le continent où tout a commencé. Le genre humain, ses mythes, son art.
Ce périple - comme il se doit - est un voyage initiatique, ponctué de rencontres inattendues et d'énigmes en forme de fables ancestrales. Chacune de ces épreuves est en réalité une clé qui permet d'ouvrir une porte pour se rapprocher de plus en plus au but, Diluvie.
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Brian est le fils mutant d'une femme qui a loué son corps à la science. Il est né sans boîte cranienne et son cerveau est complétement à découvert ; cette particularité lui confère d'inquiétants pouvoirs télépathiques. Le monde dans lequel Brian évolue ressemble beaucoup à notre quotidien ou à ce qu'il pourrait bientôt devenir. Brian incarne toutes les diversités : son quotidien est fait de discriminations et de difficultés d'intégration. Son existence est une lutte quotidienne et silencieuse pour sa survie. Bref, le pire du pire de notre existence actuelle. L'univers de Brian est sans doute un des plus violents qu'un dessinateur de bande dessinée a pu coucher sur le papier. Seulement "peut-être" certaines pages de Spiegelman peuvent autant choquer. Le regard de Martin sur son personnage est plein d'amour et de poésie et contraste violemment avec le
traitement totalement opposé de l'environnement qui l'entoure. La lecture de "Brian the Brain" est un passage nécessaire pour mieux comprendre notre quotidien. Mais attention : on n'en sort difficilement indemnes !